La Préhistoire n'a connu que très peu d'adaptations vidéoludiques au fil des générations. Rares sont les studios ayant osé s'attarder sur les origines de l'Homme. Pourtant, Warcave dont c'est le premier titre et Crazy Monkey Studios à qui nous devons Guns, Gore & Cannoli et 2 cèdent à l'appel des âges farouches non sans relever son jeu de stratégie en temps réel avec une pincée de fantastique. Mais ce voyage temporel vaut-il le détour ? Warparty a-t-il les moyens de faire trembler les acteurs historiques du STR ?
Le règne des Nécromas débute dans la campagne solo
Préhist’War
Warparty débute 165 millions d’années avant notre ère et dépeint un crétacé fantastique fait de dinosaures, d’êtres humains et de magie. Bien avant l’Homo Sapiens et sa mainmise sur le vivant, une autre civilisation humaine connue sous le nom de Go’n dominait le Jurassique avec l’aide d’une puissance surnaturelle lui octroyant le contrôle de la faune et des éléments. La guerre, inévitable fléau des Hommes, réduit en poussière ce peuple. Un temps indéfini plus tard, plusieurs tribus découvrent trois artefacts des Go’n qui les mèneront à déterrer à nouveau la hache de guerre.
Force de ce jeu de stratégie, le contexte préhistorique sur fond de fantastique intrigue et dénote face à une concurrence puisant dans les mêmes périodes de l’Histoire et les mêmes thèmes. Et les cinématiques réalisées en 2D retracent avec efficacité ce conflit sans prendre le pas sur le gameplay. Cependant, la mise en scène manque cruellement d’ambition pour porter un récit au demeurant plaisant. Et les dialogues par boxes 2D témoignent d’une narration minimaliste. Et si le solo a le bon goût de proposer une campagne pour chaque faction, la courbe de difficulté oscille sans crier gare entre facilité déconcertante et difficulté retorse. Des chapitres déséquilibrés s’enchaînent alors et mettent à mal le concept même de monter en puissance du joueur.
Warparty ne restera pas gravé dans les mémoires pour ses visuels. La direction artistique colorée, certes sympathique et pensée pour garantir la lisibilité des affrontements, peine à se démarquer. Et la technique renforce constamment cette impression. Les graphismes, loins d’être à la hauteur des standards actuels, ne rendent pas justice à un univers insolite qui méritait bien plus de considération et de moyens pour prendre vie à l’écran. Néanmoins, la clarté des menus est à mettre au crédit des designers qui se sont efforcés de simplifier les commandes tout en garantissant une certaine profondeur de gameplay. Il en résulte une interface limpide et accessible, même aux stratèges fraîchement recrutés.
Une autre guerre du feu
Warcave et Crazy Monkey Studios n’ont pas pour prétention de réinventer le jeu de stratégie en temps réel avec leur conflit préhistorique. Warparty récite les gammes du parfait STR et innove avec parcimonie. Collecte de ressources, construction de bases, recrutement d’unités, montée en puissance des installations… ce STR ne prend aucun risque ou presque. La présence de 3 factions aux gameplays opposées renforce cette impression tenace de déjà-vu. Le classicisme des Wildlanders (Humains), le Hit & Run des Nécromas (nécromanciens) et l’exploitation de la Nature par les Vithara constituent tout de même l’une des forces du jeu. Chaque tribu engagée dans le conflit se joue différemment et diverge de ses ennemis sur de nombreux points… que ce soit dans la macro ou la micro-gestion.
Ce jeu de stratégie souffre de certains défauts inhérents au genre, à commencer par des débuts de partie extrêmement lents nécessitant de bâtir sa base avant de se lancer à l’assaut de celle de l’ennemi. Malgré tout, la présence de “puits” de magie synonymes de pouvoirs surnaturels à même de renverser une bataille mal engagée pimentent les affrontements et démontrent toute la puissance des trois factions. De plus, la faune présente sur les cartes prend véritablement part à cette guerre. De simple ressource pour soigner ses troupes à unités à apprivoiser... les mammouths, tricératops et autres tyrannosaures deviennent alors des alliés de choix.
Malheureusement, l’intelligence artificielle supposée répondre présente peine à donner le change. Les errements de vos unités et les mouvements de troupes de l’IA adverse empêchent de profiter pleinement des mécaniques de jeu mises en place et dans un jeu de stratégie, cela s’avère préjudiciable. Voir vos unités déambuler bêtement sur le terrain et buter dans leurs alliés ruine bien souvent l'expérience de jeu. Les modes de jeu solo (Campagne, Survie, Escarmouche IA) et le multi en ligne de 2 à 6 joueurs confirment de leur côté les bonnes intentions des studios sans pour autant corriger le tir.
Résister aux assauts dans le mode survie
Points forts
- L’univers préhistorique fantastique
- Les cinématiques réalisées en 2D
- Les 3 factions aux gameplays variés
- Les différents mode de jeu solo (Campagne, Survie, Escarmouche)
- Le multi en ligne (de 2 à 6 joueurs)
- L’interface claire et accessible
Points faibles
- Une mise en scène et une narration trop peu ambitieuses
- Une I.A perfectible
- Un STR au gameplay générique
- Une courbe de la difficulté en dents de scie
- Des visuels et une technique loin des standards actuels
Warparty ose s’aventurer des millions d’années dans le passé et ce voyage temporel a laissé des marques. Malgré de bonnes intentions et une maîtrise des codes du jeu de stratégie en temps réel, le titre de Warcave et Crazy Monkey Studios peine à donner le change. Si l’univers mêlant préhistoire et fantastique nous laisse un excellent souvenir, l’absence de prise de risque, l’IA perfectible et la réalisation trop peu ambitieuse empêche ce STR de s’inviter dans la cour des grands stratèges.