Des types à l'air louche qui se baladent le smartphone à la main, pas besoin de jouer à Watch Dogs pour en croiser : un bref tour dans les rues de votre ville suffit. Il y a deux ans, avec le premier épisode de sa toute nouvelle licence, Ubisoft offrait toutefois une vision bien plus romancée - mais tout aussi anxiogène - du fameux type évoqué il y a quelques secondes : désireux de préserver ses proches après un malheur qui n'avait d'accident que le nom, Aiden Pearce nous embarquait dans une aventure ultra-connectée où chaque élément électronique pouvait se plier à sa volonté et celle de son smartphone tout-puissant. Si Watch Dogs 2 conserve des mécaniques de jeu similaires, le ton proposé est, lui, résolument différent.
Cette session de jeu nous permettait d'essayer deux phases différentes : le début du jeu, tout d'abord, afin de découvrir le contexte dans lequel notre héros s'embarque dans l'aventure, puis une prise en main légèrement plus tardive dans laquelle une bonne partie des outils de Marcus étaient débloqués. Au total, nous avons pu jouer pendant près de 4 heures au soft, une durée suffisante pour se faire un premier avis sur ses réelles qualités.
Marcus : hacker vaillant, rien d'impossible ?
Marcus, c'est le nom du héros de ce deuxième épisode, un hacker visiblement aussi doué au corps-à-corps qu'avec un PC sur les genoux. Celui-ci nous est présenté dans une introduction sobre, efficace, bien mise en scène et qui nous permet de rapidement cerner les enjeux de ce Watch Dogs deuxième du nom. Il n'est ici pas question de vendetta personnelle d'un homme isolé, mais bien de soif d'idéal d'un collectif de laissés pour compte bourrés de talents dès qu'il s'agit de parler hack. S'ils ont tous en commun l'envie de faire tomber le ctOS - outil numérique de surveillance de la population -, leurs styles divergent, mêlant un bricoleur à l'esprit Punk, Wrench, une artiste, Sitara, un génie peu enclin au bavardage, Joshua, mais également T-Bone, apparu dans le DLC du premier opus. Marcus fait ici le lien entre tous ces personnages par son côté touche-à-tout.
Les secrets de création d'un monde de hackers
Anonymous et coutumes
Les premières missions témoignent d'une entrée en matière légère, avec des missions tenant plus de la blague potache que de l'activisme passionné. Le ton évolue pourtant rapidement, ce que notre bond dans une partie légèrement plus avancée nous permet de constater : le groupe passe notamment d'attaques sur des célébrités à l'intervention politique, se trouvant dans des situations plus dangereuses mais aussi plus gratifiantes pour leur cause. Seul point commun entre tous ces éléments ? La communication de DedSec, assurée - vidéos et images à l'appui - via les réseaux sociaux afin de dévoiler les dessous d'un monde étrangement proche du nôtre. Légère mais agréable à suivre et bourrée de références à des affaires bien réelles (avec Martin Shkreli et la Scientologie en guest-stars), la trame nous a pour le moment convaincu et pourrait figurer, sauf accident, parmi les futurs points forts du jeu.
Quelques défauts qui ne gâchent pas le tableau d'ensemble
Commençons tout de suite ce tour d'horizon de la prise en main par les points plus délicats : la conduite, tout d'abord, n'a pas réellement changé depuis le premier épisode. On notera juste un réalisme un chouïa plus élevé sur les changements de direction, malheureusement vite effacé par des collisions ratées. Mention spéciale aux mobylettes et motos chevillées au corps de notre héros malgré les nombreuses chutes qui auraient dû désarçonner plus d'une fois ce dernier. Dans la même veine, les combats au corps-à-corps s'avèrent bien trop faciles et permettent de se sortir d'une situation fâcheuse en un éclair dans des zones plus étroites : il est heureusement possible de contourner en partie le problème via une hausse de la difficulté, disponible via les paramètres.
Drone, jumper, hacks, le point en vidéo sur les nouveautés de Watch Dogs 2
Drone & Jumper
Pour le reste, les défauts se dévoilent à la marge mais ne parviennent que rarement à éclipser des mécaniques de jeux soignées et plus variées que dans le premier opus. D'approche mêlant quelques trouvailles de Ghost Recon et Splinter Cell, le jeu a su passer à un style plus hybride, ajoutant plus de parkour à la Assassin's Creed tout en mettant davantage en avant ses propres outils technologiques. Le Jumper et le drone offrent une latitude supplémentaire et permettent même régulièrement de boucler la mission sans se salir les mains : ils ne s'avèrent pour autant pas abusifs grâce à leur portée limitée, qui nécessite de garder Marcus à proximité sous peine d'échec. Si le Jumper est le seul à pouvoir agir physiquement sur les objets, il reste bridé par son incapacité à contourner les problèmes par les airs, et inversement pour le drone, utile pour le repérage mais inefficace pour l'action pure.
Un potentiel de "gameplay émergent" ?
Ce qui ressort finalement de ces quelques heures passées sur le jeu, c'est la sensation que les outils de diversion sont plus faciles à utiliser que dans le premier opus, grâce à un éventail plus appuyé de hacks. La diversité des décors et situations proposées - entrepôts, sommet de buildings, studio de cinéma... - et du level design combinés à une palette d'outils étoffé nous pousserait presque à penser que ce deuxième épisode pourrait se ranger du côté des softs au gameplay émergent. Nous n'en sommes pas encore là, la session de jeu étant encore un poil trop courte pour en juger, mais le potentiel est bien présent et si les interactions s'avèrent plus variées sur le long terme, Watch Dogs 2 devrait au moins nous procurer une aventure plaisante, rythmée et bien narrée. Ça tombe bien, c'est tout ce qu'on lui demande.
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Avec ce changement de ton radical depuis le premier épisode, on pouvait craindre que Watch Dogs 2 ne s'égare dans un trip hipstero-street-technophile improbable et indigeste. La vérité est tout autre : ce deuxième opus singe le monde du numérique et des médias, pas très subtilement certes, mais avec une écriture et un humour bien sentis auxquels ne nous avait pas habitué Ubisoft. Volontairement satirique, l'épisode nous embarque finalement avec plaisir dans les aventures des jeunes pousses de DedSec, s'armant au passage de quelques outils - drone, Jumper - permettant de diversifier nos approches sans rendre les autres façons de jouer caduques. Seul véritable regret, une conduite encore peu convaincante et un trop-plein de puissance au corps-à-corps du personnage principal, qui peut finalement résoudre une situation mal embarquée avec quelques bourre-pifs bien placés : un petit tour par les menus et le réglage de la difficulté résout toutefois en grande partie le souci. Déjà prometteur, Watch Dogs 2 devra confirmer ses bonnes dispositions sur la durée : réponse attendue au plus tard pour le 15 novembre de cette année.