Faire cohabiter des contrôles aussi disparates que le combo clavier/souris et les surfaces tactiles n'est pas chose aisée et peu de genres peuvent se vanter d'accueillir des titres de qualité sachant s'exporter sans perdre de leur superbe. Au-delà des RPG, sources inépuisables de titres sur PC, smartphones et tablettes, les jeux de stratégie tirent leur épingle du jeu que ce soit au tour par tour et plus rarement en temps réel. Le studio Vile Monarch, installé à Varsovie en Pologne, présente son second titre : Crush Your Enemies.
Bande-annonce de Crush Your Enemies
Un retour stratégique aux origines du RTS
Crush Your Enemies est une expérience tactique revenant aux bases du jeu de stratégie d'antan. En simplifiant une formule compléxifiée au fil des années, Vile Monarch entend puiser aux sources du genre et insuffler ce vent nostalgique si cher aux joueurs par une approche simple et efficace du gameplay au cours de sessions de jeu courtes mais intenses.
Comptant de 40 à 50 niveaux, chacun d'entre-eux se contente de la taille d'un écran pour s'épanouir, ni plus ni moins, et est subdivisé en tuiles qu'il s'agira de contrôler. L'objectif principal des missions est on ne peut plus simple et son essence tient dans les 3 mots composant le titre du jeu : écraser votre ennemi. Des objectifs secondaires viennent par la suite corser la difficulté en vous forçant à protéger vos unités pour en conserver un certain nombre en fin de niveau, finir le niveau en moins de X secondes... Compléter ces objectifs vous donnera accès aux niveaux suivants, une progression linéaire, sans surprise mais efficace.
Envoyer des unités contrôler une tuile, puis une autre... éradiquer les forces ennemies sur la carte... à première vue Crush Your Enemies est simpliste mais ce serait passer à côté de ces qualités. Ainsi, le nombre est une donnée primordiale. Sur la même tuile, vos unités et celles de l'I.A se mettront joyeusement sur le nez jusqu'à l'extermination de l'un des 2 camps. Et ce nombre d'unités engagées par tuile entre en jeu dans la majorité des mécaniques de Crush Your Enemies. Recruter, attaquer, contrôler... la vitesse d'exécution de votre armée dépend du nombre avant tout.
Mais la complexité de ce RTS s'exprime pleinement une fois les différentes unités et autres bâtiments mis en place sur le champ de bataille. Vos forces armées comptent au départ des paysans dans leurs rangs avant de voir débarquer les guerriers, les archers... Chaque type d'unité possède ses forces et ses faiblesses. Les paysans bien que faibles permettent de recruter de nouveaux soldats à la différences des guerriers, robustes mais incapable de participer à l'enrôlement... Et c'est dans ce contexte que les spécificités des bâtiments prennent tout leur sens. Certains d'entre-eux assurent le recrutement, d'autres se voient doter d'une baliste et transforme vos péons en archer ou encore en guerrier (adieu la baliste dans ce cas)... Et ces bâtiments disposés sur la cartes tomberont sous le joug de l'ennemi si vous les laissez à l'abandon, augmentant de fait sa capacité à produire des unités et à les convertir. D'apparence simple, le RTS de Vile Monarch s'avère tactique et s'emploie à triturer vos méninges.
Guerroyer avec humour
Au diable les elfes, les nains et autres créatures enchantées, crush Your Enemies vous place à la tête des puissants barbares, peuple à la pilosité virile vivant pour la castagne et l'ivresse d'une bonne bière. Barbe taillée et poitrail hirsute, le barbare brandit fièrement son gourdin mû par la volonté d'envahir le monde de la fantaisie occupé par des couards. Avec ses relents de houblon et ses tapes dans le dos, Crush Your Enemies assène son humour grinçant, un parti pris donnant un ton particulier à ce jeu de stratégie qui n'est pas pour nous déplaire. Exit les héros dans leurs armures rutilantes, le barbare est brute de décoffrage et prompt à la gaudriole. Et les textes concoctés par les designer du studio Vile Monarch s'en donnent à coeur joie. Quant à la bande originale, elle est composée par Marcin Przybylowicz, compositeur sur The Witcher 3 : Wild Hunt et Hard West, un gage de qualité.
Du point de vue de la réalisation, les graphismes sont vraiment sommaires mais la sève du jeu est à puiser dans son gameplay et non ses visuels. Du pixel gros comme le poing d'un barbare, du orange criard, du vert et du bleu pétants... la direction artistique danse sur une palette de couleurs étalée à la hache. Mais encore une fois le plaisir, à défaut de la vérité, est ailleurs.
Crush Your Enemies sortira durant le printemps 2016 sur PC, Mac, Linux, iOS et Android.
Crush Your Enemies est un jeu "Indépendant" et en tant que tel sa volonté de revenir aux origines du jeu de stratégie nous interpelle. Car au-delà de cette "simplicité" reconnue par les développeurs eux-mêmes se cache une complexité dans le détail, une finesse du level design et un fun instantané au cours de parties intenses où l'I.A mettra votre intelect à dure épreuve. Bien que les graphismes tout en pixel art soient en-deçà des standards actuels, difficile d'oublier ces quelques minutes passées dans la peau d'un barbare vêtu de peaux de bête vociférant une bière à la main "Crush Your Enemies".