Je vous disais dans une de mes previews précédentes ne pas aimer jouer à des jeux d'horreur ou d'épouvante tant j'étais froussarde. Je vous avais également dit être assez courageuse (ou téméraire, au choix...) pour quand même m'y risquer, à chaque fois, puis regretter, à chaque fois. Cette fois-ci, autant rendre l'expérience utile. Et, vous ne le savez peut-être pas, mais le dernier volet de la série Five Nights at Freddy's est sorti récemment. The Final Chapter qu'ils disent... Je vous laisse deviner la suite.
Parents indignes
Pour ceux qui ne le savent pas encore, Five Nights at Freddy's 4 est la suite du numéro 3. Elle-même suite du numéro 2. Qui suivait le numéro 1. Qui était le premier. Une fois ces informations fortement utiles et pas évidentes à deviner mises à plat, on peut planter le décor. Dans les derniers opus, le joueur plongeait dans la peau d'un gardien de nuit pas très chanceux puisque là où ses potes gardiens de nuit se la coulaient douce, lui devait s'occuper de rester en vie face aux hordes sournoises de peluches et autres bestioles à poils synthétiques qui avançaient dans l'ombre. Dans cet opus, la nouveauté, puisqu'il y en a une, réside principalement dans le cadre où se situe l'action : nous ne sommes plus dans la peau d'un honnête travailleur, non, nous sommes un petit garçonnet, resté sans ses parents, la nuit, chez lui, avec ses gentilles peluches toutes mignonnes.
Mais non, il n'y a rien sous ton lit...
La nouveauté principale apportée par Scott Cawthon dans ce nouvel opus, donc, réside dans son protagoniste, un jeune garçon qui a bien du courage il me semble. Et ce choix de protagoniste n'est pas tout à fait idiot, pour ne pas dire intelligent. Qui n'a jamais été confronté à de grosses frayeurs enfantines, n'a jamais eu peur des monstres qui se cachaient sous son lit, ou bien ne s'est pas demandé ce qui pouvait bien l'observer là-bas, du fond de son placard. Si en vérité très peu de monstres se sont cachés dans nos sombres chambres, les frayeurs ont bel et bien été là, ancrées, et ne peuvent que ressurgir, indirectement, lors d'une partie de FnaF4. L'identification n'est pas directe, elle est subtile, et se fait en jouant sur nos terreurs, nos frayeurs, nos tensions : celles de l'enfant que nous étions. Lorsqu'on lance le jeu, on se retrouve dans la peau de ce petit garçon, enfermé et seul dans sa chambre, et il pleure. Et ce serait presque triste si nous n'étions pas des joueurs sans coeur. On ressent un peu de son chagrin toutefois, et on le ressent davantage lorsque le garçonnet se rend compte qu'il est seul dans la maison... enfin, presque seul. Le jeu commence alors, sur cette sensation impalpable de malaise.
Des dentitions parfaites
Le jeu commence et l'on se sent perdu. On se retrouve avec une vue à la première personne, au pied de notre lit, à regarder cet ourson avec son chapeau haut de forme original et presque sympathique. Mais, étonnemment, le joueur trouvera la situation tout sauf sympathique. Il fait sombre autour de nous et on sent bien que le petit garçon ne va pas se contenter de dire bonne nuit à ses amis poilus et se coucher paisiblement. Et on nous dit qu'on peut courir vers la porte, et regarder, et la fermer (la porte). Et on nous dit aussi qu'on peut faire la même chose avec le placard, l'autre porte, et qu'il serait idiot de ne pas regarder derrière soi, à l'occasion. Alors on le fait, et on sent qu'il va arriver quelque chose, et on le fait encore, jusqu'à ce qu'il arrive quelque chose... Et ce qui va arriver arrivera : vous direz bonjour à la dentition rutilante et mécanique de vos chaleureux amis de la nuit. Vous l'avez donc compris, le principe du jeu n'est donc pas révolutionnaire : à l'instar des derniers opus, il s'agit de vérifier différents endroits de la maison grâce à sa lampe torche. En allant à gauche, puis à droite, puis par là, puis derrière, puis à gauche. Ah, peut-être derrière encore, jusqu'à ce qu'il soit 6h du matin, parce que c'est bien connu, les monstres en peluche se couchent à 6h pétantes du matin, c'est comme ça. En attendant, ce qui vous sauvera c'est votre lampe torche, qui fera fuir les monstres, mais attention, si cette douce lumière salvatrice les fera effectivement fuir s'ils sont au loin, l'effet ne sera pas vraiment le même s'ils se trouvent proches de vous.
Distribution gratuite de jumpscares
Bon, vous l'aurez compris, l'innovation dans le gameplay n'est pas ce qui bouleversera le joueur. Ni la nouveauté dans la gamme des douces petites peluches. Certes, on ne regarde plus de caméras de surveillance, on ne s'enquiert plus de la bonne charge de nos batteries, on ne "surveille" plus. Dans cet opus, on doit écouter, tendre l'oreille sur ce qui fonce vers nous. Si on entend quelque chose, le mieux reste de fermer la porte aussi rapidement que possible. Sinon, si vous vous êtes trompé et que vous avez allumé la petite loupiole, vous verrez la magnifique et mécanique dentition de nos amis en peluche, vous aurez sûrement une très très très grosse frayeur, et vous pourrez recommencer la partie. Et comme pour entendre quelque chose, il vous faudra mettre le son de vos enceintes ou de vos écouteurs à fond et les greffer à l'intérieur de vos oreilles, vous aurez beaucoup de frayeurs. Et si le jeu a pris le parti de jouer sur la mécanique de jumpscares, il faut noter qu'il le fait remarquablement bien. Tout est fait pour vous prendre par surprise : l'environnement sonore est un peu oppressant mais ne laisse pas bien entendre l'arrivée des monstres, qui sont étudiés pour être relativement effrayants, admettons-le. Aucun doute qu'il ne vous faudra pas plus de quelques minutes de jeu avant d'avoir votre premier frisson. Avis aux amateurs.
En attendant le suivant ...
Sans avoir d'opinion complètement tranchée, il semble que le jeu soit répétitif, qu'il n'implique pas de sentiments profonds ou même forts comme la peur, l'effroi, ou encore l'appréhension : si vous recherchez à ressentir une véritable peur psychologiquement ancrée par l'atmosphère et le scénario, ce n'est pas ici que vous la trouverez. En ce sens, c'est un jeu qui pourrait également être parfait pour réaliser des vidéos drolatiques dans lesquelles on voit des gens jouer, avoir un gros jumpscare, faire de drôles de têtes et pourquoi pas se renverser l'intégralité de leur café dessus, et qui seront diffusées mondialement (j'espère que vous comprendrez cette longue périphrase). Si vous avez un peu de chance, la personne que vous regarderez vous demandera même gentiment de vous abonner à sa chaîne. En dehors de cela, le jeu semble plutôt répétitif, et utilise la mécanique bien ancienne du jumpscare pour nous faire sursauter sans arrêt. Ce qui ne vous empêchera peut-être pas de profiter du jeu sur PC grâce à Steam, sur Android, et très prochainement sur iOS... en attendant le cinquième opus, peut-être.
Points forts
- Une ambiance toujours aussi stressante
- Des réflexes mis à rude épreuve
- De grosses frayeurs / surprises pour le joueur
- De potentiels fous rires si vous regardez un ami jouer
Points faibles
- Cardiaques s'abstenir...
- Série qui ne se renouvelle pas
- Pas vraiment effrayant mais plutôt surprenant du fait des jumpscares incessants
- Pas de stratégie possible, uniquement de l'aléatoire
Five Nights at Freddy's 4, c'est un peu comme un excellent sprinteur qu'on aurait fait participer de force à un marathon. Si les premiers opus pouvaient être remarquables parce qu'ils étonnaient et intriguaient, celui-ci ne parvient à finir le marathon qu'à grands coups de stéroïdes (aussi appelés jumpscares dans le cercle fermé des jeux d'horreur). Le gameplay n'est pas révolutionnaire et l'émotion de la suprise plus que de la peur est induite par la bonne vieille mécanique du jumpscare. C'est une recette qui pourrait en séduire certains mais qui a peut-être besoin de se renouveler aujourd'hui. Résultat : vous pouvez passer de très bons moments en jouant à ce jeu mais le plus amusant restera encore de regarder un tiers y jouer.