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Il y a deux ans, quasiment jour pour jour, sortait Game Dev Tycoon, un jeu indépendant de gestion d'un studio de développement, de ses débuts dans un garage jusqu'à sa réussite... Ou son flop. Les clones et cousins n'ont pas tardé à sortir du trou percé par Game Dev Tycoon. On peut citer parmi eux GamersGoMakers mais aussi Mad Games Tycoon. Au menu, rien de nouveau : on gère toujours son studio de jeux vidéo depuis le départ dans un garage pour s'agrandir et s'équiper au fur et à mesure que le temps passe et que les technologies évoluent. Aujourd'hui encore en développement, le jeu avait disposé d'un Gaming Live Preview. Il est temps de revenir plus en détail sur les fonctions déjà présentes dans le titre.
Ayant perdu mes sauvegardes par erreur la nuit dernière, je n'ai pas pu prendre mes propres screenshots avec le jeu en français. Les screenshots proviennent de joueurs des quatre coins du monde.
Attention : le jeu est encore en early access, ce qui veut dire qu'il n'est pas complet. Bien que largement jouable.
Sorti le 5 janvier dernier, ce jeu ne se démarquait pas totalement des autres titres en développement que l'on retrouve déjà sur Steam. Et avec un concurrent comme Game Dev Tycoon déjà bien implanté, la tâche n'était pas aisée pour se démarquer. Le studio allemand Eggcode Games, composé de seulement de deux développeurs à plein temps (Christian Pohl & Stefan Pohl), a planché sur l'utilisation du moteur Unity pour son projet. Histoire assez similaire là encore à Game Dev Tycoon dont le studio avait été fondé par deux développeurs indépendants (bien que la technologie utilisée soit différente pour les deux jeux, Mad Games Tycoon utilisant Unity, et Game Dev Tycoon utilisant uniquement du Javascript). Mais, de par une mise à jour régulière (quasiment hebdomadaire), le jeu se dote rapidement de nouvelles fonctionnalités et corrections de bugs qui réjouissent les utilisateurs.
Des développeurs sympathiques pour un jeu sympathique
Intégralement traduit par la communauté (hommage à Guizmo3312, utilisateur JVC ayant participé activement à la localisation française), le jeu est disponible dans une dizaine de langues dont principalement l'anglais. Bien que les mises à jour soient faites dans la langue de Shakespeare, et que celles-ci tardent à être traduites, les développeurs sont à l'écoute permanente des joueurs. Ayant eu un contact avec eux pour leur suggérer des corrections à apporter, je peux garantir un suivi parfait de la part d'Eggcode Games qui fait plaisir à voir. Au total, une dizaine d'emails échangés pendant un dimanche. Et deux jours plus tard, une mise à jour Steam corrigeant les problèmes de traduction (fautes d'orthographe, et faux amis). Ce n'est pas magnifique ?
Le jeu en lui-même est intéressant sur plusieurs points. Tout d'abord, ce que l'on remarquera immédiatement est le choix. Les développeurs ont donné beaucoup de place à la personnalisation de son studio : décoration par des items, logo, nom du studio, etc. Toutefois, il faut savoir que les items décoratifs ont plus qu'une simple valeur déco. Dites adieu à Valérie Damidot, et bonjour à l'optimisation de son espace de travail : chaque item apporte un bonus au moral de vos employés, augmentant ainsi leur productivité. De même, le jeu vous conseillera souvent sur ce qu'il manque : chauffage, ventilateur, plantes, poubelles, et tant d'autres petits objets qui peuplent votre studio.
De bonnes idées...
Au passage, le gameplay se base sur la gestion de salles. Chaque salle a une spécificité et des options précises. Tous les objets sont quasiment constructibles dans toutes les salles, à l'exception de quelques-uns qui ne sont spécifiques qu'à une salle (notamment pour la production des versions boîtes de vos jeux, ou des salles de serveurs). La gestion de ces salles, et des employés qui y travaillent, est extrêmement facile : un simple drag'n drop (glisser / déposer) d'un employé dans la salle où l'on veut le voir travailler, et celui-ci se met immédiatement au travail, à condition cependant d'avoir un bureau de travail disponible ! Les employés en effet ne travaillent que sur des bureaux, il n'est donc pas difficile de prévoir à l'avance et d'anticiper la place pour de futurs employés (il est possible d'augmenter la taille du studio en achetant de nouveaux locaux).
Vous verrez d'ailleurs vos employés travailler, mais aussi se balader dans vos studios pour diverses tâches : pause pipi, pause soda, photocopies, etc. Cela donne un peu de vie, et d'ambiance à votre studio. Bien que le plaisir à les voir faire n'est pas au rendez-vous, et est parfois un peu énervant quand ceux-ci se lèvent toutes les deux minutes pour aller se laver les mains. Autant dire qu'il va vous falloir y aller doucement en accessoires en début de partie, afin de garder un maximum en poste vos petites mains.
A côté, on retrouve d'autres fonctionnalités intéressantes. Les moteurs de jeu, bien entendu. Mais également la possibilité de faire des mises à jour, et de choisir le contenu de ces mises à jour. Cela booste légèrement, selon les choix, les ventes de votre jeu. La présence d'une gestion des logiciels de protection est aussi à noter, bien qu'elle n'ait pas une place extrêmement primordiale. Il est possible, une fois doté des équipements nécessaires (salle de production et salle de stockage : cela coûte cher mais si c'est bien géré c'est la clé du profit), de produire soi-même les jeux créés, sans passer par un éditeur. Il vous faudra choisir l'emballage, les accessoires, et surtout : le prix. Puis, la production commence. Vous pouvez choisir la date de sortie, afin de prendre un peu d'avance et anticiper les ventes. Vous choisissez la quantité à produire, et puis tout tourne tout seul. Attention donc à ne pas trop produire, au risque d'avoir du stock invendu. Mais attention aussi à ne pas trop peu produire ! Sinon, vous risquez de rater de jolis profits... Les MMO sont aussi là. Vous pouvez ouvrir une salle de serveurs, et en acheter. En fonction du nombre de joueurs, il faudra en acheter des nouveaux pour éviter une saturation. Sachant que si vous n'avez aucun MMO en cours de commercialisation, vous pouvez les mettre "Hors Ligne" pour économiser les coûts de maintenance.
... Pas forcément très bien exploitées
Mais une fois le tour fait de tous ces petits détails, on remarque vite un essoufflement. Il faut déjà s'habituer à l'interface, et aux graphismes. Bien que cela soit très subjectif, il faut avouer que le titre n'attire pas forcément. Et peut rebuter les plus récalcitrants ou les joueurs qui découvrent le genre. Moi-même, pourtant un fan inconsidéré des jeux de gestion, de simulation et de stratégie, j'ai eu un peu peur au début. Le conseil que je donnerais serait de cliquer partout, et de recommencer une partie neuve après avoir bien tout regardé. En rajoutant le fait que certains clics ne sont pas forcément pris en compte, et que du coup, l'interface déjà pas très jolie, se trouve parfois un peu lourde d'utilisation.
Outre ces détails d'ergonomie, qui pourraient être corrigés dans un futur proche, il y a un point qui va choquer les "experts de la microgestion". Le titre manque cruellement de profondeur, ou de challenge. Il n'y a pas énormément d'évènements, à part la conférence annuelle ou la sortie de nouvelles plates-formes... Une fois que l'on a compris ce qui marche, ou ce qui ne marche pas, on finit rapidement par se retrouver avec 4 Billions de crédits en poche... Au bout de seulement 5 / 6 années (dans le jeu). Tout en étant dans une difficulté normale. Des soucis d'équilibre donc, à l'heure actuelle. Du coup, la répétition devient vite gênante, voire abrutissante. On attend les mises à jour avec une certaine crainte : Sera-t-elle intéressante ?
A cela, on ajoute un manque clair d'explications. On est directement balancé dans le jeu, avec un petit pécule et quelques messages d'aide pour chaque nouvelle salle que l'on débloque. Pas plus. Des aides sur Internet sont disponibles mais (majoritairement) qu'en anglais, en russe ou en allemand. Alors... Autant dire que pour les francophones pures souches, n'aimant pas ces trois langues, il va être difficile de s'adapter au gameplay du jeu. Car même s'il est facile à boucler, il n'en reste pas moins exigeant pour réussir à comprendre tous les mécanismes. Notamment pour un débutant, ou un joueur qui voudrait s'essayer à tâter ce genre de jeux, sans forcément avoir à chercher plusieurs heures sur Google.
Notre Gaming Live de Mad Games Tycoon
Au final, ce jeu n'a pas été une perte de temps pour moi. Loin de là. Il est assez plaisant de participer à l'évolution de son studio, et de le voir grandir. On a tous rêvé de créer notre MMO, ne nous le cachons pas. Malheureusement, ce jeu est encore loin de répondre à toutes nos envies de challenge, même en difficulté normale ou difficile. C'est le principal point noir que je pourrais noter. Ainsi qu'une durée de vie limitée. Comparé au prix de Game Dev Tycoon (environ 9 €), Mad Games Tycoon (environ 15 €) peut laisser sceptique. Personnellement, j'ai bien aimé, malgré l'interface et les graphismes qui m'ont piqué les yeux. il faut dire que je suis un fan de ce style de jeux vidéo. Mais ce ne sera pas forcément l'avis de tout le monde. Prudence est de mise en conclusion donc. Même s'il est mis à jour assez fréquemment, il reste un jeu en Early Access.