En 2025, les équipes de Neople, sous l’égide de l’éditeur Nexon (The First Descendant) veulent tenter leur chance avec The First Berserker : Khazan, un titre qu’ils vendent comme une expérience « hardcore ». De notre côté, on a découvert les premières heures de cette aventure grâce à une version preview comportant trois missions. A-t-il vraiment les qualités requises pour se démarquer des nombreux Souls-like qui paraissent en ce moment ? On vous partage nos impressions et il y a pas mal de choses à dire, à commencer par la direction artistique de ce titre des développeurs de DNF Duel, avant tout spécialisé dans les jeux en ligne.

Sanglant et lugubre, cet action RPG nous ferait presque penser au manga Berserk

Si on vient de citer DNF Duel, ce n’est pas pour rien. Celles et ceux qui sont familiers avec l’univers de ce jeu de combat auront compris que Neople a souhaité développer le lore de l’un de ses personnages, en l’occurrence Khazan, en lui confiant les rênes de sa propre aventure. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle démarre très mal ! Accusé de trahison, Khazan devient un paria et doit endurer les pires tortures infligées par les forces impériales, à tel point que l’on se demande encore comment il peut tenir debout voire même survivre… À l’article de la mort, emprisonné sur une charrette et surveillé par tout un régiment, Khazan a pourtant le droit à un petit coup de pouce du destin : un esprit malveillant provoque un éboulement qui emporte tout sur son passage, permettant à Khazan de se libérer. Quoi qu’il en soit, cette entité s’octroie elle-même une compensation pour cet acte « bienveillant » et choisit Khazan comme vaisseau. En quelques petites minutes, The First Berserker : Khazan pose les bases de son intrigue qui a un fort penchant pour la dark fantasy.

Ce n’est pas pour rien que l’ambiance, en général, nous a quelque peu fait penser au manga Berserk de Kentaro Miura, notamment l’arc de l’Ère des Châtiments, ce qui n'était pas pour nous déplaire. Châtiments corporels, ambiance lugubre, un empire qui dicte sa loi, des créatures qui semblent provenir d’un autre monde… Il y a finalement pas mal de faux airs avec les aventures de Guts. Les similitudes ne s’arrêtent pas là puisque cette rage qui habite Khazan renvoie également à la part sombre qui sommeille dans le personnage principal du manga de Miura et qui ressurgit via l’armure du Berserker lors des combats les plus violents. Cerise sur le gâteau, cette prise en main a également révélé à quel point le jeu The First Berserker : Khazan promet une aventure sanglante. En matière d’hémoglobine, on est servi ! Bref, sous couvert de décors plus ou moins réalistes et d’une direction artistique à l’esthétique manga/anime, The First Berserker : Khazan arrive à apporter suffisamment d’originalité visuelle pour nous embarquer. Maintenant, c’est aux fonctionnalités de nous convaincre. Sauf que là, le titre de Neople ne prend pas vraiment de risques…

Un Souls-like furieux… d’avoir un truc en moins

Disons-le tout de suite, The First Berserk : Khazan n’est pas là pour chambouler la formule des Souls-like, ni pour en casser les codes. Si vous êtes un ou une habitué(e) du genre, vous ne serez pas dépaysé de ce côté-là. Une barre de vie, une jauge d’endurance, un nombre de soins limité, une esquive, une parade, des attaques légères et lourdes (voire même chargées) et des compétences que l’on débloque plus tard en progressant dans les multiples arbres de talents. Pour étoffer la palette de coups de Khazan, on sait rapidement ce qu’il faut faire : combattre des ennemis, récolter des Lacrimas et les dépenser parmi les cinq caractéristiques du héros (Vitalité, Endurance, Force, Volonté, Compétence/aptitude) depuis une sorte de vestige du Netherworld. Comme dans la série des Souls ou Elden Ring, chaque caractéristique a un effet sur les statistiques du héros et a son importance selon votre arme de prédilection. À ce sujet, on retrouve trois types d'armes différents : le combo épée/hache, une imposante épée à deux mains et une lance.

Forcément, chacune à son propre gameplay et, surtout, une évolution distincte. Pour renforcer sa maîtrise d’une arme, via les arbres de talents, il n’y a pas de secret : il faut les utiliser lors des combats. En soi, plus vous utilisez le combo épée/hache, plus vous aurez accès à des points de compétences. À partir de là, la spécialisation se fait à votre convenance et libre à vous de développer les attaques légères, les coups puissants, la garde, etc. Pour le reste, en l’occurrence le système d’équipements, on reste sur une approche très classique : plusieurs slots d’armures - il existe même des sets qui confèrent des bonus -, un duo d’accessoires et des objets à assigner à des raccourcis pour les utiliser en temps réel via la croix directionnelle. Bon, on ne va pas se mentir, The First Berserker : Khazan fait un minimum d’efforts pour se montrer attractif en matière de gameplay et propose une structure vue et revue qui compte davantage sur le sentiment de familiarité que l’on peut ressentir, manette en main, que sur une véritable intention de nous surprendre et de se démarquer.

Une première prise en main qui met en rage

Au bout du compte, on a bel et bien la sensation d’être devant un énième Souls-like manquant d’un supplément d’âme. L’ambiance et l’intrigue font leur petit effet durant un temps, mais les bases du système de combat montrent rapidement leurs limites. Reste à voir si la palette de coups à haut niveau parvient à les repousser et à offrir un gameplay sanguinolent comme le titre nous le promet. Ceci étant dit, ce n’est pas le seul défaut de The First Berserker : Khazan. Outre le level design qui est, lui aussi, très classique (les niveaux séparés les uns des autres se résument à des couloirs d’ennemis), la manière dont la difficulté a été pensée au fil de l’expérience s’avère crispante. Oui, les développeurs nous l’ont vendu comme un titre « hardcore » et « impitoyable » mais tout de même ! Finalement, on vit le même supplice que Khazan : on souffre. Certains endroits vont se contenter de nous opposer à un ou deux ennemis, tandis que d’autres zones pullulent de créatures féroces, entraînant un déséquilibre. Résultat des courses, on se retrouve, en cas de morts, à devoir retraverser encore et encore des zones fastidieuses et peu inspirées où le moindre ennemi peut devenir une corvée lorsqu’il est entouré de ses congénères.

Oui, The First Berserker : Khazan est exigeant mais il est aussi particulièrement agaçant. Au lieu de viser le juste milieu en matière de difficulté, celui qui impose du challenge et un dépassement de soi justement récompensé, le titre s’avère trop crispant, presque décourageant par moments tant il impose parfois d’être une justesse totale et nous punit sévèrement à la moindre erreur. Dans ce domaine, il y a des tas d’autres titres qui offrent une proposition bien plus valorisante. On regrette donc cette volonté presque élitiste de miser sur une expérience « hardcore » tant The First Berserker : Khazan aurait gagné à être plus accessible. Toutefois, c’est un détail qui peut potentiellement être réajusté d’ici la sortie. Pour le reste, il y a plein de petits détails qui nous font tiquer au fil du temps. Redondance, intrigue peu intéressante, environnements peu inspirés, cheminement trop saccadé, idées parfois incohérentes, du loot parfois plus puissant que des équipements plus rares… En définitive, The First Berserker : Khazan respecte son cahier des charges mais en voulant trop bien faire, il oublie de réussir quelque chose : nous emballer et nous donner envie d’aller au bout.