Longtemps fantasmé par les joueurs, Assassin’s Creed Shadows, le jeu de la saga qui s’enracine dans la culture japonaise, sera le digne représentant de la licence pour cette année 2024. Au-delà de succéder à l’épisode le plus populaire de la franchise, à savoir Valhalla, ce nouvel opus à la lourde tâche de concrétiser le rêve de nombreux fans. Moins d’un mois après sa révélation en grande pompe, on a pu voir les premières images du gameplay, à Los Angeles, avant que le jeu ne soit l’une des stars de la conférence Ubisoft Forward.
Pendant des années et des années, les fans de la licence Assassin’s Creed ont prié pour vivre une aventure en plein cœur du Japon. Une épopée en Chine, une aventure au beau milieu de l’Égypte, un dépaysement total en Grèce Antique et une ode à la culture nordique et viking : ce n’était qu’une question de temps pour que l’éditeur français saute le pas d’une expérience au pays de Soleil-Levant, et c’est justement ce qui a été annoncé il y a quelques semaines. Cela ne fait même pas un mois que le jeu vidéo Assassin’s Creed Shadows a été officialisé, et on vient pourtant d’en découvrir la toute première présentation de gameplay. Il faut dire que le temps file car la sortie n’est plus qu’à quelques mois, elle qui est d’ores et déjà planifiée pour le 15 novembre prochain. Tandis que le jeu était l’un des grands participants de la conférence Ubisoft Forward 2024, on a pu en découvrir un aperçu en avant-première.
La formule Assassin's Creed avait besoin d'être chamboulé, cette fonctionnalité de Shadows teste quelque chose de vraiment fou
C’était peut-être l’un des points qui avait le plus fait tiquer les joueurs lors de sa révélation. Six mois avant sa sortie, Assassin’s Creed Shadows ne se dévoilait que par le biais d’une cinématique en images de synthèse qui nous offrait une vision globale de l’histoire de Yasuke et Naoe, les deux héros de cet opus, avant qu’ils ne se rencontrent et qu’ils coopèrent tous les deux pour libérer le Japon féodal du 16ème siècle de sa corruption et du joug de l’oppression. Un mois plus tard, voilà que l’on peut enfin apprécier les premières images du gameplay. Il n’aura donc pas fallu attendre longtemps, même s’il convient bien évidemment de préciser qu’on a pu voir tourner - et non pas jouer directement - une version encore en développement. Mine de rien, s’il y avait bien évidemment de petits détails à souligner et à mettre de côté avant de partager des impressions définitives, on a quand même pu découvrir pas mal de choses sur ce Assassin’s Creed Shadows.
L’une des premières choses que l’on retient de cette présence, c’est la manière dont les équipes de Ubisoft Québec - déjà impliquées sur la licence à travers l’opus Syndicate puis Odyssey - ont travaillé l’ambiance de ce nouvel épisode. Pour favoriser l’immersion, de nombreux arguments sont réunis : la voix-off qui accompagne les déambulations de Yasuke - le samouraï d’origine africaine qui affole les historiens -, le cadre bucolique que le héros traverse, tout comme les torii, à dos de cheval ou encore les interactions de la population qui est amenée à réagir à la présence de l’illustre samouraï en lui adressant une révérence. On comprend donc aisément que Yasuke est respecté au sein du pays pour ses actions. Toutefois, s’il a évolué seul durant quelque temps, il est désormais accompagné d'une alliée de taille en la personne de Naoe. Cependant, nous le verrons au prochain paragraphe, cette complémentarité entre le duo n’est qu’une des manières de renouveler le gameplay.
La véritable trouvaille de ce nouvel opus est à chercher du côté des fonctionnalités et, plus précisément, du côté de la météo évolutive et du système de saisons. Après la présentation du gameplay en avant-première, c’est l’un des producteurs de cet épisode, Carl Dumont, qui nous en parle le mieux en interview. Très attaché à l’aspect historique, Ubisoft a encore une fois réalisé un travail de documentation immense pour reproduire le Japon de la façon la plus authentique possible et, surtout, de doter ce nouvel opus d’un surplus de cohérence vis-à-vis des conditions météorologiques et des saisons appliquées aux régions du jeu. Ce dont Ubisoft est fier, c’est d’avoir réussi à établir un cycle météorologique qui est unique. En effet, chaque mission peut se dérouler d’une tout autre manière dans la mesure où les joueurs ne sont pas confrontés aux mêmes aléas climatiques. Comme on le soulignait dans notre vidéo, tournée peu après la présentation des premières images de gameplay, un joueur pourra très bien vivre une mission sous une pluie diluvienne tandis qu’un autre devra revoir sa stratégie d’infiltration si un buisson bien placée choisit de perdre ses feuilles (et son potentiel de camouflage) à l’automne.
Plus qu’unique, ce système est aussi un moyen d’insuffler ce que l’on nomme du gameplay émergent et, surtout, d’adopter sa stratégie plutôt que d’appliquer cent fois la même. Doit-on vraiment prendre le risque de sauter sur un toit enneigé ? Courir plus rapidement sur un étang gelé est-il une bonne idée ou vaut-il mieux attendre de pouvoir plonger pour s’y cacher ? N’est-il pas mieux d’attendre l’arrivée de la pluie et de l’orage pour camoufler son intrusion dans l’un des camps ? Bref, tout un tas de questions qui font que les différentes missions de ce nouvel Assassin’s Creed vont s'aborder d’une manière tout à fait différente des précédents opus. Oui, si cela passe par des progrès technologiques au sein de la licence, cela prend également vie grâce à ses personnage qui ont le droit à deux gameplay complémentaires !
Deux personnages, deux gameplay ? Assassin's Creed Shadows est plus subtil que ça !
Il est vrai qu’il est plutôt juste d’évoquer la complémentarité des deux personnages mais les deux manières qu’ils ont de se jouer sont bien plus subtiles que cela. Durant la présentation tenue par l’éditeur français, on nous a montré comment une mission pouvait s’effectuer de deux manières. Au cours de l’aventure, Assassin’s Creed Shadows vous demandera de choisir le personnage qui devra remplir le prochain objectif. Mais rassurez-vous, ça ne sera pas comme cela jusqu’aux crédits de fin ! On a posé la question à l’un des cadres du projet et celui-ci nous a répondu qu’une poignée de missions permettent de nous mettre le pied à l’étrier mais qu’à partir du moment où le duo entame sa collaboration, le choix de tel ou tel personnage nous reviendra totalement. En d’autres termes, cela veut dire qu’on pourra tout à fait parcourir le reste de l’aventure avec un seul personnage et ne prendre que Naoe, la discrétion à nulle autre pareille, ou Yasuke, la manière forte.
Ce qu’il était notamment important de retenir de cet aperçu en avant-première du gameplay d’Assassin’s Creed Shadows, c’est le gameplay bien distinct de Yasuke et Naoe. Du côté du héros, mi-samouraï mi-bulldozer, ce nouvel épisode nous montre que l’on peut privilégier une voie, disons, plus fracassante. En l’occurrence, Yasuke est une machine de guerre qui réduit en charpie le moindre de ses adversaires. Dans sa panoplie, on retrouve une masse piquante qui arrache les protections des ennemis, peut projeter ces derniers grâce à une capacité qui consiste à frapper le sol de toutes ses forces ou leur fracasse la tête des ennemis en deux temps trois mouvements. En l’espace de quelques actions, on comprend que le gameplay de Yasuke ne fait pas dans la dentelle. Même lorsqu’il tient un sabre entre les mains, il est capable de mettre fin à un affrontement en quelques coups, donnant vie à des exécutions et à des ripostes fulgurantes auxquelles on n’aurait pas grand chose à ajouter pour que ce soit des 'Fatalities tout droit sorties de Mortal Kombat''. Pour rétablir la justice, Yasuke emploie la manière forte et est fidèle à la réputation de sa légende où il est considéré comme un être dont la force serait supérieure à celle de dix hommes. Autant au corps-à-corps (combat, ruée pour enfoncer des portes, …) qu’à quelques dizaines de mètres, via son fusil, personne ne fait le poids contre lui.
Pour Naoe, c’est quelque peu différent, même si l’on parvient à la même finalité. Afin de compléter le gameplay de Yasuke, censé permettre à cet épisode de faire de l’oeil aux amateurs des jeux les plus brutaux de la licence, le personnage de Naoe est là pour apporter une sorte d’équilibre et représenter l’identité de la licence : la discrétion, l’agilité et le parkour. Lors de la mission relancée par les équipes d’Ubisoft, Naoe démontre une habileté qui rendrait presque fous les anciens assassins de la licence. En tant que shinobi, Naoe est ultra agile, capable de se faufiler partout, de grimper sur les toits, de se balancer à une chaîne, d’aggriper les ennemis à distance grâce à celle-ci, de se camoufler de diverses manières - elle est capable de plonger au beau milieu d’un étang et d’y rester en respirant à l’aide d’un roseau - et même d’éliminer les adversaires à l’aide d’un kunai parfaitement bien lancé. En peu de mots, Naoe c’est la promesse d’une mort aussi douce que furtive, mais pas que ! Grâce à son agilité, la shinobi peut se la jouer Yasuke : elle dispose d’une série de coups ravageurs et d’une férocité qui, même avec des armes plus légères et sa maîtrise du combat rapproché, peuvent mettre à mal le plus implacable des soldats. En fin de compte, grâce à ses choix, Ubisoft se montre bien moins prévisible dans ses choix, et c’est un très bon argument en faveur d’Assassin’s Creed Shadows.
Assassin's Creed Shadows suit la bonne voie, mais on attend d'autres certitudes
Le souci, comme à chaque fois sur ce genre de présentation plutôt condensée, c’est que l’on met souvent de côté des pans entiers du jeu vidéo qui ont tout autant leur importance. En l’occurrence, si le choix était avant tout porté sur l’initiation au gameplay des deux personnages et à quelques mots sur cette fonctionnalité de saisons et de changements météorologiques, on regrette que l’univers japonais n’ait pas eu le droit à un segment dédié. Tout juste savons-nous que que l’intrigue prend place au beau milieu du Japon féodal des années 1500 (la période Azuchi-Momoyama) et que le pays tout entier est rongé par un climat de tension permanente, par des tourments politiques même s’il persiste toujours des traces de sa beauté et de l’espoir qui survit. Ce que l’on peut aussi souligner à l’issu de cette présentation, c’est que l’on manque encore de certitudes sur l’exploration de ce nouvel opus de la saga, des activités qu’on pourra y accomplir et des lieux et décors que l’on pourra fouler.
Questionné au sujet de la densité de ce nouveau monde ouvert, Carl Dumont nous a expliqué que la carte de Shadows serait plus proche de l’échelle du volet Origins que de celle de l’épisode Odyssey. Toutefois, si elle perd en surface, l’exploration en ressort grandit. Ce que l’on entend par là, c’est que l’éditeur français a décidé de mettre de côté la vision d’aigle. Dorénavant, les points de vue seront à localiser au fil des expéditions et mettront en avant, de manière plus naturelle, les éléments à ne pas oublier : l'idée, c'est avant tout de laisser le joueur se fier à son instinct ! S’il y a de la bonne volonté dans tout cela, on ignore encore pas mal de choses à propos de ce nouvel épisode et on espère que certains petits défauts, actuellement visibles (souci d’IA, textures qui se chevauchent, manque de communication sur les activités, le moteur vieillissant, le manque de ferveur dans les combats), s’en iront des prochaines versions du jeu vidéo. En l’état, Assassin’s Creed Shadows n’a pas encore totalement convaincu mais, entre les promesses d’Ubisoft et les choix effectués pour cet opus, on y voit déjà un épisode excitant, et ce, pour toutes les raisons positives que l’on a pu citer auparavant.
Depuis la révélation du cadre d’Assassin’s Creed Shadows et de la confirmation du duo de protagonistes, on attendait impatiemment de voir ce nouvel épisode en action. C’est aujourd’hui chose faite puisque l’on connaît les spécificités de chacun des personnages ainsi que quelques fonctionnalités qui ont un rôle plus important qu’on ne le pense en matière d’immersion et de jouabilité. Certes, il reste encore des zones d’ombre et non des moindres mais de ce que l’on en a vu, cet énième épisode de la saga d’Ubisoft nous adresse de solides promesses qu’on souhaite absolument voir se concrétiser. Maintenant, on attend le prochain rendez-vous mais cette prévisualisation d’un jeu encore en cours de développement s’est avérée plus excitante que le trailer en images de synthèse du mois de mai.