Six ans après un épisode aussi exigeant que passionnant, Frostpunk revient cet été dans un second épisode qui va nous faire mordre la poussière.
Le grand froid compte bien s’abattre sur nous cet été. Les équipes de 11 bits nous ont conviés à Varsovie, à huis clos, pour approcher en avant-première le mode histoire de Frostpunk 2 pendant deux petites heures. Une expérience que l’on nous présente comme étant encore plus exigeante et difficile que jamais ; mais « vous n’aimez pas Frostpunk parce que c’est facile », nous rappellent très bien les développeurs avant de nous convier à prendre part à leur nouvelle épopée glaciale.
La condition humaine au cœur de l'expérience
30 ans après la grande tempête, Frostland doit désormais faire face à un défi d’autant plus redoutable que le froid : la nature humaine. Toujours accablée par un gel éternel, la Terre vous laisse aux prises d’un peuple épuisé, mais à qui il reste la volonté féroce de défendre ses convictions. Il n’est plus question d’appréhender des étendues de neige comme une toile vierge à façonner, mais de reprendre les commandes d’une cité déjà fondée, où coexistent une poignée de nouvelles factions en colère, nées des rangs des Frostlanders et des New Londoners, deux groupes préétablis. La devise "la ville doit survivre !” s’est effacée, remplacée par les mots “la ville ne doit pas tomber”. Une nouvelle approche présentée comme “risquée” par les développeurs de 11 bits, qui se refusaient à rester calfeutrés dans la même formule du premier épisode. Une décision qu’on estime plutôt être très maligne de notre côté. Voilà qui ouvre peut-être la porte à des choix moraux plus impactants et à une meilleure profondeur scénaristique, aspect particulièrement perfectible de Frostpunk. Pendant nos constructions, les interventions scriptées des villageois sont d’ailleurs déjà plus nombreuses qu’avant et apportent davantage de vie à cet univers en vue du dessus, en nous partageant leurs lamentations. Aussi nos premiers pas ont été interpellés par les découvertes d’étranges symboles au sein de la ville, de quoi, peut-être, dessiner les prémices d’un fil rouge.
À Frostland, les conflits internes sont inévitables, et vous devrez trancher tout en assumant les conséquences de choix moraux très difficiles. Un défi qui passe par un système de vote qui se montre pour l’instant assez prenant. À huis clos, au sein du bâtiment du Conseil que vous aurez préalablement construit, il faudra constamment élaborer les lois d’une métropole en essor perpétuelle, réparties en plusieurs catégories. C’est ici que vous déciderez de mettre ou non les enfants au charbon ou de booster la productivité des travailleurs par quelconque moyen immoral. Subtilité qui a son charme : il est systématiquement possible d’influencer le vote de la faction de votre choix en leur promettant une contrepartie, qu’il faudra savoir exaucer dans des temps impartis. La mécanique semble centrale à l’expérience et s’est montrée pour l’instant très divertissante, tout en esquissant néanmoins la possibilité qu’elle s'essouffle dans la durée.
Il convient enfin de noter que Frostpunk 2 revête un univers steampunk plus sublime que jamais. La direction artistique est tout simplement à tomber par terre, les effets de lumière sur la ville, les animations et les artworks des personnages sont un régal absolu pour les yeux. Et bien sûr la bande-son, signée une fois encore Piotr Musiał pour notre plus grand plaisir, drape le monde d’une atmosphère à la densité folle et à la morosité palpable. Un bonheur à l’état pur sur ce plan.
Pas de quartiers dans Frostpunk 2
Dans Frostpunk 2, les bases sont déjà établies, le four central - notre nemesis du premier volet - passant même au second plan de vos préoccupations. Il s’agit maintenant de construire à une toute nouvelle échelle, en créant des quartiers entiers, destinés à des objectifs différents : les quartiers ouvriers, technologiques, ou d’habitations doivent être bâtis sur les terrains les plus propices, que vous aurez préalablement dégelés contre un peu d'argent. Zone d’intérêt majeur : votre centre de recherches où, avec le soutien ou le désaccord de certaines factions, vous pourrez œuvrer au développement de votre ville en enclenchant la recherche d’améliorations plus ou moins éthiques.
N'oublions jamais qu'une décision prise à la hâte peut toujours déchaîner des conséquences terribles, et vous devrez payer vos échecs au prix fort. Une fois encore, une flopée de paramètres de survie sont à prendre en compte pour calmer la souffrance indélébile de vos citoyens : la faim, le froid, mais aussi la maladie dûe à la pollution, qu'il faudra savoir atténuer. Frostpunk 2 est toujours aussi dur à maîtriser, et c’est un véritable plaisir. 11 bits fait encore une fois preuve d’une intelligence rare dans l’élaboration de mécaniques qui se conjuguent parfaitement. On espère maintenant que l’aventure saura se renouveler, par des événements aléatoires ou des pans de scénarios vraiment prenants.
Les expéditions seront également de mise ; un pan qui paraît essentiel pour renouveler un système global susceptible de montrer assez rapidement ses limites et qui faisait déjà défaut au premier épisode. Car encore une fois, la crainte d’entrer dans un schéma d’automatisation - sans aucune réflexion accordée sur les choix moraux - est visible durant les premières heures de jeu, et menace la durée de vie du jeu. Toute l’excitation de l’expérience réside en ces doux moments de gratification que vous obtenez après de longues sessions d’essais et erreurs finalement victorieuses. Après quoi, une compréhension parfaite de l’univers risque de rendre la partie moins endiablée.
Plus beau que jamais, Frostpunk 2 nous envoûte déjà par sa bande-son et sa direction artistique juste somptueuses. Avec une reformule renouvelée pour le meilleur (du moins, on l'espère), 11 bits place la condition humaine au cœur de nos défis, proposant une expérience davantage stimulante sur les questions morales avec un système de vote plutôt prenant. Le jeu est encore plus exigeant, et c'est ce qui fait tout le charme de cette saga post-apo. Reste maintenant à voir où se placent ses limites, l'aventure risquant malheureusement de s'essouffler une fois ses mécaniques de base maîtrisées.