Après Greedfall et son époque victorienne fantastique, Spiders s'intéresse à une période centrale de l'Histoire de France… La Révolution Française version automate. Les studios parisiens, spécialisés dans l'Action-RPG, espèrent déclencher une insurrection uchronique du genre, mais sont-ils en mesure d'y parvenir ?
Lors d'un événement physique organisé sur Paris par l'éditeur Nacon, la rédaction de JV a pu explorer manette en mains les trois premiers niveaux de Steelrising développé par les studios Spiders via une session de jeu de deux heures suivie d'une mise à disposition de la même démo sur PC.
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Une insurrection technique ?
Sans jamais se démarquer de la concurrence, Steelrising n’a pas à rougir face à ses pairs pour ce qui est des graphismes. La direction artistique que nous pourrions qualifier d’historique-gothique-uchronique parvient la majorité du temps à masquer les quelques maladresses visuelles. D’un point de vue purement technique, le jeu des studios Spiders assure l’essentiel, à savoir fluidité et stabilité lors des combats, sans quoi l’expérience ne serait définitivement pas la même. Steelrising vise les standards actuels et y parvient, ce qui est à porter à son crédit. L'expérience se vit en 4K à 30 images par seconde ou en HD (1920*1080) à 60 images par seconde sur PC et consoles de salon (PlayStation 5 et Xbox Series X/S).
Toutefois, cet Action-RPG souffre par instant de la comparaison avec les maîtres du genre. Steelrising est, selon les critères de production en vigueur, un double A. Cela se ressent notamment dans les cinématiques (trop) minimalistes et qui manquent surtout d’intensité. Les titres de Spiders ont souffert par le passé d’un certain manque de finition. Leur nouveau projet semble suivre une autre voie, plus vertueuse, sans pour autant se défaire pleinement de leur héritage. Au-delà des quelques bugs rencontrés et qui seront sûrement corrigés d’ici une sortie prévue pour l'automne, ce jeu de rôle-action joue la carte de la solidité et pour ce faire ne s’autorise pas la moindre prouesse technique.
Une exploration libre et verticale
Spiders applique avec rigueur, non sans une once de fantaisie, la recette From Software, en témoignent le système de progression et l’exploration qui en découle. Loin des contrées en monde ouvert d’un Elden Ring qui dépoussiérait en février dernier la formule des Souls, Steelrising se structure autour d’une série de zones semi-ouvertes propices au dépaysement. Inspiré notamment de Star Wars Jedi : Fallen Order, cet Action-RPG invite à visiter les lieux marquants de Paris, et à y revenir à plusieurs reprises afin d’en découvrir tous les mystères.
L’obtention de plusieurs dispositifs mécaniques - le grappin, le dash et le bélier - permet d’accéder à de nouveaux lieux à la manière d’un Metroidvania et de progresser dans l’aventure. Le grappin à lui seul ajoute une certaine verticalité dans les différents niveaux contrôlées par les redoutables armées mécanisées du Roi Horloger aka Louis XVI. Une fois nichée sur les toits, l'héroïne automate Aegis appréhende différemment les différents quartiers de la capitale française et (re)découvre Les Invalides, Les Tuileries et Le Grand Châtelet. La visite de Paris se veut ainsi libre et verticale, mais forcément balisée.
Des combats exigeants !
Steelrising s’inspire ouvertement des productions From Software pour concevoir une expérience qualifiée d’exigeante et précise, à l’image des rouages d’une horloge, par les créatifs de Spiders. Si les fans des studios japonais pensent forcément à la saga des Souls et à Elden Ring, c’est finalement Bloodborne qui s’avère être la source d’inspiration principale du jeu. Les habitués de ce sous-genre (les Souls-like) retrouveront rapidement leurs marques. Les combats prennent ainsi la forme d’une danse gracile et létale faite d’esquives et de frappes rythmées. Le timing et la gestion de l’endurance sont la clé du succès face à un bestiaire varié et retors d'automates en tous genres.
Cet Action-RPG mise bien entendu sur le corps-à-corps, mais fait également la part belle aux attaques à distance et aux items afin de forcer les automates que nous sommes à alterner entre les prises de risque calculées et une sécurité toute relative. De plus, les "feux de camp" prennent ici la forme de Vestale, des statues servant à acheter des consommables et des équipements, à améliorer l’héroïne et à sauvegarder. Petit conseil... sauvegarder même si cela signifie faire réapparaître tous les ennemis de la zone en question. Nous sommes en présence d’un héritier des Souls. L’humilité, la prudence et la persévérance font toute la différence dans les rues de Paris entre la survie et le trépas.
Aussi exigeant soit Steelrising, Spiders a pensé aux joueurs moins aguerris. En effet, les studios parisiens proposent un mode “Assistance” activable (ou non) à la volée. Cette fonctionnalité permet de régler la difficulté selon plusieurs paramètres. En déplaçant les différents curseurs - la réduction des dégâts, la régénération d’endurance ou encore le rafraîchissement des aptitudes - chaque joueur est en mesure de créer une expérience personnalisée. Cela permet de vivre une aventure sur le fil, ni facile ni difficile, mais au contraire parfaitement équilibrée et en phase avec ses compétences ludiques.
Une dimension RPG optionnelle ?
Steelrising est un jeu de rôle-action. Cela implique des affrontements intenses ainsi que toute une série de mécaniques pensées pour modifier et améliorer le personnage principal tout au long de l’aventure. La danseuse automate Aegis, aussi perfectionnée soit-elle, se doit de monter en puissance pour espérer survivre, et la dimension RPG imaginée par les développeurs n’a rien d'accessoire. Au contraire, elle s’avère essentielle et à première vue généreuse en options de personnalisation qui ont d’ailleurs un impact concret et direct sur le gameplay.
Une fois votre automate créé en début de partie via divers paramètres esthétiques, l’héroïne débute avec une spécialisation parmi les quatre disponibles (Garde du Corps, Soldate, Danseuse, Alchimiste) avec pour finalité d'obtenir des statistiques ainsi que des armes spécifiques. La discrétion est laissée aux joueurs de poursuivre dans la voie choisie ou bien d’en emprunter une nouvelle. Les armes (fléau, éventail, marteau de guerre, rapière, etc.), les équipements ainsi que les modules fixent ainsi un cap qu’il convient de réajuster à l'envie et déterminent la manière d’aborder les combats. Une chose est sûre, les combinaisons pour assembler l’automate Aegis sont nombreuses et influent énormément sur son épopée.
Steelrising pourrait bien être la bonne surprise “made in France” de cet automne. Cet Action-RPG inspiré des maîtres du genre propose une expérience exigeante et modulable, au cœur d’une Révolution Française uchronique aux qualités indéniables, mais perfectible techniquement. Egaler ses sources d’inspiration, à savoir Bloodborne et Star Wars Jedi : Fallen Order serait déjà une belle prouesse pour les studios Spiders. Réponse le 8 septembre 2022.