Carburettor rules the Nations

La série Trackmania est connue pour avoir fait du “try hard” une devise. Ici, l’important n’est pas tant le bolide sélectionné que la bonne trajectoire adoptée. Cette nouvelle version de Nations propose de retrouver ce qui a fait le succès du titre d’origine avec un pilotage simple, réactif, extrêmement précis qui ne laisse que peu de place à l’erreur. Chaque virage, dénivelé ou surface plus ou moins glissante peut engendrer une irrémédiable sortie de piste. Quant aux loopings, ils forcent toujours une caméra à la première personne, ce qui peut dérouter le tout-venant, sans mauvais jeu de mot. “Nous voulions concevoir une version avec plus de retours visuels pour les débutants, et également plus de physique” explique Florent Castelnérac, co-fondateur de Nadeo. Il faut reconnaître que les bonds sont nombreux, et que l’accélération doit plus que jamais être utilisée avec précaution. Sur la version preview testée, Nadeo a mis à notre disposition une vingtaine de pistes de la campagne, circuits toujours classés selon un code couleur. Ces courses contre la montre à la difficulté croissante comportent des blocs de surfaces distincts. RoadTech, qui vient directement du premier Trackmania, est assez plate et fait penser à un tracé futuriste de F1. RoadDirt, ensuite, fait la part belle à la terre battue, tandis que RoadBump dispose d’éléments mettant la physique à rude épreuve. RoadIce, enfin, met en avant la glissade sur des surfaces rappelant la banquise. Ce qu’il y a d’étonnant, c’est que malgré l’image de remake donnée à cette production, nous ne retrouvons pas les mêmes circuits que ceux de Nations. Les puristes seront en tout cas ravis d’apprendre que ce Trackmania ne s’encombre pas d’un biome Lagoon régulièrement critiqué depuis son apparition.

Cette envie de repartir sur de nouvelles bases malgré des fondations solides de 2006 se constate avant tout sur le nouveau véhicule présenté au joueur. D’un design plus élégant aux courbes définitivement modernes, le bolide recèle de multiples améliorations visuelles interagissant selon le pilotage de l’utilisateur. La place est indiquée sur la vitre arrière, alors que la vitesse se situe sur sa plaque d’immatriculation. Les entrées d’air se déploient pendant un saut, et les spoilers s’activent lorsque la voiture atteint une certaine vitesse. Soyons clairs, ces détails ne sauteront qu’aux yeux des fans acharnés. Avec un clavier sous les doigts, l'engin se dirige comme à la belle époque. L’impression de s’amuser à un ancien Trackmania est bien là, avec tous les bons comme les mauvais côtés que cela peut entraîner. Techniquement, le titre de Nadeo a bien évidemment évolué par rapport au jeu de 2006. Pour autant, cela ne veut pas dire qu'il est plus réaliste graphiquement. Les décors restent simples et font dans le figuratif, de l’aveu même des développeurs qui souhaitent qu’un élément annexe (arbre, montagne, etc.) soit immédiatement identifié comme tel. Cela engendre des dénivelés parfaitement lisibles à l'écran. Du côté de l’ambiance sonore, le son du moteur a été totalement refait et les musiques électroniques sont désormais composées par Elliot Callighan. Les morceaux correspondent plutôt bien à l’esprit du jeu, même s’il va falloir faire le deuil des artistes autrement plus renommés du label Ed Banger qui s’étaient invités dans l’épisode Turbo .

14 ans plus tard

Jouable aussi bien au clavier qu’avec un pad Xbox/PS4, Trackmania met comme à son habitude le joueur solo en relation avec d’autres fantômes afin de le pousser à améliorer ses temps. Bien que le gameplay du titre soit facile à appréhender, il se révèle plutôt difficile à haut niveau. “Easy to play, hard to master”, comme disent les habitués. L’équipe de Nadeo a décidé d’effectuer quelques menus changements dans le but de moins frustrer les pilotes en herbe. À chaque respawn par exemple, le joueur garde son meilleur fantôme, tandis qu’il conserve sa vitesse d’origine à chaque réapparition plutôt que de devoir repartir de 0 km/h. Un fignolage bienvenu afin d’aider l’utilisateur à s’entraîner mais qui mène parfois à des erreurs. Pendant notre essai par exemple, un des checkpoints pris juste avant un saut menait notre véhicule dans le décor.

La compétition, Trackmania l’a depuis longtemps dans son carburant. Cette édition 2020 compte pousser cet aspect grâce aux clubs. Comme le reconnaît l’équipe de développement, Trackmania se veut proche du football dans son aspect communautaire, avec des ligues professionnelles internationales et des compétitions entre amateurs locaux. L’éditeur de terrain est toujours de la partie avec de nouveaux blocs, ainsi qu’un stade plus grand pour des circuits comprenant toujours plus de pièges. En plus de l’éditeur de circuits et de voitures, Nadeo prévoit de livrer un créateur de replay donnant accès à différents outils pour mettre en avant ses meilleures performances. La plupart de ces options n’étaient pas débloquées dans notre version preview.

Le juste prix ?

Un des facteurs de la grande popularité de Trackmania Nations vient de sa gratuité. Ce "restart" va proposer un business modèle basé sur 3 offres. La première, intitulée “Starter”, sera gratuite et proposera le contenu de base du jeu, à savoir les épreuves solo/multi, une saison par trimestre, ainsi qu’un seul slot pour l’éditeur de circuits. La version “Standard” ajoutera des éléments compétitifs (entrer dans les espaces des clubs, tester en ligne ses circuits, etc.) contre 10 euros par an. Enfin, l’édition “Club” proposée à 30 euros par an (ou 60 euros sur trois ans) donnera un accès complet à toutes les fonctionnalités du jeu (création de clubs, rejoindre un club, outils de gestion, etc.). Les développeurs assurent qu’un soutien régulier sera établi par l’intermédiaire d’une nouvelle saison livrée tous les trimestres, mais aussi par la mise en avant régulière des meilleurs niveaux créés par la communauté. Un canal “Arcade” mettant en avant les modes créés par les joueurs (via une playlist), accessible aux joueurs “Starter”, est également au programme, ainsi que de nouveaux outils et fonctionnalités bonus nous promet-on. “Les membres de l'équipe initiale de Nadeo sont toujours là, mais entre la sortie de Trackmania Nations et aujourd’hui, nous avons cinq fois plus de développeurs” ajoute Florent Castelnérac. “Dans l’industrie, la mode c’est de faire toujours plus avec les suites. Nous, nous souhaitions revenir aux bases en combinant les talents” conclut-il.