Fermement ancrée dans le genre Shooter qu’elle a contribué à moderniser, la franchise Gears of War désormais entre les mains des studios The Coalition s’aventure en 2020 sur les terres du jeu de stratégie au tour par tour. Marcus Fenix et les Gears suivent ainsi les traces du Master Chief et des Spartans (Halo Wars, Halo Wars 2) et troquent pour un temps l’action pure et dure pour la réflexion. Mais Gears Tactics est-il en mesure de proposer une expérience diamétralement opposée tout en préservant l’ADN de la saga ?
L'avis de la rédaction en moins de 3 minutes
Confinement et pandémie oblige, Microsoft et The Coalition en la personne de Tyler Bielman (Publishing Design Director) ont organisé une présentation en ligne de Gears Tactics avant de nous faire parvenir une version en cours de développement couvrant le premier acte de la campagne pour une session de jeu d'une durée de 3 heures.
Un prologue stratégique
Gears Tactics situe son intrigue une décennie avant les événements de Gears of War. Dans cet préquel à la première trilogie, les joueurs sont invités à incarner Gabe Diaz et ses compagnons d’armes opposés aux premières émergences et plus particulièrement à un scientifique Locust, principal antagoniste de la campagne. Et si le nom de “Diaz” vous semble familier, c’est tout à fait normal. Le héros de ce spin-off tactique n’est nul autre que le père de l’héroïne de Gears 5. The Coalition préserve ainsi la continuité de la saga sans risquer de l’altérer, tout en liant par le sang cet épisode à la grande Histoire.
Le studio canadien met vraiment les petits plats dans les grands pour répondre aux attentes des fans. Les seules cinématiques dignes de ses autres productions AAA parlent d’elles-mêmes. Gears Tactics mise sur une réalisation de haute volée pour nous faire vivre un conflit qui ravage la planète Sera et pousse l’humanité au bord de l’extinction. L’ambiance Over the Top des précédents épisodes inspire la plume trempée dans l’essence des scénaristes qui n’hésitent jamais à forcer le trait pour faire de ce jeu de stratégie un “actioner” bourrin à la puissance évocatrice sur fond de punchlines fleuries. Suivre les aventures de Gabe Diaz, Sid Redburn et les autres Gears se fait tout naturellement et ravive les souvenirs d’une guerre débutée en 2006 sur Xbox 360.
Les visuels font également honneur à la série. Les artistes font preuve d’un sens affûté du détail et retrouvent cette fameuse direction artistique apocalyptique à la fois réaliste et sinistre qui a autrefois marqué les esprits. Il s’en dégage un sentiment renouvelé et omniprésent de fin du monde. Les décors, comme les situations, varient tout au long de la campagne. Des décombres d’un bâtiment gouvernemental plongé dans une obscurité bleutée à une cité en ruines baignées de lumière naturelle, l’aventure promet un dépaysement guerrier sur fond d’héroïsme humant comme il se doit la testostérone et la poudre à canon.
Une approche agressive du jeu de stratégie (gameplay commenté)
L'art de la guerre
Les amateurs de jeu de stratégie au tour par tour sont ici parachutés en terrain connu. The Coalition s’approprie une formule qui a fait ses preuves par le passé et grand bien lui en fasse. Loin de se contenter d’un simple copier-coller, le studio y injecte l’ADN de la franchise, à savoir la brutalité et l’intensité des affrontements. Gears Tactics opte pour une approche agressive faite de pourcentages de réussite, de synergie de groupe et d’attaques coordonnées. Les troupes sous votre commandement tiennent la ligne de front, repoussent un bestiaire Locust fidèle à la série et progressent en territoire ennemi la tronçonneuse au canon.
Tactical ou non, Gears Tactics n’oublie pas ses racines. Ainsi, le système de couverture et les glissades qui en découlent s'avèrent être des éléments centraux du gameplay, et dictent la majorité des décisions stratégiques. Le titre édité par Microsoft se permet plusieurs fantaisies et se différencie de la concurrence (la série moderne XCOM développée par Firaxis Games et édité par 2K Games en tête) en offrant une totale liberté de déplacement aux Gears. Pour cela, le studio supprime purement et simplement toute notion de grille quadrillant très souvent les environnements dans ce genre de jeu pour un résultat convaincant.
Gears Tactics parvient à dynamiser des affrontements, au tour par tour rappelons-le, en octroyant aux joueurs ainsi qu’à une intelligence artificielle retorse plusieurs points d’action par unité et par tour. Cette décision, qui n’a rien de révolutionnaire, intensifie un peu plus les combats. Cependant, ce sont bel et bien les exécutions, signature de la saga, qui donnent à ce spin-off tactique ce goût si particulier. Achever un ennemi, au-delà du simple plaisir bestial procuré, s’avère vital pour survivre. En efet, le jeu récompense la prise de risque par des points d’action à dépenser sur le champ, une mécanique essentielle pour décimer les troupes Locust.
Une victoire se décide parfois avant même de poser un pied sur le champ de bataille et Gears Tactics donne aux stratèges virtuels l’opportunité d’améliorer chaque unité recrutée. La réalisation de missions se traduit invariablement par une montée en puissance des Gears. Ces derniers débloquent de nouveaux équipements et apprennent de nouvelles compétences passives et/ou actives à mesure qu’ils survivent. Les stylistes en herbe peuvent aussi customiser de la tête aux pieds héros et troupes en modifiant à l’envie la couleur, le métal, la texture des armes et des armures pour un rendu tantôt sérieux, tantôt curieux, mais surtout personnel.
Un système complet de personnalisation (gameplay commenté)
The Coalition est en passe de tenir son pari. Le studio canadien pourrait bel et bien parvenir à faire cohabiter jeu de stratégie au tour par tour et franchise Gears of War, voire même à sublimer les deux. Gears Tactics s’inspire certes des maîtres du genre, mais s’émancipe en incorporant des éléments propres à la saga pour un résultat explosif où réflexion et action s’unissent face à la menace Locust. Cette campagne militaire à la réalisation soignée promet d’être intense, brutale et surtout à la hauteur des précédents Gears qui ont foulé le champ de bataille avant elle.