Le petit Ori a su se faire désirer. Après avoir séduit les joueurs de tous horizons s’amusant aussi bien sur Xbox que sur Switch, l'être au pelage blanc étincelant s'apprête à dépasser de nouvelles frontières. Dans cette suite initialement annoncée à l'E3 2017, les courageux aventuriers vont une fois de plus verser des larmes. De hargne, tout d'abord, à cause d'un challenge relevé. D'émotion, ensuite, grâce à un univers poétique peuplé de personnages attachants. Il nous reste à vérifier si la nouvelle histoire contée par Moon Studios peut se lire au plus-que-parfait.
Notre video-preview de Ori and the Will of the Wisps
Lors d'un Press Tour organisé par Microsoft à Londres, nous avons pu jouer pendant plus de 3 heures à Ori and the Will of the Wisps. La démo s'effectuait sur PC, en difficulté "normale". Les screenshots de cet article proviennent directement de nos captures.
Les animaux du bois de 4K'sous
The Will of the Wisps débute de la même manière que Blind Forest. En alternant séquences jouables et cinématiques bourrées d'ellipses, Moon Studios réussit à faire les présentations avec autant de maestria qu'à l'époque. Alors qu'ils mènent ensemble une vie paisible, Naru, Gumo et Ori s'occupent de Ku, dont l'existence fut introduite à la fin du premier épisode. La petite chouette grandit vite et n'a bientôt qu'une idée derrière le bec : voler de ses propres ailes. Un souhait qui mènera la fine équipe sur des terres remplies de dangers bien loin du cocon familial. Les premières minutes de l'aventure exposent un jeu d’une beauté monstrueuse, en 4K et en 60 images par seconde (sur PC et normalement Xbox One X). Nous n’en attendions pas moins de Moon Studios. Le rendu est tellement joli que les détails graphiques empêchent parfois une lisibilité optimale, un défaut qui était déjà reproché à son illustre grand frère. Les développeurs ont pourtant fait des efforts afin d'améliorer la perception de ce qui se déroule à l'écran. Ils ont ajouté plusieurs lightmaps par textures, et semblent avoir légèrement augmenté l’effet de flou sur les éléments de l’arrière-plan. Cela n'est cependant pas toujours suffisant pour sortir d'une situation délicate sans perdre quelques points de vie.
Heureusement, il n’y a pas que des dangers dans cette forêt étouffante. Contrairement au premier épisode, des créatures amicales avec qui il est possible de discuter rôdent dans les bois. Certaines en ont après votre porte-monnaie, d'autres réquisitionnent votre courage. Que ce soit pour se procurer des améliorations, des morceaux de la carte du monde ou simplement pour débloquer des quêtes annexes, il est toujours utile de parler aux âmes errantes qui peuplent les lieux. Les missions secondaires nous ont paru un poil simpliste, avec la plupart du temps des objets égarés à retrouver. Il est néanmoins possible de construire différentes installations dans des villages, ou de participer à des combats contre des vagues de plus en plus puissantes d'adversaires. Des courses sont également accessibles, qui permettront aux amoureux de Speedruns d'affronter les fantômes d'autres joueurs. Ces divers ajouts viennent de l'envie des designers de Moon Studios d'apporter des couches supplémentaires au mode histoire afin de faire revenir les aventuriers une fois la quête principale bouclée.
Le Kuro bordé de nouilles
Le défi qui attend le joueur est au moins aussi grand que celui que s'est imposé l'équipe de Moon Studios dans sa quête du Ori ultime. “Nous ne voulions pas juste faire une simple suite avec quelques améliorations” explique Daniel Smith, Senior Producer chez Xbox Game Studios. “Nous souhaitons que les joueurs aient de bonnes raisons de revenir”. Les deux bouleversements majeurs dans le gameplay viennent du système de combat et celui de compétences. Les affrontements gagnent en vélocité grâce à l’arrivée d’une épée télescopique bien plus efficace que l’éclat de lumière du précédent volet. Les ennemis s’enchaînent désormais avec des combos puissants par l’intermédiaire d’attaques dirigées vers le sol ou le ciel. Associée à l’arc qui se dégotte un peu plus loin dans l’aventure, la Spirit Edge est un ajout qui prend la forme d’un véritable atout.
En ce qui concerne les compétences, Ori bénéficie d’une nouvelle manière d’évoluer. Auparavant, les orbes d’expérience ramassés chargeaient une jauge qui octroyait des points à dépenser contre des améliorations aux endroits où il était possible de sauvegarder. Désormais, les orbes comptent comme de la monnaie à échanger contre des pouvoirs et des améliorations auprès des PNJ. À l’instar d’Hollow Knight , les cartes sont à acheter, et le pouvoir de régénération est une compétence à part entière. Ces dernières sont à équiper à tout moment, afin que trois d’entre elles soient toujours immédiatement accessibles par le joueur via les touches “X”, “Y” et “B”. Il est par exemple possible de débloquer des pouvoirs engendrant une aura enflammée, ou d'ajouter un marteau destructeur dans les petits bras d’Ori. Une arme dont la puissance est plus à même de détruire les lourdes carapaces de certains types d’adversaires. La capacité vitale, elle, augmente en trouvant les cellules dédiées. À titre informatif, en difficulté normale, l’utilisateur n’a plus à gérer ses points de sauvegarde. En cas de mort, il récupère sa partie au checkpoint précédent.
Un retour en pleine (plate) forme
De son combat contre Kuro (la chouette des ténèbres), Ori n’a gardé qu'une séquelle, mais pas des moindres : il a perdu tous ses pouvoirs. Will of the Wisps requiert de regagner chacune des facultés auparavant maîtrisées dans Blind Forest. Même les plus basiques, à l’image du double-saut et de l'attaque directe. Sur les trois premières heures, le soft nous abreuve de quêtes annexes, de donjons machiavéliques, de pouvoirs et de séquences de fuite. Les déplacements font la part belle aux esquives rapides, et aux surfaces sur lesquelles accrocher le grappin flambant neuf. Les tableaux demandent d’utiliser la physique à bon escient, afin de propulser le personnage suffisamment haut dans les airs ou de placer une pierre à l’endroit envisagé, par exemple.
Si le titre de Moon Studios arrive à garder un tel degré d’intensité tout au long de son périple, alors nous tiendrons l’un des Metroidvania les plus intenses de cette génération. Cela ne veut pas dire pour autant que la progression se fait aisément. Les allers-retours sont présents et il n’est pas toujours facile de comprendre où le jeu nous encourage à aller. Comme le veut le genre, il est tout à fait possible de se perdre dans Ori and the Will of the Wisps, et de tourner en rond à cause d’un élément bien caché ou d’un chemin que nous aurions juré impraticable. Pendant notre essai, nous avons perdu beaucoup de temps dans l'ascencion d'une sorte de moulin. La carte pas toujours très claire dans la manière d'accéder aux objectifs n'était alors d'aucune aide.
Moon Studios nous a avoué qu'un twist scénaristique important était au programme durant l’aventure. Tout ce que nous pouvons vous dire aujourd’hui, c’est qu’Ori n’est pas le seul personnage jouable de cette épopée.
En cinq ans, la petite pousse du Metroidvania a bien grandi. Ori frappe plus fort, va plus vite et peut compter sur tout un tas de nouveaux adjuvants pour progresser. Dans cet univers plus grand que celui d’origine, l’accent est mis sur les déplacements rapides aussi bien horizontalement (esquive) que verticalement (grappin). De l'été à l'automne, de la forêt à la montagne, Ori nous a enchantés avec sa réalisation de premier ordre et ses grands rouages qui se mettent en place, même si nous nous sommes retrouvés bloqués à cause de quelques soucis de lisibilité. Il ne reste plus qu’à attendre le 11 mars pour s’assurer que les quelques petits bugs rencontrés ont bien été corrigés, et que l’aventure s’envole bien vers des hauteurs insoupçonnées.