Ghost Games, studio suédois responsable de Need for Speed depuis Rivals, fait à nouveau ronronner le moteur de la franchise motorisée d’Electronic Arts suite à Payback, un épisode perfectible ne sachant finalement sur quel amortisseur danser. NFS Heat prend la route deux ans plus tard avec une vision personnel du jeu de course en monde ouvert. Cette nouvelle itération a-t-elle le potentiel de franchir la ligne d’arrivée en vainqueur ?
Les impressions de la rédaction en 3 minutes
Lors d’un événement organisé par Electronic Arts dans ses locaux situés à Guildford au Royaume-Uni, les équipes de Ghost Games nous ont présentés Need for Speed Heat avant de nous placer derrière le volant durant une session de jeu dépassant facilement les 4 heures sur PlayStation 4 Pro.
Shérif, fais-moi peur
Ghost Games ne réitère pas les erreurs de Payback. Le jeu d’EA mise sur un récit “prétexte” et une narration minimaliste pour justifier le contexte de Heat à l’image de sa séquence d’introduction introduisant les principaux antagonistes… à savoir les forces de l’ordre. Une cinématique et une course suffisent amplement à planter le décor avant de s’autoriser une ellipse narrative de plusieurs mois. NFS Heat délaisse donc les transitions stylisées en cours de missions ainsi que tout approche cinématographique et se contente simplement de dérouler son scénario. Un mal pour un bien car dans les faits, cette décision fluidifie une aventure nécessitant 8 à 10 heures en ligne droite pour se terminer.
Need for Speed Heat troque le désert urbain de Fortune Valley pour les rives ensoleillées de Palm City. Cette citée balnéaire fictive fortement inspirée de Miami dans l’état de Floride souffre d’une criminalité omniprésente et d’une forte corruption dans les rangs de la Police. En journée, le calme règne en ville… mais une fois le soleil sous l’horizon les moteurs ainsi que les esprits s’échauffent. Palm City brille alors de milles et un phares créant un saisissant contraste aussi bien visuel que ludique entre le jour et la nuit… deux phases de jeu aux règles et aux missions distinctes.
Ghost Games scinde littéralement l’expérience en deux. Le jour est synonyme d’exploration, de balade grisante et de courses parfaitement légales dans les rues de la ville. La Police laisse les pilotes s’exprimer, remplir différentes missions et découvrir la carte sans trop intervenir. La nuit, par contre, les forces de l’ordre appliquent une justice expéditive n’hésitant jamais à envoyer les criminels ad patres à +200km/h. Des joutes mécanisées illégale s’organisent sur tout le territoire et mettent à l’épreuve l'autorité corrompue de Palm City.
Cette citée nord-américaine tire son épingle du jeu, particulièrement sous l’astre lunaire, et vit au rythme d’une météo dynamique ne lésinant jamais sur les intempéries pour épicer les courses. En plein jour, Palm City brûle sous le feu d’une lumière parfois excessive adoucie par des nuages finalement bienvenus. Au contraire, la cité s’épanouit à la nuit tombée. Les lumières répondent à l’humidité ambiante et aux multiples reflets pour concevoir un environnement colorée et plaisant à parcourir. Ghost Games a toujours su rendre une copie soignée, malgré un aliasing et un clipping présent.
Une Ferrari F40 pour défier les nuits de Palm City
A tombeau ouvert
Need for Speed Heat ne renie pas les enseignement de ses aînés, conserve l’approche “Arcade” si chère à la saga, mais gomme certains défauts récurrents. Le pilotage repose toujours sur le dérapage et la gestion des gaz à chaque virage serré. Partir en travers et déguster une courbe avant de balancer la nitro au moindre bout de ligne droite… les petits plaisirs de NFS se sont donnés rendez-vous à Palm City. De plus, la sensation de vitesse, estimée faible dans Payback, est renforcée.
Les véhicules traversent l’environnement à tout berzingue et avalent des kilomètres d’asphalte en se frayant un chemin dans une circulation peu dense en général. Les développeurs accentuent également le sentiment de poids et modifient ostensiblement le centre de gravité de chaque véhicule pour plus de crédibilité. Les retours visuels et sonores accroissent ce sentiment grisant de contrôle pouvant abandonner le pilote sûr de lui au moindre écart pour finir sa course effrénée dans le fossé.
Les accidents et autres froissages de taule forcent les joueurs à retourner prématurément au garage et à écourter leur sortie en ville. Les véhicules ne sont pas indestructibles, en témoignent les dégâts visuels accumulés. Une fois la barre de “santé” proche de zéro, le retour au bercail s’impose, à moins de dénicher une station service avant l’impact fatidique afin d'effectuer quelques réparations. Les dégâts n’ont cependant aucune incidence sur le gameplay. Neuf et lustré ou détruit et sale… le comportement du bolide demeure exactement le même peu importe son état.
Une Coccinelle pour prouver sa dextérité en plein jour
Pimp my ride
La franchise Need for Speed franchit un cap en terme de personnalisation avec Heat. Le nombre de véhicules disponibles au lancement annonce la couleur. 130 bolides composent un garage exhaustif allant de la Coccinelle à la Ferrari F40 en passant par l’Aston Martin DB5 et le pickup Chevrolet. Aussi belle soit l’acquisition, le plaisir coupable dans un NFS réside dans la modification ostentatoire ou non des véhicules précédemment cités et dans ce domaine, Ghost Games appuie sur le champignon.
Pour participer aux différentes courses et défis parsemant Palm City, le rookie incarné par le joueur doit monter en puissance et cette puissance se traduit naturellement par des voitures toujours plus performantes. Ces performances indiquées par un niveau allant de 100 à 350 sont boostées en modifiant les différentes pièces du moteur, de la transmission, du châssis et des auxiliaires. Le style importe également et les options de customisation pour modifier l’aspect visuel ne manquent pas. Il est tout à fait possible de passer des heures dans le garage à poser des stickers et à peaufiner le look de sa Subaru Impreza pour le simple plaisir des yeux.
Toute cette débauche de créativité et d’ajustements mécaniques requièrent argent et renommée. Alors que les épreuves de jour épaississent votre portefeuille, celles de nuit augmentent votre niveau de réputation… ce qui débloque à terme pièces et véhicules. Les confrontations avec la police et la destruction de leurs forces d’interception s’ajoutent aux opportunités pour graver à jamais votre nom dans le bitume de Palm City et ainsi vous procurer la voiture de vos rêves.
Personnalisation à l'extrême d'une Volkswagen Beetle
Need for Speed Heat est un jeu de course généreux pétri de bonnes intentions qui devra impérativement faire ses preuves sur la durée. Les sensations de conduite et la personnalisation des véhicules étonnent et séduisent. Cependant, la redondance des missions et le scénario prétexte pourraient ternir une expérience aux visuels nocturnes aguicheurs, malgré quelques dérapages techniques.