Se déroulant dans les contrées du Royaume de France au Moyen Âge, l’énigmatique A Plague Tale : Innocence s’est laissé approcher pendant trois heures durant lesquelles nous avons terminé les quatre premiers chapitres de l’aventure. De quoi nous rendre compte d’un aspect narratif très présent rythmant un périple fait d’infiltration et de fuite. Dans la peau de la jeune Amicia, nous avons parcouru des décors médiévaux pour mieux y déceler des références bien actuelles. La bonne nouvelle, c’est que pour le moment, l’alchimie fonctionne diablement bien.
A Plague Tale : Innocence, nos impressions en 3 minutes
♫ Prendre un enfant par la main ♫
Annoncé en 2017 par le studio bordelais Asobo, A Plague Tale : Innocence continue de se dévoiler et ne laisse cette fois-ci plus aucun doute sur ses intentions de raconter une histoire qui prend aux tripes. Prenant place en 1348 alors que la peste ravage le Royaume de France, la mésaventure de la jeune Amicia débute en forêt. Accompagnée de son père, elle souhaite prouver qu’elle est une guerrière émérite digne de confiance. Cette quête de reconnaissance, voire d’émancipation, est un des thèmes principaux du jeu édité par Focus Home Interactive. Déjà parce que l’héroïne va devoir apprendre à utiliser ses capacités pour survivre dans un monde hostile loin de ses racines, mais aussi car elle est en charge de son petit frère, Hugo, lui aussi amené à évoluer lors de la chasse à l’homme organisée par l’Inquisition. Au début boulet accroché à la main de sa grande soeur, le cadet s’est révélé au cours de notre partie de plus en plus indépendant.
Dans ses premières heures de jeu, A Plague Tale : Innocence ne joue pas vraiment sur la complémentarité entre le frère et la soeur, bien que le petit dernier puisse s'engouffrer dans des endroits exigus sur demande. C’est avant tout sur Amicia que repose la survie du duo, et plus particulièrement sur ses talents liés à la furtivité. La grande soeur a la faculté de ramasser comme de concevoir différents objets de jet utiles aux nombreuses phases d’infiltration. L’objectif est d’obliger les gardes à se déplacer en faisant du bruit grâce, par exemple, à un vase bien lancé. À l’endroit de l’impact prévu, une flèche jaune indique quel soldat sera attiré par le son de casse. L’environnement regorge d’éléments capables d’alerter des patrouilleurs, et un simple jet de pierres sur des éléments métalliques suffit à alerter un ennemi se trouvant à proximité. C’est donc un véritable jeu du chat et de la souris qui se joue dans les hautes herbes de ce Royaume de France dévasté par la maladie.
Malgré l’aspect narratif très développé et une mise en scène inspirée des productions Naughty Dog (avec ses caméras qui, après une cinématique, se replacent derrière le personnage pour rendre la main proprement), le titre d’Asobo Studio n’hésite pas à afficher des indications visuelles. Les gardes disposent d’une jauge d’alerte affichée au-dessus de leur tête, tandis que les objets importants brillent, ou encore que les bordures de l’écran s’éclairent discrètement pour indiquer l’emplacement d’un adversaire.
Morsures et mort certaine
Pourtant largement mis en avant dans les différentes vidéos de cette production, les rats n’apparaissent qu’au troisième chapitre. Ces bestioles affamées se déplacent de manière tellement dense que l’on jurerait assister à un défilé de Krylls, sauf que là les créatures sont condamnées à rester au sol. Cette analogie avec les créatures de Gears of War n’est pas anodine, puisque les rats craignent le feu comme les petits démons précédemment cités ont horreur de la lumière. Une des séquences demandant de déplacer un chariot enflammé afin de se frayer un chemin au milieu de la horde de rongeurs nous a rappelé un célèbre passage aux commandes de Marcus Fenix. Les rats détestent la lumière mais adorent la nourriture. Un morceau de viande habilement décroché d’un plafond grâce à la fronde de l’héroïne fait une efficace diversion. Cette même fronde peut être utilisée pour tuer des adversaires d’un caillou dans le visage, pour peu qu’elle ait été améliorée par l’intermédiaire d’un des nombreux établis du jeu. Car oui, tout au long de son périple, Amicia ramasse diverses ressources (cuir, corde, liquide, etc.) utiles à des productions potentiellement salvatrices (poche, sac de munitions, équipement pour être plus silencieuse, entre autres).
Même si nous avons joué à une version avec des voix anglaises et des textes en Français, Asobo Studio nous assure que la version française définitive comportera bien des voix dans la langue de Molière.
Dans sa construction globale, A Plague Tale : Innocence nous a étrangement fait penser à Beyond Good & Evil. Cela s’explique par le fait que le titre de Focus Home Interactive alterne les séquences d’infiltration et celles très scénarisées de fuite pure qui obligent le joueur à trouver le bon chemin rapidement. Ces passages, stressants, sont mis en valeur par une bande son signée Olivier Derivière tout bonnement fabuleuse. Malgré le grand soin apporté à l’ambiance, A Plague Tale : Innocence ne semble pas cacher son côté dirigiste, peut-être accentué par le fait que nous n’avons joué qu’aux quatre premiers chapitres de l’aventure sur les 17 promis. Pour le moment, nous avons eu l’impression de suivre un grand chemin très balisé, où les arènes pensées pour l’infiltration et la fuite étaient entrecoupées de passages à pied plus contemplatifs sur des routes aux jolis paysages. Le résultat nous paraît pour le moment efficace, mais il faudra évidemment juger sur la longueur. Les énigmes à base de blocs à déplacer et de sources lumineuses à activer ne sont pas non-plus vraiment originales. Elles s’intègrent néanmoins bien aux situations exposées.
Au milieu des hordes de rats batifolant dans les coins sombres du Royaume De France, la torche tenue par Amicia brille fort. Nos premières heures passées sur A Plague Tale : Innocence révèlent une construction assez classique mais réussie. Tourné vers la narration sans pour autant mettre de côté les mécaniques de jeu, le titre conçu par Asobo Studio dispose d’une très bonne ambiance englobant un parcours peut-être trop balisé. À l’image de ce combat de boss où l’héroïne doit se servir de sa fronde pour tirer à des endroits précis sur l’armure de son bourreau, A Plague Tale : Innocence vise juste, du moins pour le moment. Nous espérons que l’aspect infiltration plutôt simple ne se révélera pas trop redondant sur la longueur, et que les énigmes sauront se renouveler avec une certaine originalité.