Dans les années 1990, les Grand Theft Auto font plus parler d’eux à cause de leur violence jugée gratuite que par leurs qualités ludiques. Tout change en 2001 avec la révolution GTA 3, dont le succès retentissant poussera Take-Two et DMA Design (alors renommé Rockstar North) à sortir deux autres épisodes dans la foulée : GTA Vice City et GTA San Andreas. Nous fêtons justement les 20 ans de ce dernier !
Les princes de la ville
En 1997 et en 1999, quand les deux premiers Grand Theft Auto débarquent dans nos boutiques de jeux vidéo, certains médias généralistes avertissent les parents que les titres de DMA Design pourraient rendre leurs enfants violents. Cette accusation repose sur le fait que dans GTA, le joueur incarne une crapule et gagne des points bonus en effectuant des carambolages, en écrasant les piétons ou en tuant des policiers. Cette réputation sordide causée par un aspect politiquement incorrect a joué un rôle dans le succès de la franchise auprès d’un public prêt à passer du côté obscur de la force, tout du moins le temps de quelques parties. C’est seulement deux ans après GTA 2 que le studio accouche d’une œuvre qui a profondément marqué l’histoire du jeu vidéo grâce à ses réelles qualités ludiques.
Sorti au mois d’octobre 2001, GTA 3 a donné une nouvelle dimension au genre, dans tous les sens du terme. Le soft est passé en full 3D et a utilisé une vue à la troisième personne en accord avec son époque. Cette nouvelle caméra a apporté un sentiment d’immersion ahurissant : le joueur a enfin l’opportunité de se perdre dans une ville gigantesque et faire (presque) tout ce que bon lui semble, même si c’est mal. Les possibilités offertes étaient tellement nombreuses que GTA 3 est parvenu à lancer la mode des jeux en monde ouvert “sandbox”. Le New York Times n’y est pas allé par quatre chemins et a écrit que le soft était un des jeux “les plus influents et les plus réussis jamais réalisés”.
Bien que la forme ait beaucoup changé et que les activités à faire en ville aient évolué, le fond restait le même. L’aventurier incarnait toujours un gangster à la recherche de petits boulots plus ou moins honnêtes. Néanmoins, par rapport aux deux premiers volets, GTA 3 fut largement plus scénarisé. L’histoire s’inspirait de diverses références cinématographiques en mettant sous le feu des projecteurs (et des flingues) des personnages ayant une véritable personnalité. C’est à partir de GTA 3 que la narration prit une place importante dans la série. C’est justement ce point qui s’est retrouvé particulièrement mis en avant dans Grand Theft Auto : San Andreas, après un opus sous-titré Vice City qui a lui aussi fait du bruit.
San Andreas peut-être, mais avec des évolutions
Sorti le 26 octobre 2004, GTA San Andreas s’intéresse à un ancien membre de gang, Carl Johnson, alias C.J, qui revient dans son quartier de naissance pour enterrer sa mère exécutée par une bande rivale. La ville qui l’a vu grandir va de nouveau trembler : embrigadé dans de sales histoires de flics corrompus, empêtré dans des affaires familiales complexes et piégé dans une guerre de gangs qui ne s’arrête jamais, notre héros va faire couler du sang et cabosser tout ce qui lui passe sous la main. Alors que Vice City avait déjà monté d’un cran sa narration, San Andreas fait encore mieux en plongeant le joueur au milieu d'une quête de puissance instaurée par les caïds de la cité où il est impératif de jouer sur plusieurs tableaux sans éveiller les soupçons. Pour survivre, le petit voyou venu dire un dernier adieu à sa mère doit s’imposer comme l'un des principaux dirigeants de Los Santos et de ses environs, bon gré mal gré.
Cet épisode est particulièrement aimé des fans non seulement grâce à son histoire, mais aussi et surtout pour tout ce qu’il y a à faire manette entre les mains. Ici, il n’y a pas qu’une seule agglomération à visiter, mais bien trois avec Los Santos, une sorte de Los Angeles (disposant d'une réplique du Convention Center, oui oui), San Fierro, ersatz de San Francisco et Las Venturas, inspirée de Las Vegas. Plus que jamais, San Andreas est bourré de choses à faire avec des activités toujours plus nombreuses, dont certaines sont inédites comme les tricks en BMX, les jeux d'arcade auxquels on peut jouer (contrairement à ceux de Vice City), les danses en boîte de nuit ou encore les paris sportifs. De plus, à l’image de ce que l’on retrouve dans les RPG, notre héros voit ses statistiques changer en fonction des actions entreprises, et il est possible de modifier son apparence (cheveux, vêtements, etc.). De nouveaux véhicules sont également mis à la disposition de C.J avec des tracteurs-tondeuses, des vélos, des hovercrafts, des monster trucks, mais aussi des jet-packs.
C’est toujours un succès
Malgré le peu d’évolutions graphiques entre Vice City et cet épisode, une IA qui peine toujours à réagir de manière vraiment intelligente et divers bugs présents, GTA San Andreas fait une fois de plus un carton, que ce soit du côté de la presse spécialisée ou du côté des joueurs. Récompensé d’un superbe 95/100 sur Metacritic, le titre s'est vendu à 4,5 millions d'exemplaires au cours de sa première semaine, faisant mieux que Vice CIty de 45 %. Malgré une sortie le 26 octobre 2004, San Andreas est le jeu le plus vendu en 2004. En avril 2008, il devient le soft le plus distribué aux États-Unis, ainsi que le jeu le plus vendu de la PlayStation 2. Les ventes mondiales atteignent les 12 millions d’unités en mars 2005, et plus de 27 millions en 2011. Un incroyable succès que les péripéties du mod Hot Coffee n’ont pas réussi à étouffer : il est aujourd’hui à la troisième place des GTA les plus vendus au monde, derrière le quatrième et le cinquième volet. Joyeux anniversaire, GTA San Andreas ! 20 ans… déjà.