Grand Theft Auto VI est déjà un phénomène planétaire alors que nous n’avons que peu d’informations officielles à son sujet. Sa date de sortie n’inquiète pas que les fans, soucieux de voir émerger un report : les géants du jeu vidéo savent qu’il faut absolument éviter de se trouver sur le chemin de Rockstar quand leur fameux titre roulera sur les charts. Pour certains studios, c’est même une histoire de survie.
Par ici la sortie
Il n’est plus possible de le nier. Que l’on aime la série ou non, que l’on apprécie sa violence ou qu’on la rejette, le prochain épisode de GTA affole déjà les compteurs. Placé en première place des attentes des joueurs sur de nombreux sites, le titre de Rockstar s'apprête à secouer la planète jeux vidéo en détruisant tous les précédents records. Rendez-vous compte, depuis sa mise en ligne le 5 décembre 2023, le seul et unique trailer du jeu a cumulé plus de 211 millions de vues sur YouTube ! Un chiffre absolument titanesque qui annonce un séisme sans précédent au moment de sa sortie. Quand bien même cette dernière serait fixée à un vague “2025” par Take-Two, les fans s’inquiètent déjà d’un éventuel report. Le journaliste de Bloomberg Jason Schreier a rappelé que même s’il détient des informations rassurantes, “c'est un grand jeu ambitieux qui pourrait très bien prendre du retard”. “Il reste trop de temps pour dire quoi que ce soit de définitif” a-t-il renchéri.
Bien sûr, la date de sortie précise de GTA 6 intéresse des joueurs déjà impatients de retourner (à) Vice City. Ce ne sont pas les seuls. Les géants du jeu vidéo aimeraient bien que Take-Two grave une échéance dans le marbre sans possibilité de revenir sur sa décision. Le couple de braqueurs, qui semble faire partie des protagonistes principaux de l'aventure, effraie les banquiers… ceux des groupes concurrents. Se trouver face au soft le plus attendu de tous les temps n’est pas simplement risqué. Lorsque l’on connaît les coûts de production des jeux aujourd’hui, s’élevant approximativement autour des 300 millions de dollars pour un AAA, on sait que le moindre faux pas peut s’avérer fatal pour un studio. Même avec des budgets moindres pour leurs projets, Tango Gameworks, Arkane Austin et Pixel Opus ont dû fermer leurs portes suite à des résultats jugés peu satisfaisants par Microsoft/Sony. Aujourd’hui, les objectifs non atteints de l’open world Star Wars Outlaws font dangereusement vaciller Ubisoft, malgré son statut d’éditeur important dans le paysage du gaming.
Le choix dans la date
À une époque où ceux qui font le marché du JV tentent de rationaliser les coûts et veulent prendre de moins en moins de risques, plus rien ne doit être laissé au hasard. Bien sûr, les dates de sortie ont toujours été importantes. L’année dernière, Jacob Navok, directeur du développement commercial de Square Enix de 2010 à 2015, expliquait que les sorties de jeux ont longtemps été basées sur le modèle hollywoodien. “Nous examinions la sortie d'un Hitman ou d'un Deus Ex et nous nous demandions si un Call of Duty ou un Assassin's Creed arrivait à la même époque, en partant du principe que les joueurs avaient X dollars à dépenser et Y dollars de temps” expliquait-il. Le problème, c’est que tout a changé en 2015 avec l’arrivée de Fortnite. Désormais, les “vieux” jeux continuent de faire dépenser de l’argent et à faire “perdre” du temps aux joueurs. Malgré le poids des âges, Fortnite, Minecraft, mais aussi GTA Online continuent de bien se porter. Au détriment d’autres titres qui aimeraient connaître, eux aussi, la gloire.
En outre, l’histoire du jeu vidéo est jalonnée d'œuvres vidéoludiques qui n’ont pas rencontré le succès escompté en partie à cause de dates de sortie menant à des chocs frontaux. Nous nous rappelons encore du premier Alan Wake qui s’est retrouvé fusillé par Red Dead Redemption, puis de Titanfall 2 qui n’a pas survécu à la prise en tenaille entre Battlefield 1 d’un côté et Call of Duty : Infinite Warfare de l’autre. Les exemples sont nombreux avec, entre autres, Everquest 2 éclipsé par World of Warcraft ou encore Battleborn détruit par Overwatch. Certains diront que Horizon : Forbidden West aurait pu faire de meilleurs scores s’il ne s’était pas retrouvé dans l’ombre d’Elden Ring, sacré jeu de l’année aux Game Awards 2022. Quand Ubisoft a repoussé Assassin’s Creed Shadows au 14 février 2025, certains experts se sont inquiétés de la proximité de la date de sortie avec celle de Monster Hunter Wilds, prévu le 28 février 2025. Il faut reconnaître qu’avec des jeux tels que Kingdom Come: Deliverance 2, Civilization 7, Death Stranding 2 : On the Beach, Doom : The Dark Ages, Fable, Metroid Prime 4 : Beyond, Ghost of Yotei, Pokemon Legends : Z-A, et, bien sûr, GTA 6, l’année 2025 semble déjà encombrée.
Un mal pour un bien ?
Rockstar est donc attendu au tournant non seulement par les joueurs, mais aussi par les développeurs, les éditeurs et les constructeurs. Matt Booty, le patron des studios Xbox, a d'ailleurs profité des récents événements estivaux liés au monde du jeu vidéo pour jeter un pavé dans la mare en déclarant que “bien sûr, les nombreux acteurs de l'industrie vont définir leurs plannings en fonction de GTA 6”. Le soft édité par Take-Two fait définitivement figure d’épouvantail pour ses concurrents. Cependant, Yves Guillemot, le PDG d'Ubisoft, préfère relativiser. Au mois de juillet 2024, lors de la publication de ses résultats financiers, le groupe français a insisté sur les bienfaits de l’aura de GTA, plutôt que de s’étendre sur les préjudices. “Nous constatons généralement que lorsque GTA est disponible, davantage de personnes viennent jouer. C'est donc généralement positif pour l'ensemble du marché et les autres jeux qui sont disponibles pendant cette période se portent très bien également” a souligné l’éditeur d’Assassin’s Creed. Avant de conclure : “nous avons eu de très bonnes ventes quand GTA V est arrivé et aussi quand ils ont fait un remaster sur les nouvelles consoles”.