Vous appréciez être avachi devant le 100ème épisode des Experts à Miami, admirer le brushing de Fox Mulder de X Files et feuilleter les théories du complot du moment ? vous n’aurez certainement pas envie de manquer la petite sensation qu’est actuellement The Operator, une expérience courte, concise et surprenante née dans notre nid français. Sur Steam, le premier jeu du studio Bureau 81 est en ce moment couvert d’éloges ; “Ce jeu est un pur chef d'œuvre, digne d'une réalisation cinématographique !”, “Que dire... Le meilleur jeu indé de cette année de loin ? Oui” peut-on lire parmi une myriade de compliments étalés dans la page des commentaires. Le jour de sa sortie, le titre culmine non sans surprise plus de 15 000 ventes en moins de 48h, hérite d'une place méritée dans le top 3 mondial. Il trouve même du soutien auprès d'indienova, éditeur chinois qui l'aide à toucher les foyers internationaux, avec succès. Si votre genre de jeu préféré est celui qui vous place face à un système d'exploitation fictif, vous êtes au bon endroit. Et si vous espérez chaque jour l'arrivée d'une expérience qui vous rappelera vos beaux moments passés sur Her Story de Sam Barlow, ne quittez cette page sous aucun prétexte.

1er jour à votre job de rêve

C’est votre premier jour en tant qu’opérateur au FDI et on vous met entre les mains un logiciel de pointe qui va exaucer toutes vos ambitions cachées d’enquêteurs en herbe : traquer des criminels, éplucher des enregistrements vidéo suspects et identifier des coupables en analysant les quelques pixels de leurs visages que vous êtes parvenu à dénicher sur des images de surveillance ; “Quand nos agents de terrain ont besoin d'assistance, c'est vous qu'ils appellent”, résume très bien la page Steam du jeu. Vous êtes les petites mains des courageux qui oeuvrent sur le terrain, mais une grande partie du mérite vous revient.

Un programme bien palpitant, qui se confronte très tôt à quelques déconvenues vraiment ennuyantes (mais pas pour le joueur) : un hacker mène la vie dure aux services secrets et les affaires sur lesquelles vous planchez commencent doucement à s'engouffrer dans des histoires d’ovni qui sentent le roussi. On vous avez prévenus, cette histoire d'enquête n'a en fait rien de traditionnel et renferme une conspiration plus profonde que vous vous languirez de dévoiler. Aussi lors de votre première affaire, vous recevez une liste. Sur cette liste, une centaine de noms, la plupart rayés, quelques-uns encerclés, mais l'un d'entre est étrangement censuré. Pourquoi ? A vous de le découvrir.

4h de pur bonheur

A votre disposition, tout un tas de programmes forts amusants : un analyseur d'images et d'échantillons chimiques, une base de données des citoyens et des véhicules, un bloc-notes, et même un terminal. Et si vous pensiez gérer une interface un peu rigide et exécuter des tâches sommaires machinalement durant vos quelques heures de jeu sur The Operator, vous allez aimer être surpris. C’est que le soft, au-delà de la séduisante proposition de nous glisser dans la peau de Penelope Garcia d’Esprits Criminels, se distingue par un sens de la narration sacrément maîtrisé. Ainsi s’il s’avère déjà être très agréable de jouer les entremetteurs pour les agents en fouinant dans chaque dossier confidentiel qu’ils vous transfèrent depuis les scènes de crime, se laisser porter par une poignée de rebondissements est d’autant plus plaisant. Le rythme est vraiment si bien maintenu que les heures paraissent être des minutes et le jeu peut même de targuer de s’achever avec finesse.

The Operator fournit par ailleurs un travail de sound design impeccable qui pallie sans aucun mal l’absence de visuels du jeu autre que l’interface. Quand la journée de boulot s’achève, l’écran nous laisse dans une pénombre un peu brumeuse, dans laquelle les bruits de pas de notre agent, ses soupirs et le claquement des bouteilles de bière qu’il s’enfile narre avec brio et originalité la suite de la vie hors des bureaux. Ajoutons à cela des performances de doublage absolument excellentes.

Seul regret : on aurait aimé mener plus l’enquête. Les mécaniques sont variées, de l'analyse d'image à la recherche de composants, mais il aurait été plaisant de les exploiter davantage, et de se creuser les méninges quelques heures supplémentaires, peut-être sur des cas individuels qui auraient eu toute leur place ici. The Operator a clairement le potentiel pour une ou plusieurs suites, qu’on espère voir débarquer sur Steam un jour.