Alors que la question de l’IA est toujours sur toutes les lèvres et inquiète autant qu’elle fascine, les travailleurs du secteur du jeu vidéo se mettent en grève ! Une action qui suit celle qu’ont mené les acteurs et scénaristes d’Hollywood un an plus tôt et qui pourrait avoir de lourdes conséquences sur le développement et la commercialisation de jeux très attendus.
Grève
Les membres de la SAG-AFTRA (syndicat américain des professionnels des médias dans le monde) ont voté l’automne dernier pour autoriser une grève, invoquant notamment la réticence qu’ont les grandes sociétés du jeu vidéo à garantir les droits des artistes sur la manière dont leur travail est utilisé pour former l’IA et/ou créer des copies générées par IA. Environ 2600 doubleurs et artistes de capture de mouvement, dont les populaires Troy Baker de The Last of Us (Joel), Jennifer Hale de Mass Effect (Shepard) ou encore Matt Mercer de The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom (Ganondorf), travaillent sans accord clairs sur la ré-exploitation de leur travail depuis 2022.
L’industrie du jeu vidéo génère des milliards de dollars de bénéfices chaque année. La force motrice de ce succès, ce sont les personnes qui conçoivent et créent ces jeux. Cela inclut les membres du SAG-AFTRA qui donnent vie à des personnages de jeux mémorables et appréciés, et ils méritent et exigent les mêmes protections fondamentales que les artistes du cinéma, de la télévision, du streaming et de la musique : une rémunération équitable et le droit au consentement éclairé pour l’utilisation de leur visage, de leur voix et de leur corps par l’IA. - Duncan Crabtree-Ireland (communiqué)
Une mobilisation qui commence à porter ses fruits puisqu’Audrey Cooling - porte parole des entreprises impliquée dans la création d’un accord sur les médias interactifs - explique dans un communiqué avoir “déjà trouvé un terrain d’entente sur 24 de 25 propositions, concernant notamment des augmentations de salaire historiques et des dispositions supplémentaire de sécurité”. Elle poursuit en expliquant que “ces offres répondent directement aux préoccupations du SAG-AFTRA et incluent des protections significatives envers l’IA. Ces conditions sont parmi les plus solides de l’industrie du divertissement”, conclut-elle.
Retards
Mais alors que des jeux qui doivent sortir cet automne - à l’image de Dragon Age : The Veilguard et dont le casting vocal comprend plusieurs membres de la SAG-AFTRA - ont probablement d’ores et déjà terminé leurs travaux de voix et de capture, d’autres projets pourraient, eux, être retardés. De fait, la grève signifie que les membres du syndicat ne seront pas disponibles pour prendre part aux titres qui seront prévus dans plusieurs années, et ne seront peut-être pas non plus disponibles pour d’éventuelles réécritures. Si les jeux comptaient, auparavant, bien moins sur les performances des acteurs, les softs actuels sont aujourd’hui presque toujours entièrement doublés et utilisent de la capture de mouvements.
La dernière fois que les acteurs du jeu vidéo se sont mis en grève, en 2016, c'était principalement pour des questions de salaires et cela a duré toute une année. On ne sait pas si la grève, cette fois-ci, prendra fin plus tôt puisque, contrairement à ce qui s'est passé pour la question des augmentations de salaire, les personnes impliquées dans les négociations actuelles affirment que l'absence de protection face à l'IA constitue une menace existentielle pour les acteurs et leur production créative. Cette semaine encore, Wired a rapporté que des entreprises comme Activision Blizzard et Riot Games font régulièrement appel à divers outils d'IA générative pour aider à créer des concepts artistiques voire même des ressources complètes qui seraient intégrées à des jeux finis comme Call of Duty : Modern Warfare 3. Affaire à suivre.