Pour son premier film avec budget, Nolan avait imaginé un scénario très particulier. Si son acteur principal n'avait pas réalisé une telle performance, le film n'aurait sûrement pas plu autant.
Un scénario trop ambitieux ?
Important, rentable et applaudi par ses pairs, Christopher Nolan est sans contexte l’un des réalisateurs les plus illustres de notre époque. À travers les années, c’est une sacrée filmographie qu’il a développée, avec pas moins de douze longs-métrages. Et malgré des succès plus récents tels que The Dark Knight, Oppenheimer ou même Dunkerque, beaucoup de cinéphiles gardent dans leur cœur son premier coup d’éclat : Memento. Preuve en est le score de 94 % qu’a obtenu le film sur Rotten Tomatoes, le classant au premier rang de la collection Nolan.
Tout n’était pourtant pas gagné d’avance pour le titre sorti à l’an 2000. En effet, pour sa première production avec budget, Nolan avait écrit un scénario particulier. On y suit le parcours de Leonard Shelby, un homme qui enquête sur le meurtre de sa femme, une histoire des plus banales sur le papier. Cependant, le réalisateur britannico-américain y ajoute un twist : notre protagoniste souffre de troubles de la mémoire. Cela donne lieu à une trame non-linéaire qui est fragmentée tout au long du métrage. Un parti-pris osé, qui aurait pu ne pas plaire à tout le monde, comme l’évoque Nolan lui-même pour The Guardian :
Sur le papier, Memento était un script très froid. Je courais le risque que ce puzzle ne plaise qu’à un public hardcore et fasciné par ce genre de contes.
Une performance inoubliable
Memento était donc un concept ambitieux, qui aurait pu être boudé par le grand public, car trop brouillon et trop peu entraînant. Heureusement, la performance de Guy Pearce, qui prête ses traits au protagoniste, a permis de transformer l’essai en succès. En même temps, l’émotion dont il a imprégné le long-métrage nous a attachés au destin de Leonard, rendant l’histoire captivante, malgré la narration non-linéaire. Voilà d’ailleurs ce que Nolan déclarait à ce sujet, toujours pour The Guardian :
Guy Pearce a apporté beaucoup d’émotion au personnage, de telle sorte que des personnes moins intéressées par l’intrigue pouvaient s’attacher à son destin à lui. (...) La performance de Guy dans Memento n’est souvent pas appréciée à sa juste valeur. Il n’a pas eu la reconnaissance que j’ai eu pour mon scénario, pour sa performance. Ce qui est regrettable, car il y a tellement apporté.
Pour ceux et celles qui souhaitent s'y tenter, le film est disponible sur Canal + jusqu'au 8 juillet prochain.