Nouveau jeu du studio français Don'tnod, Banishers : Ghost of New Eden a été présenté dès ses premières communications comme un titre d'action-aventure hautement inspiré du mastodonte God of War. Avec son récit de banisseurs d'esprits et ses enquêtes paranormales, est-il un digne héritier du GOTY ?
Cet article est une retranscription du vidéo test que vous pouvez consulter en haut de page.
Sommaire
- INTRO
- HISTOIRE
- CONTENU
- GAMEPLAY
- CONCLUSION
INTRO
En 2024, les développeurs de Life is Strange, Don’tnod explorent la voie du jeu d’action-aventure. On parle ici d’un genre qui a offert les premières lettres de noblesse du studio avec les sorties des jeux cultes Remember Me et Vampyr. Avec Banishers Ghost of New Eden on embarque cette fois en 1695 pour suivre Antea Duarte et Red mac Raith, une bannisseuse d’esprits errants et son disciple, accessoirement amant. Le duo doit enquêter sur une communauté de colons, accablés par une terrible malédiction surnaturelle qui va aussi causer le chaos dans leur couple. Banishers nous a-t-il arraché un torrent de larmes et emporté dans un tourbillon d’émotions ? réponse maintenant !
HISTOIRE
Antea Duarte et Red mac Raith s’efforcent depuis des années de protéger les vivants et de permettre aux âmes errantes d’entamer leur ascension, ou leur bannissement éternel dans d’atroces souffrances, et ce, dans la joie et la bonne humeur. Seulement pas de bol, par un malencontreux événement, Antea est mortellement blessée, laissant Red seul face à un job délicat et un choix crucial qui pèse sur ses épaules le restant de son aventure : que faire de l’âme de sa défunte qui hante encore son monde ? Ils verront ça plus tard, d’abord, il reste des âmes à bannir sur le feu et un fléau à dégager d’une communauté. Banishers, avec de l'imagination, c'est un peu un jeu à la croisée des mondes entre Sherlock Holmes, God of War et un feuilleton télévisé de Ghost Whisperer, dans le meilleur sens possible. Dans chaque région semi-ouverte, il y a une multitude de cas mystérieux et fantomatiques à résoudre qu’on peut souvent approcher de manière non linéaire.
À ce propos, Don’tnod oblige, l'écriture est vraiment la force de l’expérience. Le jeu peut se targuer d'offrir quelques séquences très stylées voire même épiques, même s’il a parfois du mal à les sublimer. Et tout au long de l’aventure, le duo d’Antea Duarte et Red mac Raith occupent très bien notre exploration des lieux maudits en l’animant de discussions plus ou moins philosophiques sur la mort, la vie et leur relation dont la fin est inévitable . L’une est aussi implacable qu’une professeure de langue français autoritaire et l’autre s’autorise un langage bien plus familier, parfait pour contrebalancer. Les bannisseurs forment donc un duo charismatique et ont même droit à un doublage d’une qualité remarquable. D’ailleurs tous les personnages du jeu profitent de supers performances vocales en VF. C’est d’ailleurs plaisant de constater que chaque villageois rencontré a plus ou moins quelque chose de consistant à vous raconter, offrant un peu de vie à des environnements très froids. De bons doublages, c’est important pour compenser les animations rigides qui rendent forcément les cut scenes un peu ternes
Globalement, le jeu est tout de même assez joli sans nous décrocher la mâchoire. Banishers choisit d’illustrer le 17ème siècle américain avec des communautés rurales et les débuts visibles de la colonisation, et on a généralement droit à des régions sauvages avec des étendues très luxuriantes, si luxuriantes qu’on a même parfois du mal à trouver des chemins praticables ce qui, forcément, suscite quelques égarements frustrants et on est franchement pas aidés par le système de fast travel situé sur des feux de bois que l’on met parfois des minutes entières à retrouver sur la map. Bref, l’ensemble constitue quand même des décors plutôt cohérents, bien qu’un peu trop homogènes par moment. On aurait pas dit non à deux ou trois coquelicots en plus, juste pour marquer la différence entre deux villages. La surface explorable est néanmoins plutôt massive, et regorge de secrets et coffres à dévoiler, gonflant à bloc une durée de vie déjà hautement généreuse.
CONTENU
Côté durée de vie, le périple peut être bouclé en une petite vingtaine d’heures si vous choisissez d’ignorer la plupart des quêtes annexes mais peut tout aussi bien vous occuper une trentaine d’heures même si au final, on aurait bien amputé quelques arcs narratifs très dispensables. La première partie de chaque intrigue consiste généralement en une session d’examen d’indices et en quelques affrontements inopinés contre des esprits errants. Il y a aussi beaucoup de recherche d’éléments ou de lieux cachés au programme, et ça constitue peut-être même l’occupation majeure de l’aventure, quitte à ce que ça en devienne parfois frustrant avec tous ces espaces labyrinthiques. On a quand même droit à pas mal de puzzles environnementaux très malins où les aptitudes de chacun sont exploitées : Red par exemple peut tirer sur des cordes fragiles pour libérer des passages et fracasser des murs. Antea,elle, peut user de ses pouvoirs spectraux pour révéler des indices invisibles à l’oeil nu et même nous téléporter sur de courtes distances. Petite mention également aux rituels occasionnels enclenchés par Red qui permettent d'invoquer des fantômes et des fléaux, et qui constituent la petite touche immersive dans les pratiques d'un bannisseur
La deuxième partie d’une intrigue vous confronte généralement à un choix moral qui a le mérite de souvent nous faire hésiter : faut-il bannir ou épargner le PNJ que vous inspectez ? Tant de dilemmes qui clôturent plaisamment chaque petit récit en modifiant le gros fil narratif de l'aventure. C’est bien là que vos décisions auront de vrais impacts, contrairement aux choix de dialogues habituels qui ne servent réellement qu’à approfondir la narration. Et tout au long de votre histoire, c’est surtout un tout autre dilemme, bieeeen plus accablant qui ne cessera de peser sur vos épaules, celui de la destinée d’Antea qui repose entièrement sur un choix terriblement difficile. En blâmant le plus grand nombre de personnes, vous aiderez à la ramener à la vie. Mais à quel prix ? D’ailleurs, Antea vous demandera à plusieurs reprises de lui dire ce que vous comptez faire de son âme en fin d’aventure, tout en vous demandant de promettre à vous y tenir, de quoi bien vous mettre la pression.
GAMEPLAY
Pour ce qui est des sensations de combat, Banishers connaît une trèèès lente montée en puissance. C’est pour dire, on s’est contenté d’affrontements assez stériles les quatre premières heures, avant de pouvoir débloquer des avantages vraiment plaisants. Les sensations deviennent ensuite assez grisantes par moment, surtout que nos deux héros profitent de compétences complémentaires. Red n’est d’abord muni que d'une petite poignée d'attaques de mêlée, et s’équipe par la suite d’un fusil aux munitions infinies qui ne peut dégainer qu’une balle à chaque recharge. Cela propose une toute nouvelle approche du terrain et une dynamique vraiment intéressante. Ses autres atouts sont son puissant coup chargé à l’épée et sa capacité à bannir instantanée un ennemi une fois la barre du mouvement spécial suffisamment chargé.Antea de son côté a droit à des mouvements plus agiles et de prises d’élan qui ont de la patate. La protagoniste étant techniquement morte, elle peut être invoquée comme alliée temporaire à tout moment du jeu et frapper du fantôme jusqu’à ce que sa barre d’énergie se décharge. Elle développera au fil du jeu de nouveaux atouts qu’on se garde de vous dévoiler mais qui témoignent d’une bonne progression. Les interventions de chacun peuvent constituer de belles chorégraphies de combat au cours d’affrontements exigeants, mais à la difficulté largement modulable. Pas moins de 5 difficultés bien équilibrées s’offrent à votre disposition mais notez qu'en facile ou en normal, le tout peut néanmoins vite devenir lassant.
Aussi le bestiaire n’évolue que très peu au cours de l’aventure et se contente de fantômes à la robustesse variable. Certains se munissent parfois d'armes à feu, d’autres possèdent le corps de cadavres pour se montrer plus coriaces, et il y a également quelques loups féroces à terrasser, mais globalement, le tour est rapidement fait. Heureusement, une poignée de boss sympasalimentent la diversité des ennemis. Le plus gros ennui à souligner, vraiment, c’est surtout ces lignes de dialogues insoutenables et complètement incohérentes lâchées en boucle à chaque affrontement, quand Antea suggère par exemple “je peux t’aider”, alors même qu’un combat est achevé et qu’elle l’a mené à bout de bras. Elle ne s’arrête donc jamais de sortir les mêmes phrases inutiles et vraiment, j’en fais encore des cauchemars la nuit. Enfin notez la présence d'une flopée d'éléments récoltables et de coffres à ouvrir partout tout le temps qui permettent de débloquer les compétences d’un arbre de compétences à plusieurs branches, lequel sait se montrer vraiment concis et suffisant pour ce que l’aventure a à offrir.
CONCLUSION
Banishers, c’est un jeu d’action-aventure qui sait se montrer généreux dans sa narration comme dans son gameplay. On regrette quand même certaines longueurs à cause de séquences dispensables, une lente montée en puissance du gameplay et une partie recherche un poil frustrante. Mais on retient aussi un niveau d’écriture très solide qui maintient sans aucun mal la bonne réputation de Don’tnod en la matière. On a droit à une multitude d’intrigues aux choix assez marquants qui consolident toute la cohérence de l’univers des banniseurs. Les affrontements sont d’abord un peu plats mais profitent d’une douce montée en puissance grisante, permise par un arbre de compétence complet et une progression naturelle des aptitudes des personnages, lesquels sont vraiment complémentaires sur le terrain. Et c’est pour toutes ces raisons que nous lui attribuons la note de 15/20