James Bond et Ethan Hunt ont de la concurrence en ce début d’année 2024. Henry Cavill embrasse une carrière d'espion avec pour directeur d’agence un certain Matthew Vaughn dont les précédentes facéties cinématographiques furent auréolées de succès. Argylle peut-il faire de l’ombre à l’agent 007 ? Il est temps de s’infiltrer pour obtenir des réponses.
Argylle en quelques mots
Depuis la fin de l’ère Daniel Craig, les rumeurs vont bon train concernant le prochain acteur susceptible d’enfiler le costume de James Bond. Idris Elba ou encore Aaron Taylor-Johnson furent mentionnés. Il en va de même pour Henry Cavill qui a finalement pris les devants afin de devenir un espion dans le nouveau film de Matthew Vaughn. Certes, celui qui interprétait il y a encore peu le Sorceleur Geralt de Riv sur Netflix et le justicier Superman pour DC n’est pas l’agent 007 à proprement parler, mais il n'a rien à lui envier.
Argylle est une comédie d’action réalisée par Matthew Vaughn et scénarisée par Jason Fuchs. Le cinéaste britannique s’est taillé une solide réputation auprès des amateurs de comic book avec Kick-Ass (2010) et X-Men : Le Commencement (2011) avant de lancer sa propre saga d’espionnage quatre ans plus tard : Kingsman avec Taron Egerton dans les rôle-titre. En 2024, il s’offre les services d’un casting cinq étoiles pour remplir sa nouvelle mission… nom de code : Argylle. Henry Cavill donne ici la réplique à Bryce Dallas Howard, Sam Rockwell, Catherine O’hara, Dua Lipa, Ariana DeBose, Bryan Cranston, John Cena et pour conclure en apothéose… Samuel L. Jackson. Le MI6 et la Force Mission Impossible n’ont qu’à bien se tenir.
Voici le synopsis officiel du film Argylle :
Elly Conway est l’auteure solitaire d'une série de romans d'espionnage à succès, dont l'idée du bonheur se résume à une soirée tranquille à la maison avec son ordinateur et son chat, Alfie. Mais lorsque les intrigues de ses livres, centrés sur l'agent secret Argylle et son combat pour démanteler un réseau d'espions mondial, commencent à ressembler étrangement aux opérations secrètes d'une véritable organisation d'espions, sa tranquillité ne devient plus qu’un souvenir. Aux côtés d'Aiden, un espion pourtant allergique aux chats, Elly n’hésite pas à embarquer Alfie dans son sac à dos pour se lancer dans une course contre la montre aux quatre coins de la planète afin de distancer de dangereux tueurs et empêcher ses fictions de dépasser la réalité. - Universal Pictures France
Argylle sort au cinéma le 31 janvier 2024 en France.
Un éhonté et jouissif mensonge
Je n’irai pas jusqu'à avancer que Matthew Vaughn est l’un de mes réalisateurs préférés, mais je dois bien reconnaître que sa filmographie est à mes yeux l’une des plus constantes et divertissantes de ces 20 dernières années. Le réalisateur britannique ne m’a jamais véritablement déçu, même si The Kingsman : Première mission fut seulement “sympathique” à défaut de transcender la saga. Tout cela pour dire que j’accueille avec un enthousiasme sincère l’annonce d’un nouveau film de Matthew Vaughn, et Argylle ne fait pas exception à la règle.
Certains cinéphiles se plaignent, et à raison, des bandes-annonces qui en dévoilent beaucoup trop et qui gâchent le plaisir de la découverte en salles. Le trailer d’Argylle était uniquement composé d’images tirées des 28 premières minutes afin de protéger les futurs spectateurs du moindre spoil, au point de mentir sur la nature même de l'expérience filmique à venir. Le mensonge... c’est là tout le principe d'un film pouvant se résumer à sa devise : “The Greater the Spy, The Bigger the Lie” (traduit en français par "Meilleur est l'espion, pire est la trahison"). Matthew Vauhgn et les comédiens vous mentent sciemment et sans aucun scrupule tout du long, et à titre personnel j'en redemande.
Ce long-métrage est ludique au dernier degré et joue avec nos attentes. Il embrasse ouvertement les codes du genre dans lequel il s’inscrit pour mieux se réapproprier le film d’espionnage et faire sien une formule quelque peu éculée. Le récit semble de prime abord cousu de fil blanc, et il l’est à bien des égards. Néanmoins, il sait par instant retourner sa veste et enchaîner les révélations et autres rebondissements, ce qui peut rapidement provoquer une sensation de tourni. La plume d’Argylle s’avère aussi insaisissable que les personnages dont elle narre les exploits, et c’est à mes yeux l’une des grandes qualités du film.
Cette danse narrative serait impossible sans un parterre d’acteurs et d'actrices véritablement investis et qui se donnent corps et âmes pour interpréter des personnages par essence caricaturaux. Henry Cavill cabotine comme jamais, et c’est un délice. Bryce Dallas Howard compose une romancière aux mille et un talents dont nous tairons la destinée tandis que Sam Rockwell donne surprenament du fil à retordre aux sbires qui se dressent sur sa route. L’exécution des scènes de combat est d'ailleurs à mettre aux crédits du film. Toujours aussi violentes et inventives, elles ont ravi l’amateur de baston cinématographique que je suis.
Malheureusement, Argylle souffre d’effets spéciaux numériques qui ne font pas honneur à son statut de blockbuster. En d’autres termes, plusieurs scènes réalisées en images de synthèse auraient mérité bien plus qu’un coup de polish avant d’être projetées au cinéma. Ce mal contemporain qui frappe principalement les productions hollywoodiennes (Disney, Warner Bros., etc.) se répand récemment dans les salles obscures, et cela me terrifie. Pourtant, le budget de ce film produit par Apple Original Films s'élève à 200 millions de dollars US, ce qui rend ce manque de finition encore plus incompréhensible.
Argylle est tout ce que j’attendais du nouveau film de Matthew Vaughn, et peut-être même plus encore. Loin d’être parfait, il est aussi divertissant que déroutant, et prouve qu'une autre voie existe pour devenir un espion de légende.