Au programme de l'actualité business vidéoludique cette semaine : des éditeurs qui dévoilent leur nouvelle politique, Unity qui est dans la vert, mais pas tant que ça ou encore les révélations sur les conditions de développement du dernier Call of Duty. Et il y a des choses à dire.
Call of Duty Modern Warfare 3 : développement bâclé et crunch, le jeu déjà dans la tourmente
Si l'on ne s'en fait pas trop pour les ventes de Call of Duty Modern Warfare 3 qui vient tout juste de sortir, le 10 novembre dernier, sous une campagne promotionnelle à budget plus que conséquent, l'état du jeu fait lui grincer des dents : les retours sur la campagne solo sont globalement très mauvais, l'optimisation du titre fait polémique et le contenu général du titre accuse un développement visiblement bâclé.
Il faut dire que les rumeurs - toutes très bien fondées - vont bon train quant à ce MW3 qui, à la base, était apparemment pensé comme une extension du MW2 sorti l'année dernière et qui se devait simplement d'apporter toutes les cartes du vieux MW2 (sorti en 2009) remasterisées. Aujourd'hui, Jason Schreier nous apprend via sa dernière enquête que tous les dires… étaient véridiques.
Ainsi, c'est lors du report du nouveau Call of Duty prévu cette année qu'Activision aurait décidé de transformer ce gros DLC de Modern Warfare 2 en véritable jeu, donc devenu Modern Warfare 3. Le hic, c'est qu'au lieu du cycle habituel de développement de trois ans, les développeurs auraient eu moins d'un an et demi de temps de conception.
Une gestation précipitée aboutissant sur une intense période de crunch qui plus est, avec des équipes devant travailler lors d'horaires étendues et le week-end, sous une forte pression et débouchant sur de boulversements psychologiques. Là où le bât blesse encore davantage, c'est que l'éditeur avait pourtant promis à Sledgehammer Games de ne plus s'embarquer dans de telles conditions de travail après la période de crunch imposée sur le précédent jeu du studio, Call of Duty Vanguard.
Bref, ce Modern Warfare 3 était donc, à la base, une simple extension de Modern Warfare 2, transformée en cours de route en jeu "complet" vendu plein pot : c'est d'ailleurs pourquoi la campagne solo apparaît en tant que telle, plus courte et à moitié composée de missions en zone ouverte, directement empruntée de Warzone. Certains développeurs auraient avoué qu'il avait toujours été question (au début) de faire un DLC de MW2, tandis que d'autres affirment que la direction du projet… était tout simplement floue.
Enfin, toujours pour rester sur le mode solo, l'idée de base était apparemment d'établir une histoire plus recentrée et au Mexique, finalement rebooté pour devenir cette campagne MW3 à la déjà très mauvaise réputation. Ceci explique cela.
Unity : des chiffres en hausse, mais des licenciements en vue
Unity continue de revenir régulièrement au cœur de l'actualité, tout récemment en dévoilant ses résultats financiers pour le trimestre clos le 30 septembre 2023. Malgré les polémiques et le départ de son PDG, l'entreprise annonce des résultats très convaincants :
- Chiffre d'affaires : 507 millions d'euros (+69% par rapport au même trimestre en 2022)
- Perte nette : 125 millions d'euros (contre 233 millions de d'euros)
- Chiffre d'affaires de Create Solutions : 176 millions d'euros
- Chiffre d'affaires de Grow Solutions : 331 millions d'euros (+166% par rapport au même trimestre en 2022)
Des chiffres résolument dans le vert donc, pour ne pas dire même excellents… et pourtant, cela n'empêche pas Unity d'annoncer des réductions d'effectifs après avoir fait une "évaluation complète de son portefeuille de produits" au début du trimestre actuellement en cours.
L'évaluation nous amènera probablement à décider d'interrompre certaines offres, de réduire nos effectifs et de réduire l'empreinte de nos bureaux.
Le calendrier et l'impact total de ces types de changements sur nos résultats d'exploitation futurs, nos flux de trésorerie ou notre situation financière sont incertains, et pour ces raisons, nous ne sommes actuellement pas en mesure de quantifier raisonnablement les impacts potentiels jusqu'au quatrième trimestre 2023.
A priori, "trois secteurs auraient eu une influence néfaste sur la croissance du trimestre : Unity Game Services, la Chine et les services proffessionnels" comme l'indique le rapport financier d'Unity. Les restrictions gouvernementales sur les jeux vidéo en Chine auraient ainsi impacté certains départements.
Enfin, Whitehurst a tout simplement déclaré que Unity "en faisait trop", avec désormais pour but de faire de la société "une entreprise plus souple, plus agile et à croissance plus rapide" pour le prochain trimestre.
Jeux service : Sony opte pour le rétropédalage, Warner Bros y fonce tête baissée
Les "game as a service", ou tout simplement "jeux service" en France, ont émergé avec une véritable popularité ces dernières années : le principe est d'entretenir un jeu sur la durée (qu'il soit payant ou gratuit) avec un système saisonnier, du contenu rajouté régulièrement et diverses mécaniques de monétisation (DLC, pass de combat, etc.) afin de fidéliser et générer des revenus sur de grandes périodes.
Bref, certains jeux (Fortnite, Call of Duty, des titres Ubisoft) ou compagnies ont déjà embrassé ce système corps et âme tandis que d'autres préparent encore leurs plans. Jusqu'à maintenant, Sony devait entrer dans la danse avec le développement de douze jeux service à sortir d'ici à mars 2026 : finalement, et peut-être que l'on doit la nouvelle au départ récent de Jim Ryan, Sony annonce le report de six projets parmi les douze en préparation.
Hiroki Totoki, président et directeur de l'exploitation, en plus d'être le directeur financier de Sony, confirme le report de plusieurs jeux pour des "problèmes de qualité". Dans le tas, impossible de ne pas penser au jeu multijoueur The Last of Us, visiblement mis en pause. Rappelons que Sony a tout de même racheté Bungie pour que la firme l'aide justement dans sa stratégie de jeux-service.
A contrario, Warner Bros Interactive vient tout juste d'annoncer, de son côté, miser entièrement sur le jeu-service. Une décision étonnante puisque malgré quelques déboires financiers, la firme a sorti la tête de l'eau et pas qu'un peu avec le succès grandiloquent d'Hogwarts Legacy : l'Héritage de Poudlard et le fort démarrage de Mortal Kombat 1, des titres au business model "traditionnel".
Qu'importe, le patron de l'éditeur, David Zaslav, a avoué que l'objectif serait de transformer les grandes franchises en leur possession en jeux-service afin de les pérenniser le mieux possible. On parle donc de licences comme Harry Potter, toutes celles de DC Comics, mais aussi Mortal Kombat ou même Game of Thrones. Ce qui, d'ailleurs, n'a pas vraiment ravi les joueurs.
En bref dans l'actualité business de la semaine
- Mortal Kombat 1 approche déjà des 3 millions d'exemplaires vendus.
- Nintendo vient d'annoncer que la construction de son nouvel établissement, dédié à la recherche et au développement, a été reporté à 2028. Il sera construit à Kyoto et fera 10 000 mètres carrés, pour la some de 33,1 millions de dollars.
- Marvel's Spider-Man a déjà franchi les 5 millions d'unitées vendues.
- La PS5 s'est vendu à 4,9 millions d'unités lors du dernier trimestre.
- Epic a refusé un accord de 147 millions de dollars pour proposer Fortnite sur Google Play.
- Take-Two a annoncé un revenu net de 1,3 milliard de dollars pour le second semestre (-7% par rapport à l'année dernière) et des pertes nettes de 543,6 millions de dollars (+111,5%), ce qui n'inquiète par le PDG Strauss Zelnick qui se dit optimiste quant à l'avenir (et pour cause, GTA 6 se dévoilera en décembre).
- Embracer pourrait fermer Free Radical Design, studio déjà revenu d'entre les morts et qui travaille sur la résurrection de Time Splitters.
- Nintendo annonce, pour le second semetre, des ventes nettes de 5,3 milliards de dollars (+21,5%), un bénéfice d'exploitation de 1,9 milliards de dollars (+27%), 6,84 millions de Switch vendues (+2,4%) et 97,1 millions de jeux vidéo vendus (+1,8%).
- The Legend of Zelda Tears of the Kingdom s'est vendu à 19,5 millions d'unités dans le monde.