Aussi singulier que bien inspiré, World of Horror vous promet de passer une expérience délicieuse pour Halloween.
Quiconque est un tant soit peu friand des légendes du mangaka Junji Ito ne devrait pas passer à côté de World of Horror. Comme l’auteur japonais, l’artiste polonais panstasz donne vie à des contes macabres complètement absurdes et hors du commun. Un hommage fièrement assumé à travers des décors en 2bits réalisés sur le logiciel MS Paint, lequel offre à l'aventure une aura d’autant plus insolite, sublimée par une OST chiptune des plus sinistres. Le cadre est planté en 199X, dans une version fictive de Shiokawa, menacée de sombrer entre les mains d’un ancien dieu. L’apocalypse imminente n’est pas tant le fléau de cette ville qui semble également abriter les pires atrocités, baignées dans le folklore japonais et les contes de Lovecraft. Un concierge charcute de jeunes écolières pour créer une équipe de sirènes, un gardien se faufile dans les conduits de son immeuble pour étrangler ses locataires, et tout le monde semble plus ou moins sombrer dans une folie inévitable, même vous.
Un peu de Junji Ito, un peu de Lovecraft
Sur la forme, World of Horror est un roguelite avec des combats au tour par tour et une exploration de type point’n click. Chacune de vos parties est une course autonome contre la mort, durant laquelle vous observerez le monde sombrer dans le chaos à mesure que vous résolvez de rapides affaires. La plupart des mystères à résoudre sont affichés sur le tableau de bord de votre appartement et disposent de plusieurs fins, offrant au jeu une rejouabilité éclatante. Beaucoup de chemin a été parcouru depuis la disponibilité du titre en accès anticipé, qui n'accordait encore en 2019 qu’une poignée d’enquêtes à élucider en quelques minutes. Elles se retrouvent désormais au nombre de 20, leurs contenus étant obscurcis par des noms particulièrement alambiqués, qui ne donnent que d’autant plus envie de s’engouffrer dans le calvaire : “Tribulations tragiques de la prof de thaumaturgie”, “Ignoble intrigue d’une immondice informatique”, “vieilles vidéos d’une vive violence”. Toute l’expérience est d’ailleurs traduite en français, ce qui n’est pas négligeable pour notre confort.
Les parties peuvent durer 10 minutes à 2 heures, et profitent toujours d’une montée en tension folle à mesure que vous progressiez, laquelle est probablement aidée par la bande-son particulièrement dynamique. En ce sens, le jeu est parfaitement modulable. Mais il faut y consacrer suffisamment de temps pour divulguer la toile de fond qui croupit patiemment, donnant un sens concret à toute l’expérience et à des petits fragments d’horreur parfois incohérents. World of Horror est le genre de jeu qui dévoile sa profondeur à mesure que vous l’arpentez. Les combats se montreront en revanche sûrement un poil fastidieux au bout d’un certain temps et vous aurez tôt fait de les exécuter assez machinalement ; À chaque tour, vous devez effectuer des actions qui occupent de la place sur une barre de temps, et les combinaisons ont tendance à être toujours les mêmes. Si bien que vous aurez régulièrement envie de simplement fuir l’affrontement. L’exploration, en revanche, conserve un goût d’inédit, chaque nouveau chemin emprunté pouvant aboutir à l’apparition d’une immondice que l’on se délecte de découvrir malgré une interface difficile à maîtriser. Vous disposez également de statistiques à gérer, comme votre lucidité qui vacille naturellement, votre endurance, et d’autres facteurs évolutifs comme la force, la dextérité, la connaissance, ou encore la chance. Vous pouvez choisir de prêter attention à ces aspects pour jouer intelligemment, ou d’y aller franco en espérant avoir une bonne étoile.
World of Horror est un petit plaisir comme on en voit rarement, qui donne l'impression d'avoir été trouvé sur une vieille cassette dépoussiérée et qu’on lancerait volontiers durant une nuit d’insomnie ou une soirée d'Halloween. Malgré une structure de combat hautement répétitive, le jeu réalise l'exploit de nous rendre addicts à son ambiance si particulière, boostée par une esthétique géniale, des créatures abominables et une OST particulièrement enivrante.