Un film doit-il obligatoirement apporter un jugement moral sur le sujet qu’il traite ? Largement acclamé par la critique, le Loup de Wall Street a malgré tout été jugé comme complaisant vis-à-vis du trader incarné par Leonardo DiCaprio. Scorsese s’explique.
Satirique ou complaisant ?
Sorti il y a 10 ans, le Loup de Wall Street raconte l’ascension de Jordan Belfort, incarné à l’écran par Leonardo DiCaprio, dans le monde de la bourse. Inspiré d’une histoire vraie, le film montre comment un courtier américain abuse du système pour arriver à ses fins. Adepte du pump and dump, une technique de manipulation des marchés bien connue, Belfort va rapidement devenir très riche et entrer dans un monde fait de débauches. Bien qu'appréciée par la critique (80 % sur Rotten Tomatoes), l'œuvre de Scorsese a tout de même souffert de commentaires plus ou moins acerbes à propos de ce qu’elle rencontre vraiment. Certains y ont vu “de la complaisance pour la beauf attitude des loups en rut”, d’autres y voient une admiration macabre pour son personnage principal, quand Martin Scorsese n’est pas carrément accusé de “se vautrer dans l’obscénité”.
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En 2013, la presse spécialisée était coupée en deux camps. Il y avait des journalistes qui estimaient que ne pas prendre de position morale était une bonne chose, mais aussi des critiques soutenant que le comportement de Jordan Belfort était glorifié à l’écran. Alors, est-ce que le Loup de Wall Street est finalement satirique ou définitivement complaisant ? Screenrant rappelle que Martin Scorsese a toujours préféré présenter une histoire le plus honnêtement possible, sans moraliser, afin que le public puisse créer ses propres jugements de valeur.
Il a besoin de dire que c’est mal ?
Dans une interview de QG partagée par Screenrant, Martin Scorsese revient sur les critiques qui ont été faites sur le film, et notamment sur le fait que la morale semble trouble. En effet, au cours de l’entretien filmé “Epic Conversation”, le réalisateur dit n’avoir appris l’existence de cette controverse que récemment, et dit que ce besoin de moraliser “est plus qu’ennuyeux”.
Je l'ai appris l'autre jour par un intervieweur qui m'a dit : “vous n'êtes pas au courant de la guerre qu’il y a sur le Loup de Wall Street ?”. J'ai répondu : “de quoi parlez-vous ?”. (...) Apparemment, on m'a dit qu'il y avait deux camps, l'un qui adorait le film et l'autre qui était en colère, disant que je n'avais pas pris de position morale sur Jordan Belfort. Et l'un des critiques qui aimait le film a dit : "Avez-vous vraiment besoin de Martin Scorsese pour vous dire que c'est mal ?" Vous avez vraiment besoin qu'il vous dise que c'est mal ? Il sait que c'est mal…” c'est plus qu'ennuyeux, je pense. Martin Scorsese, interview QG
Martin Scorsese continue de faire l’actualité. Il vient de sortir Killers of the Flower Moon, film de presque 3h30, qui met en scène Leonardo DiCaprio, Robert de Niro, Lily Gladstone, Jesse Plemons et Brendan Fraser.