Avec le temps, les langues ont tendance à se délier et on découvre, des années plus tard, que certaines pratiques étaient très déplacées. Dernier exemple en date avec l’un des chefs d’œuvre de la PlayStation.
Un phénomène de la PlayStation
Lors du salon E3 de l’année 1996, un petit jeu de Konami se dévoile au travers d’une courte vidéo d’environ quatre minutes. Le trailer, conceptuel, laisse entrevoir les coulisses d’un studio qui travaille sur un jeu teinté d’infiltration où se côtoient de nombreux personnages. Le tout est réalisé avec l’apport de stations Silicon Graphics, réputées pour la création de séquences en 3D, et éveille la curiosité des visiteurs du salon. Lors de la seconde partie de la vidéo, on comprend qu’il s’agit d’une suite de la série Metal Gear une saga née sur l’ordinateur japonais MSX et un épisode (pas le plus fameux) a vu le jour sur NES. Mais pour les observateurs occidentaux, la référence est quasiment inconnue et le court extrait ne laisse que peu de souvenirs aux personnes se baladant dans les allées du salon. Tout au plus, on sait qu'il s'agit d'un certain Metal Gear Solid...
Un an plus tard, au même endroit, la donne est bien différente. Metal Gear Solid a eu le temps de mûrir et la vidéo, révélée lors de cet été 1997, affiche une ambition qui surpasse, de très loin, toutes les autres productions du salon. À cet instant précis, les visiteurs de l’E3 ne le savent pas encore, mais ils sont en train d’assister à l’émergence d’une saga qui va devenir culte. Shadow Moses, Solid, Liquid, Sniper Wolf, Revolver Ocelot, Gray Fox… on ne compte plus les séquences inoubliables de Metal Gear Solid ! Avec son équipe, Hideo Kojima a véritablement créé un chef d’œuvre et il est ensuite devenu une figure absolument incontournable de l’industrie du jeu vidéo. L’histoire de la création de ce jeu a été racontée à maintes reprises (et notamment dans ce dossier de votre serviteur), mais la dernière révélation risque d’en secouer plus d’un.
Une doubleuse payée à coups de lance-pierre ?
Aujourd’hui, l’industrie du jeu vidéo est sous les projecteurs et les dérives finissent toujours par ressortir à un moment ou à un autre. Mais à l’époque, dans les années 1990, les choses étaient un peu différentes. On ne se souciait pas autant des intervenants sur un jeu vidéo et c’est pour cette raison qu’il y avait parfois un décalage énorme entre l’ambition d’une œuvre et la qualité de ses doublages. Par exemple, un jeu comme Blue Stinger, sur Dreamcast, avait des graphismes somptueux, mais se coltinait un doublage un peu mollasson. Et pour cause, le doubleur du héros Elliot n’a été payé que 100 dollars !
Tout récemment, au cours d’un podcast, on a ainsi appris que la doubleuse de Naomi Hunter, la très talentueuse Jennifer Hale (qui est aussi Samus Aran de Metroid en passant), avait due se contenter d’un cachet misérable à l’époque. Participant à l’émission My Perfect Console, celle-ci a été invitée à revenir sur l’une de ses anciennes déclarations. En septembre 2023, elle a ainsi expliqué qu’un jeu avait remporté 176 millions de dollars, mais que son travail n’avait pas été rémunéré à sa juste valeur. L’animateur de l’émission, Simon Parkin, est revenu sur cet épisode et Jennifer Hale a avoué qu’il s’agissait de Metal Gear Solid et que sa prestation avait été payée… 1 200 dollars. Décidée à faire en sorte que le doublage soit payé à sa juste valeur (elle est prête à faire grève pour cela), celle-ci a tenu à affirmer son amour pour la saga Metal Gear Solid tant c’était une expérience différente. Mais maintenant que l’on sait ça, on aura une certaine compassion pour la demoiselle au moment de réentendre sa voix dans le premier Metal Gear Solid. Surtout quand on sait l’importance du personnage et de la densité des lignes de dialogue…
Pour en savoir plus :