Gareth Edwards, réalisateur de The Creator, s’est exprimé quant à sa vision de la science-fiction et de l’industrie du cinéma. Il évoque la créativité et le budget et pense que la SF est une espèce menacée
Gareth Edwards, avant de s’investir dans The Creator a déjà fait parler de lui avec d’autres productions comme Monster et Rogue One : A Star Wars Story. Il a déjà avoué avoir grandi avec comme idole Ridley Scott, Steven Spierlberg ou encore James Cameon. La SF est donc un sujet qu’il maîtrise et adore. Il s’est exprimé récemment l'état du genre en ce moment et ce qu'il en pense. Dans une interview pour Télérama, il déclare que pour lui “Les films de science-fiction sont une espèce menacée”. Ce n’est pas la première fois qu’il prend la parole à ce sujet et son point de vue de 2023 est proche de celui déjà exprimé par le passé.
La bonne idée qui n’a jamais été faite
On est toujours à la recherche de ce qui n'a pas encore été fait dans le domaine de la science-fiction. Le petit trou dans l'étagère des Blu-ray. James Cameron a réussi le tour de force de transposer la guerre du Viêt Nam dans l'espace avec Aliens (1986), puis de le faire un peu plus avec Avatar (2009).
Pour lui, l’essence même de la science-fiction, c’est de trouver cette idée qui n’a jamais été faite. Si ici, il parle de ce parallèle avec la guerre du Vietnam, c’est parce que ce pays et ledit conflit lui ont inspiré le scénario et la direction artistique de The Creator. Il a même déclaré s’être dépêché de faire le film pour ne pas que quelqu’un d’autre lui pique l’idée. Cependant, si l’idée innovante est ce qui définit la science-fiction, ce n’est certainement pas ce qui la rapproche le plus d’un blockbuster.
Créativité & prise de risque
En effet, qui dit idée nouvelle dit aussi prise de risque. Et, un blockbuster est par définition un gros investissement, un gros budget qui doit rapportet beaucoup d’argent ! Il serait bien trop risqué de proposer un scénario innovant sans un public conquis alors que les producteurs ont déboursé des centaines de millions de dollars. Mais pour Gareth Edwards, un film qui fait rêver son audience ne doit pas forcément être différent d’un film à petit budget.
Il n'est pas plus coûteux de faire un film absolument épique que de faire un tout petit film. Le premier film que j'ai réalisé s'intitulait Monsters et coûtait 250 000 dollars. C'était un film assez épique à son niveau (...) L'objectif a toujours été de combiner cette liberté de réalisation avec l'ampleur d'une superproduction géante. Je suis un enfant des années 80 qui a grandi avec tous les classiques évidents et qui, comme tout le monde, a essayé d'imiter ses héros. Il n'y a que James Cameron, Spielberg et Ridley Scott ; ce sont tous des gens. Si vous étiez un quart aussi bon qu'eux, vous pourriez mourir heureux. On essaie toujours d'atteindre ce qu'ils ont fait et d'être ambitieux.
Pour le réalisateur de Rogue One, bien que ce ne soit pas le point de vue des pontes d'Hollywood, ce qui faisait fantasmer la jeunesse des années 80, c’est cette ambition que l’on retrouvait à l’écran et pas forcément les moyens mis en œuvre pour y parvenir.
Baisser les budgets pour sauver le genre
On rappelle que The Creator a coûté seulement 80 millions de dollars et reste l’un des films de science-fiction les plus attendus de cette année avec une proposition novatrice. En comparaison, Star Wars : l'Ascension de Skywalker a coûté 416 millions de dollars. Le prix de ce film aurait pu financer toute une saga The Creator sur plusieurs années. Espérons que Gareth Edwards rencontre le succès escompté pour donner l’exemple. À savoir qu’à budget moindre, moins de recettes sont attendues pour faire d'un projet une réussite. L’inverse est vrai aussi, c’est ce qui met le genre en danger. Tenet par exemple, avec un scénario qui reste encore mystérieux pour beaucoup de monde et un budget de 205 millions de dollars, n’a pas réussi à atteindre ses objectifs. Warner Bros Pictures sera évidemment plus frileux à produire de la SF originale comme celle-là à l'avenir.