Un très grand nombre de jeux vidéo n'auraient pas vu le jour sans la littérature, le cinéma, des jeux de table au sens large ou même la télévision. Et, à la manière de The Witcher, Cyberpunk 2020 puis Cyberpunk 2077 ne seraient peut-être jamais nés sans un ouvrage référence, paru quelques années auparavant.
C'est quoi, le cyberpunk ?
Le terme "cyberpunk" est désormais relativement connu, et évoque quelque-chose chez beaucoup de gens, mais il n'est apparu qu'à la fin de l'année 1983, utilisé par l'évrivain Brunce Bethke dans la revue Amazing Science Fiction Stories. Mais le terme est devenu vraiment populaire lorsque Gardner R. Dozois, un auteur du Asimov's Science Fiction Magazine qui écrit aussi dans le Washington Post, l'utilise dans un article pour décrire un roman.
Pour faire simple, le cyberpunk désigne un mouvement regroupant les oeuvres qui mettent en scène un monde et des personnages vivant dans un futur dystopique, où les implants cybernétiques sont partout. Les mégacorporations sont au-dessus des lois, l'écart entre les riches et les pauvres est absolument colossal, tandis que les personnages principaux sont soit des antihéros cyniques, soit des criminels notoires en quête de gloire.
Les villes sont souvent bourrées d'inégalités, rongées par le crime, et constituées d'immense buildings collés à des bidonvilles lugubres. En leur sein, on trouve des mercenaires, des policiers corrompus, des "corpos", et des netrunneurs, des gens capables d'aller traquer des informations sur Internet et même de pirater les gens équipés d'implants. Il ne faut cependant pas confondre le cyberpunk, qui se déroule dans un futur relativement proche, et le dieselpunk, qui propose du rétrofuturisme (pensez à Bioshock).
A l'origine, il y avait Neuromancer
Cyberpunk 2077 fait partie des oeuvres qui sont totalement liées à ce genre, de part son nom, évidemment, mais aussi part son origine, le jeu de rôles Cyberpunk 2020, créé par Mike Pondsmith en 1988. Ce dernier, toujours très actif, s'est notamment inspiré d'un ouvrage culte, publié en 1984. Cet ouvrage, c'est le roman Neuromancer (Neuromancien), écrit par William Gibson. On y retrouve tous les ingrédients du cyberpunk, avec un monde futuriste ultracapitaliste, des mégacorporation, un usage commun des drogues et, évidemment, les augmentations cybernétiques. Deux autres romans, Comte Zeo et Mona Lisa Disjoncte, forment la trilogie.
C'est pour décrire ce roman que Gardner R. Dozois a utilisé le terme cyberpunk, devenu incontournable ensuite. Dans ce monde, des "cowboys" du cyberspace se rendent dans un espace virtuel connecté, la Matrice (tiens donc), où ils cherchent à collecter des informations par tous les moyens possible. Evidemment, des IA veillent, et les pare-feux représentent un danger mortel. Nous ne sommes pas à Night City mais à Conurb, et on suit les pas d'Henry Dorsett Case (Sandra Dorsett dans Cyberpunk 2077 est une référence directe), un "cowboy" qui se fait attraper alors qu'il essaie de doubler son employeur. Blessé, il rencontre de nouvelles personnes lui indiquant qu'ils peuvent lui redonner accès à la Matrice. Evidemment, ce retour aux affaires est risqué, et ce n'est pas sans rappeler les aventures de V et Johnny Silverhand.
S'il n'est sorti en France qu'en 1985, Neuromancer a immédiatement donné naissance à un sous-genre de la science-fiction, et de nombreux éléments du romans se retrouvent dans le jeu de rôle de Mike Pondsmith. Par exemple, comme dans le livre, les personnes naviguant sur le réseau doivent être en mesure de passer à travers les pare-feux, dont le nom est La Glace. Sans cet ouvrage, Cyberpunk 2020 et 2077 n'existeraient probablement pas, tout comme DeusEx, Judge Dread, Tron, Matrix, Ready Player One, Shadowrun, System Shock ou l'approche technologique de Final Fantasy VII. Evidemment, bien d'autres oeuvres sont inspirées de cet univers, qui est désormais alimenté par de multiples approches.