Sony n’a pas attendu la publication de ses prochains résultats pour annoncer la nouvelle. Impatient de montrer au monde entier les excellentes ventes de sa dernière console, le groupe révèle que 40 millions de PlayStation 5 ont trouvé preneur. Un résultat qui apporte des réponses mais qui soulève quelques interrogations.
Sommaire
- Après les vents contraires, la PS5 met les gaz
- Démonstration de force
- Faux-semblant
- Les défis de Sony
Après les vents contraires, la PS5 met les gaz
Sony profite de la période estivale pour donner un coup de chaud à ses concurrents. Le groupe japonais à récemment annoncé que 40 millions de PlayStation 5 ont été vendues depuis le mois de novembre 2020, un chiffre impressionnant qui est à mettre en perspective avec deux autres données capitales. Bien que la machine s’écoule légèrement moins rapidement que la PlayStation 4, le précédent hardware du constructeur ayant atteint les 40 millions de ventes deux mois plus tôt dans son cycle de vie, la PS5 a rattrapé la majeure partie de son retard au cours de l’année 2023.
En effet, Sony a vendu plus de 9 millions de PS5 pendant le premier semestre 2023, soit 30 % de plus que le pic de ventes – sur une période comparable – de la PS4 durant la dernière génération. En d’autres termes, même si la dernière console du géant japonais accuse un retard d’environ un million de machines par rapport à sa grande sœur, les performances remarquables de la PS5 en 2023 permettent de combler l’écart drastiquement. Et l’augmentation du prix sur de nombreux marchés n’a pas freiné les ardeurs, bien au contraire.
Comme le souligne l’analyste Piers Harding-Rolls chez IGN, ces chiffres prouvent que Sony est sur les rails pour atteindre son objectif de livraison de 25 millions de PS5 pour l’année fiscale. Sur les réseaux sociaux, Mat Piscatella de la société NPD souligne que la PS5 est la deuxième console PlayStation la plus rapidement vendue sur le marché américain, juste derrière la PS2. Il note aussi qu’avec 32 mois de commercialisation, les trois hardwares qui se sont vendus le plus rapidement aux États-Unis sont la Wii, la GBA et la PS2. Dans un communiqué officiel, Jim Ryan, le patron de SIE, se félicite “d’avoir fait face aux vents contraires” avec la pandémie. “Pendant des mois, nous avons remercié notre communauté pour sa patience face à ces problèmes. Aujourd'hui, les stocks de PS5 sont bien remplis et nous constatons que la demande refoulée est enfin satisfaite” ajoute-t-il.
Démonstration de force
Avec de tels résultats, le message de Sony est clair : les générations se suivent et se ressemblent. À l’instar de la PlayStation 4 en son temps, la PlayStation 5 est une machine incontournable pour les joueurs et les développeurs. Jim Ryan précise que plus de 2 500 jeux sont désormais disponibles sur la dernière console de Sony. Il insiste aussi sur l’arrivée prochaine de titres attendus tels que Marvel's Spider-Man 2, Marvel's Wolverine, Final Fantasy 7 Rebirth et le jeu multijoueur se déroulant dans l’univers de The Last of Us. Oui, nous sommes bien loin de la posture victimaire dont s’était drapé Jim Ryan il y a quelques mois pour amadouer les régulateurs afin qu’ils bloquent le projet d’acquisition d’Activision par Microsoft. Le dirigeant britannique serait-il enfin passé à autre chose ?
Grâce aux chiffres récemment publiés par Microsoft, révélant que plus de 21 millions de Xbox Series X/S ont été vendues dans le monde, nous pouvons déterminer que, à l’image de la précédente génération, deux fois plus de PlayStation 5 sont distribuées que de Xbox Series X|S. Même s’il serait aisé, à la vue de ces chiffres, d’insinuer que la Xbox Series S n'atteindrait pas son objectif (une console next gen à moins de 300 euros pensée pour s'implanter dans un maximum de foyers), nous savons que près de 50 % des nouveaux utilisateurs de Xbox le sont grâce à cette petite machine, ce qui a de quoi faire relativiser.
Alors que Sony affiche des performances remarquables avec sa dernière console, Microsoft ne fanfaronne pas. Lors de la publication de ses derniers résultats, le groupe américain a confirmé une diminution de 13 % de ses revenus dans le hardware “en raison de la baisse du volume de consoles vendues”. Il est d’ailleurs amusant de voir que Sony a posté les chiffres de sa PS5 seulement deux petits jours après l’annonce de la contre-performance des ventes de Xbox.
Faux-semblant
Bien sûr, les ventes de consoles demeurent un indicateur important. Nous avons longtemps comparé les parcs installés des machines afin de déterminer les “gagnants” d’une génération. Cependant, l’industrie a évolué. Bien que les constructeurs misent toujours sur le hardware, les indicateurs montrent que le marché des consoles a tendance à rétrécir plutôt qu’à croître. Durant le procès qui opposait la FTC à Microsoft, la juge Jacqueline Scott Corley écrivait que “les consoles n’étaient plus l’avenir du jeu vidéo”. Aujourd’hui, la performance des services tels que le PS Plus, le Game Pass ou encore le Switch Online est aussi importante – si ce n’est plus – que les ventes de morceaux de plastique à brancher sur un écran. Abonnements oblige, ils font rentrer régulièrement de l’argent dans les coffres des géants et dégagent généralement une meilleure marge que la vente stricte de consoles.
En matière de chiffre d’affaires, Xbox est le quatrième segment générant le plus de revenus sur l’ensemble de l’année fiscale 2023 de Microsoft. Malgré un chiffre d'affaires record au quatrième trimestre, les résultats annuels ne sont pas à la hauteur des objectifs en raison de la "faiblesse des contenus first et third party”. Il n’empêche que si l’on se fie aux chiffres donnés directement par les constructeurs pour leurs années fiscales, nous pouvons constater que le gaming chez Microsoft (15,4 milliards de dollars) est derrière Sony (26,7 milliards de dollars) mais bel et bien devant Nintendo (12 milliards de dollars). Certes, le chiffre d’affaires ne fait pas tout et ne montre pas nécessairement la bonne santé d’un segment (seuls les bénéfices comptent vraiment), mais il s’agit tout de même d’un indicateur important.
De plus, si les ventes de Xbox ont tendance à diminuer, les revenus engrangés, eux, augmentent, ce qui prouve la superficialité de se focaliser uniquement sur le hardware pour jauger la stratégie d’un constructeur. Bien que le mastodonte américain n’ait pas indiqué le nombre total d’abonnés au Game Pass, Satya Nadella, le PDG de Microsoft, a confirmé “un nombre record d’utilisateurs actifs mensuels” pour le quatrième trimestre de l’année fiscale.
Les défis de Sony
En mai dernier, Sony montrait que par rapport à la PS4 et à périodes comparables, les joueurs PlayStation dépensaient plus d’argent dans les accessoires PS5 (+ 60 %), les abonnements (+ 52 %) et les add-on (+ 210 %), ce qui contrebalançait la baisse enregistrée – légère mais bien présente – dans l’achat de jeux (- 10 %). En dépit des bons résultats de PlayStation, Jim Ryan est sur le point d’entamer une transition risquée de la marque qu’il représente. Le groupe japonais va investir dans le Live Service, les nouvelles IP, les portages PC, le Cloud et le mobile pour se développer.
Sony aura fort à faire face à un Microsoft qui pourrait étendre son influence en cas de fusion avec Activision. Xbox deviendrait ainsi la compagnie de jeux vidéo comptant le plus d’utilisateurs actifs mensuels, aux côtés d’Electronic Arts, et connaîtrait un boost important en matière de chiffres d’affaires. Nous rappelons qu’en 2022 et en 2021, les jeux les plus téléchargés sur le PlayStation Store étaient des Call of Duty. Si l’acquisition se fait, Microsoft deviendra un des éditeurs les plus importants de la PlayStation, aussi paradoxal que cela puisse paraître.
Comme nous l’expliquions récemment, Xbox a pour ambition de devenir “le leader de l'industrie en matière de chiffre d'affaires généré en 2030” en “doublant son chiffre d'affaires au cours de cette période”. Cela signifie que d’ici à 2030, la société cofondée par Bill Gates va devoir passer de 16 milliards de dollars générés à 32 milliards de dollars de revenus. Bien sûr, l'intégration d'Activision Blizzard aidera la marque au gros “X” à s’approcher de son objectif, mais cela ne sera pas suffisant. Satya Nadella devrait donc continuer à racheter des studios/éditeurs pour arriver à ses fins. Vous l’aurez compris, malgré l’avance confortable de Sony dans divers segments du jeu vidéo, nous ne sommes pas à l'abri d’un éventuel retournement de situation à l'avenir.