Deux enquêtes ouvertes sur une arnaque liée aux NFT

En janvier dernier, le collectif AVI (Aide aux Victimes d'Influenceurs) a lancé deux plaintes collectives d'une ampleur historique. Ces plaintes regroupaient précisément 88 plaignants dans une affaire de promotion frauduleuse d'actifs virtuels en ligne. Plusieurs influenceurs de télé-réalité renommés, notamment le couple Marc et Nadé Blata basé à Dubaï, ont été visés par cette plainte, qui les accuse d'escroquerie en bande organisée.

Le jeudi 22 juin, le collectif AVI a annoncé que ces actions en justice avaient finalement conduit au lancement d'enquêtes par le parquet de Paris.

Cette affaire fait mention d'abus de confiance et de pratiques commerciales trompeuses. Concrètement, les plaignants accusent le couple d'influenceurs d'avoir fait la promotion de produits financiers douteux tels que le canal de trading "Blatagang" et la collection de NFT "Animoon".

Motivés par l'espoir d'obtenir une plus-value, plusieurs investisseurs ont perdu des milliers d'euros en investissant leur argent dans ces projets. Selon Me Alexandre Dacos, l'avocat du collectif Aide aux Victimes d'Influenceurs (AVI), le préjudice total subi par les plaignants est estimé à présent à 6,3 millions d'euros. Les placements étaient loin d'inspirer confiance, à l'image de la collection Animoon.

Animoon : de faux Pokémons en NFT

Le marché des NFT a connu une vague spéculative lors de la montée en puissance des cryptomonnaies en 2021, ce qui a fait émerger de nombreux projets de tous types. Alors que certains ont réussi à constituer des collections vituelles solides, d'autres ont clairement surfé sur l'engouement, motivés principalement par l'appât du gain.

C'est vraisemblablement le cas du projet Animoon. La collection prétendait à l'origine être un futur "play to earn" (jouer pour gagner), basé apparemment sur de pâles copies de Pokémons retouchés en NFT.

Dans le jargon, ce projet pourrait être qualifié de "rug pull" (tirer le tapis), un terme qui fait référence à l'idée que les développeurs disparaissent subitement avec l'argent des investisseurs. Ce scénario se produit lorsqu'un membre du groupe de développement d'un projet NFT lève des fonds puis s'enfuit avec l'argent investi par les utilisateurs, sans honorer les promesses faites aux investisseurs.

C'est apparemment ce qu'a fait Animoon après avoir généré des millions d'euros. En réalité, le projet a connu le succès que l'on connaît principalement grâce au marketing d'influence.

En faisant appel à la promotion de plusieurs personnalités sur les réseaux sociaux, le projet a réussi à écouler ses 5000 NFTs, mais n'a vraisemblablement pas respecté son plan initial. Ce plan promettait divers privilèges aux propriétaires de NFT ainsi que des annonces exceptionnelles pour maintenir l'engouement autour du projet, notamment :

• 2 500 dollars par mois à vie
• Voyages tout frais payés
• Cadeaux et vêtements de luxe
• "Projet secret avec Netflix"
• Partenariat avec Pokémon et Digimon

Finalement, tout cela était trop beau pour être vrai, et aucune de ces promesses ne s'est concrétisée, au détriment des investisseurs qui ont été convaincus par de nombreuses publicités mensongères sur les réseaux sociaux. Pour ces raisons, les victimes se sont également plaintes contre la société Animoon, mais celle-ci a été déposée contre « X ».

Cette affaire illustre clairement les préjudices que peut causer le marketing d'influence malhonnête, surtout lorsqu'il s'agit de produits nouveaux tels que les NFT, qui peuvent parfois exploiter la crédulité de certaines personnes.