Sorti le 2 mai dernier, Redfall n'a pas reçu l'accueil escompté. Shooter coopératif dans un monde ouvert plein de vampire, le titre d'Arkane manquait le coche sur de nombreux points, y compris celui de l'approche du jeu-service. Il n'en fallait pas plus pour que l'inquiétude gagne les fans du studio, qui ne croule déjà pas sous les succès commerciaux.
Redfall : une mayonnaise au goût intéressant qui a du mal à prendre
Arkane Studios, c'est deux entités. La première, née à Lyon en 1999, est à l'origine de titres tels qu'Arx Fatalis, Dark Messiah of Might and Magic, Dishonored 1 & 2 ou encore Deathloop. Leur truc, c'est l'immersive sim, une philosophie de design qui pousse à créer des environnements offrant de nombreuses possibilités et à mettre entre les mains des joueurs des outils permettant d'expérimenter et de faire des choix. Dans la veine de Deus Ex, Thief, System Shock 2 et Ultima Underworld, nombre de ces jeux sont cultes. Pourtant, rares sont ceux à avoir connu un immense succès commercial. Les jeux sont complexes et difficiles à présenter, et il faut souvent mettre les mains dessus pour se rendre compte de ce qu'ils ont à offrir.
Dans le cas d'Arkane, on peut dire que Dishonored et Deathloop ont fonctionné au-delà des attentes, mais les autres sont restés assez "niche". Visiblement, Arkane et Bethesda ont souhaité donner un coup de pied dans leurs habitudes avec Redfall, en proposant un jeu de tir coopératif en monde ouvert fonctionnant sur le modèle du jeu-service développé au sein de la seconde entité, Arkane Austin (Prey). On ressent ça et là la patte du studio, mais le monde ouvert peine à convaincre, le comportement des ennemis n'est pas très varié, le système de loot et la progression ne sont pas très motivants, et l'aspect technique laisse franchement à désirer.
Redfall est plein de qualités, mais il échoue à un rythme régulier, laissant un drôle de sentiment manette en main. On a rapidement appris que le développement aurait été compliqué, avec un manque de direction créative claire et des équipes qui semblaient ne pas trop y croire. Harvey Smith, qui dirigeait tout ça, était persuadé que les pièces du puzzle allaient s'assembler, mais ça n'a pas été le cas, aboutissant à un titre n'affichant qu'un maigre 55 Metacritic, ce qui a surpris Microsoft dont les tests internes étaient putôt encourageants.
Arkane Austin en danger ? Matt Booty offre une lueur d'espoir
Avec cet échec, on se demandait si l'avenir d'Arkane ne s'était pas considérablement assombri. Phil Spencer a reconnu que Microsoft n'avait peut-être pas assuré comme il fallait l'intégration du studio, et il a fallu attendre ces derniers jours pour que Matt Booty, qui préside au destin des studios Xbox, n'éclaircisse un peu la situation. Lors d'un entretien réalisé avec Axios et Stephen Tolito, Matt Booty a dû répondre à la question que de nombreux joueurs se posaient : Arkane va-t-il rester ouvert malgré l'échec de Redfall ? Ce dernier n'a pas fermement assuré l'avenir du studio pour éviter de prendre un sacré retour de bâton en cas de changement de politique, mais il a tout de même indiqué que "c'était le plan pour le moment".
Je me sens responsable du fait que nous aurions pu faire un meilleur travail avec Arkane. C'était un raté, mais combien de raté ? Je veux les soutenir pour pouvoir continuer à travailler pour livrer le jeu qu'ils avaient en tête. (...) Ils travaillent dur sur les mises à jour et le contenu continu de Redfall.
On retrouve ici le même discours que Phil Spencer, qui prenait pour lui l'échec du jeu, et ce malgré une volonté affichée de ne pas interférer dans le développement. D'un côté, de nombreux joueurs saluent l'envie de Microsoft de laisser les créatifs faire leur travail, mais d'autres regrettent que la firme, qui a racheté l'intégralité de Zenimax, ne s'implique pas plus dans les productions afin d'en garantir la qualité et assurer une forme de ligne éditioriale. Quoi qu'il en soit, Arkane Austin ne semble pour le moment pas en danger, et travaille sur les différentes mises à jour prévues pour Redfall. Le jeu est assez populaire sur le Game Pass, mais il faudra du temps et énormément de travail pour transformer ce lancement raté en production à ne pas manquer.