Le plus beau jeu français de 2023, c'est sans doute Dordogne, disponible dès aujourd'hui sur PC, consoles, et dans le Xbox Game Pass.
Pause enchantée dans la quiétude du Périgord, Dordogne est une invitation champêtre du studio français Un Je ne Sais Quoi, une société “couteau-suisse” avec 15 ans d’expérience en animation qui préfère le pinceau aux traits numériques pour les intégrer aux outils modernes de 3D. Une technique hybride qui a suscité une attention particulière pour le jeu dès ses premières présentations au public. Les planches à l’aquarelle sont d’une beauté sans égal et se succèdent comme les pages d’un conte illustré pour enfants, sublimé par un travail minutieux sur les lumières qui traversent subtilement les pièces d'une maison ou se reflètent sur les eaux calmes d'un fleuve. Chaque décor relève de l’émerveillement et est drapé d’une ambiance mélancolique très douce, accompagnée des mélodies aux textures très chaleureuses composées par le groupe Supernaïve. Dordogne est un jeu à sensations qui convie à redécouvrir à travers quelques souvenirs poussiéreux les plaisirs de l’enfance.
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Balade bucolique en Dordogne
Le jeu suit Mimi, une jeune femme qui quitte temporairement la capitale pour faire ses adieux à la maison de sa grand-mère défunte, en Dordogne. Le cadre est planté à travers deux temporalités : le présent de l'héroïne et son passé de petite fille, en séjour d’été chez son aïeule, dont le décès drape les pièces d'une terrible solitude et peint les murs de teintes mornes. On aurait pu le deviner sans qu’il nous en fasse part, Dordogne est inspiré de l’expérience de vie de son artiste, Cédric Babouche ; une anecdote partagée plus tôt dans les colonnes du média Ouest France : “J’ai passé mes treize premières années de vacances dans la maison de mon arrière-grand-mère dans le Périgord, plus du côté du Lot, du côté de Saint-Germain-du-Bel-Air ou de Rocamadour. Et on allait souvent du côté de la Dordogne avec mes grands-parents durant les vacances d’été. C’est une région que j’affectionne personnellement, dont j’avais des souvenirs peut-être idéalisés, mais en tout cas, j’en ai toujours des souvenirs incroyables”. Embarquée par ses parents et contre son gré dans le quotidien de sa mamie Nora, à des milliers de kilomètres de chez elle, la petite Mimi découvre les joies du jardinage, hume les senteurs du thym et de la sauge, fait ses emplettes au marché de Sarlat et se baigne dans les eaux de la région. Le jeu nous gratifie de très jolis doublages venus nous bercer lors de notre visite de cette campagne si agréable.
Vous ne ferez jamais grand chose dans Dordogne, chaque petite activité s’apprécie comme de chaudes vacances d’été passées à flâner ; les manipulations à la souris sont parfois inconfortables et laissent penser qu’on aimerait mieux les exécuter sur tablette, au stylet. Mais elles servent surtout au studio à ne pas s’engouffrer dans un flot incessant de cinématiques et à convier le joueur à interagir un tant soit peu avec son univers, quel que soit son âge. En plus des souvenirs, Mimi collecte des mots qui apparaissent dans l’espace et viennent s’additionner aux sons et aux photographies que vous capturez avec son polaroïd. Ces éléments peuvent se composer dans un carnet que vous alimentez à chaque fin de chapitre ; une sorte de scrapbooking minimaliste et très sommaire qui permet de tisser le fil rouge du récit, dont les mystères s’accumulent.
Des mystères éternels
Dordogne renferme une véritable intrigue, insoupçonnée à ses débuts, qui se révèle être particulièrement prenante. Elle aborde les thématiques de l’insouciance, des liens familiaux et s'enrobe d’un certain mystère. Mais il faudra bien prendre garde à récolter l’ensemble des lettres dispersées dans la maison pour en saisir les tenants et les aboutissants, sans quoi vous conserverez à jamais de grandes questions sans réponses. Impossible de revenir en arrière ou de poursuivre l’exploration des lieux une fois le dernier événement déclenché. En ce sens, le jeu manque de vous guider correctement dans la compréhension complète de ses précieux secrets. Notez que quatre à cinq heures seront nécessaires pour boucler cette petite balade bucolique qu’on aimerait voir s’éterniser.