Il y a quelques jours, on a eu le plaisir d’apprendre que Final Fantasy XVI venait de passer « gold », soit un terme que l’on utilise pour annoncer que le développement d’un jeu est terminé. En marge de cette révélation, FF16 avait répondu présent à l’appel de la PAX East, événement durant lequel ce nouveau volet s’est joliment illustré. Sauf qu’une fois de plus, ces extraits inédits n’ont pas ravi tout le monde. Que les détracteurs le veuillent ou non, ce Final Fantasy emprunte une nouvelle voie, quitte à en perdre certains en chemin, car se réinventer a toujours fait partie de l'ADN de la série.
Cet article est un billet d’opinion, il est par nature subjectif. L'avis de l'auteur est personnel et n'est pas représentatif de celui du reste de la rédaction de JV.
Voilà maintenant plus de trente-cinq ans que la licence de jeux vidéo Final Fantasy régale autant les fans… que celles et ceux qui ne peuvent la voir en peinture. Clivante, la licence l’a toujours été en raison de son système de jeu, à savoir le tour par tour, mais elle l’a même été au sein de la communauté des joueurs de Final Fantasy en faisant, parfois, des choix osés. Prenez n’importe quel joueur de la franchise et demandez lui quel est son jeu Final Fantasy préféré, vous verrez, en cumulant les réponses, que les noms de quelques-uns reviendront souvent mais qu’il n’y a pas un seul titre qui fasse l’unanimité au point d’être intouchable.
À titre d’exemple, j’ai passé des heures à apprécier le tour par tour et l’idée du sphérier de Final Fantasy X, ai été subjugué à l’époque par l’univers médiévalo-fantastique de Final Fantasy XII, ai pris plaisir à découvrir l’histoire de Final Fantasy XIII et à lui pardonner son gameplay et ai de l’affection pour Final Fantasy XV, un jeu cabossé qui m’a réconcilié avec les mondes ouverts autant qu’il m’a réchauffé le cœur lors de ses balades en voiture. On a beau avoir un Final Fantasy de cœur, il y a toujours un petit quelque chose qui fait que l’on peut apprécier les qualités d’un FF, même si les opus sont différents et s’éloignent parfois de ce que l’on aime. Alors oui, ne comptez pas sur Final Fantasy 16 pour répondre à toutes vos attentes, mais ne lui jetez pas la première pierre pour autant.
Le changement, c’est inscrit dans les gènes de Final Fantasy
En parallèle de sa présentation inédite lors de la PAX East, quelques séquences de Final Fantasy XVI se sont répandues sur la toile, ce qui a donné du grain à moudre aux mécontents les plus acerbes. Depuis les premiers extraits, il y a certains choix qui passent mal, notamment celui du système de combat qui délaisse encore plus le traditionnel tour par tour pour pleinement se focaliser sur l’action pure et dure. Logique, le directeur des combats n’est autre que Ryota Suzuki, un ancien cadre de Capcom qui a travaillé sur Dragon’s Dogma et, surtout, sur Devil May Cry 5. Tout ceci est donc une hérésie pour une frange des anciens joueurs de FF. Néanmoins, il faut leur rappeler que Final Fantasy a toujours été une licence qui a évolué avec son temps et qui a toujours cherché à amener son gameplay vers des horizons inédits.
Certes, Final Fantasy a longtemps conservé son système de combat au tour par tour, véritable cœur du gameplay, tout en l’agrémentant d’idées fraîches au fil des épisodes. FF2 vous incitait à gérer vous-même les caractéristiques de votre personnage, FF3 se reposait sur un système de jobs évolutifs, FF4 inaugurait le système de l’ATB où vos personnages peuvent agir lorsque leur barre d’action est remplie, FF5 revenait aux jobs en proposant des combinaisons et FF6 réintroduisait les classes fixes mais y ajoutait des compétences et attaques spéciales ainsi qu’un système de Magicites. De la même façon, les épisodes qui leur ont succédé ont toujours tenté d’apporter ce petit plus, tout en restant fidèle aux codes de Final Fantasy. Le souci, c’est qu’en parallèle le monde du jeu vidéo connaissait ses propres évolutions, faisant de certains genres les références à suivre. Les générations se succèdent et les envies fluctuent, ce qui fait qu’il est impossible pour Final Fantasy de s’en tenir au même moule, année après année.
Et là, je vous vois venir en me rétorquant que Dragon Quest y parvient depuis des lustres tout en gardant cet aspect traditionnel, limite austère, et en préservant sa réputation. Le souci, c’est qu’il n’y a plus la même concurrence entre les deux licences tant Final Fantasy a produit tous les efforts du monde pour creuser son trou dans le marché du jeu vidéo et s’adapter à un public qui se renouvelle sans cesse. Et aujourd’hui, il n’y a pas photo, c’est FF qui a remporté la bataille face à DQ. Il n’y a qu’à voir les réactions plus qu’enjouées des joueurs sur les réseaux sociaux à l’idée de parcourir Final Fantasy XVI. Prendre le risque de froisser les anciens pour charmer de nouveaux venus, voilà la lourde tâche que perpétue ce seizième épisode — FFXV faisait déjà un grand pas dans cette direction, non sans trébuché —, et c’est tout à son honneur. En tant que fan de Final Fantasy, je préfère voir cette licence faire des erreurs en essayant de se réinventer plutôt que de la voir sombrer en nous servant sans cesse la même soupe.
Final Fantasy nous raconte toujours une nouvelle histoire, et c’est ça sa force
Pendant plus de trente ans, la recherche de la nouveauté, du gameplay et des fonctionnalités qui font mouche a toujours servi de boussole aux équipes créatives, telles les guerriers de la légende poursuivant la lumière des Cristaux. D’ailleurs, quel serait l'intérêt de la création si celle-ci se résumait à reproduire les mêmes choses inlassablement, se privant ainsi du principe d’innovation ? Au-delà d’apporter une révolution à chaque épisode, aussi minime soit-elle, Final Fantasy était aussi le terrain de jeu idéal pour bâtir une histoire : une ultime aventure, une dernière fantaisie. Oui, Final Fantasy XVI sera une nouvelle épopée dans un univers dont nous avons tout à découvrir, et c’est le choix qui a toujours été payant pour la désormais iconique licence japonaise de jeux de rôle.
Surtout, cette progression dans les chiffres romains avec la volonté de créer de l’inédit autour d’une histoire à chaque fois, c’était aussi l’occasion de découvrir, ou non — on pense au fameux projet Final Fantasy Versus XIII de Tetsuya Nomura —, la vision à part entière de professionnels du jeu vidéo sur la licence, tentant de s’approprier Final Fantasy dans l’espoir de le transcender. D’Hironobu Sakaguchi à Naoki Yoshida, en passant par Yoshinori Kitase, Kazushige Nojima, Hiroyuki Ito et Motomu Toriyama, Final Fantasy a circulé entre de nombreuses mains et ce sont ces différents passages de flambeaux, accompagné du soutien des autres cadres de ces multiples projets, qui ont permis à la série d’avoir une telle aura et des histoires aussi fabuleuses à partager. Alors, oui, il faut accepter que Final Fantasy ne fasse pas du surplace, mais c’est pour son propre bien et ça pourrait même être salvateur !
La relève est assurée : Final Fantasy XVI arrive dans un peu plus de deux mois sur PS5 !
Pour clôturer ce billet, on ne résiste pas à l’envie de vous redonner quelques informations sur Final Fantasy XVI. À l’approche de sa sortie, on a eu l’occasion d’assister à une présentation qui nous a permis de découvrir le jeu, manette en mains. Lors de ce seizième volet, nous suivrons donc la quête de vengeance de Clive Rosfield. L’héritier du duché de Rosaria, à jamais meurtri suite au trépas de son jeune frère, emprunte donc un chemin humainement sombre, tout en explorant les contrées de Valisthea et en se frottant aux Émissaires, de puissants guerriers servant de vaisseaux aux Primordiaux.
Lors de cette présentation, on a bien pu se rendre compte de l’orientation très action prise par le jeu. Pas de pause active, et encore moins de tour par tour, mais une formule dynamitée par un gameplay nerveux où chaque bouton de la manette représente une action : attaque, magie, esquive et saut, tandis que les gâchettes vous permettent de varier les capacités et, par extension, les styles de jeu. Durant son périple de longue haleine, déjà illustré par maintes bandes-annonces, on a pu constater que Clive ne sera pas seul et qu’il pourra entre autres compter sur Torgal, son fidèle compagnon.
Si le titre s’inspire fortement des cadors du jeu d’action, et plus particulièrement de Devil May Cry 5 ou de Dragon’s Dogma pour les raisons citées plus haut, ce ne sont pas les seules inspirations. La majeure partie des combats se feront peut-être à taille humaine, sauf que ça ne sera pas la même histoire lorsqu’il faudra se frotter aux Primordiaux. Avec cette idée, Final Fantasy 16 nous promet des affrontements aussi titanesques que spectaculaires qui nous rappellent aussi bien ceux du manga L’Attaque des Titans que ceux du jeu vidéo Asura’s Wrath, développé par Cyberconnect2. Du gameplay bien nerveux, une histoire sombre et une couche de conflits politiques : il nous tarde de découvrir cela à compter du 22 juin prochain en exclusivité sur PS5.