L’arroseur va-t-il devenir l’arrosé ? Après avoir accusé Microsoft de mettre au point une concurrence déloyale avec le rachat d’Activision Blizzard, toujours en cours de validation, Sony est visé par le congrès américain pour des pratiques jugées anticoncurrentielles au Japon.
"Des pratiques commerciales discriminatoires"
Dans le courant du mois de mars, des responsables politiques américains ont fait part de leurs inquiétudes à l'administration Biden. Dans leur collimateur ? Sony et ses pratiques commerciales dans son pays natal, le Japon, qui empêcheraient les entreprises américaines d’être compétitives au pays du soleil levant. D’après eux, PlayStation violerait des clauses de l'accord sur le commerce numérique conclu en 2019 entre les États-Unis et le Japon. Cette accord prévoit que les deux pays accordent un “traitement non discriminatoire aux produits numériques”.
Comme le souligne Axios, dix membres de la Chambre des représentants ont envoyé deux lettres à Katherine Tai, représentante au commerce, et à Gina Raimondo, secrétaire d'État au commerce. "Aujourd'hui, nous vous écrivons pour attirer votre attention sur le déséquilibre du marché japonais des jeux vidéo, dont nous craignons qu'il ne soit le résultat d'une pratique commerciale discriminatoire susceptible de violer l'esprit de l'accord sur le commerce numérique entre les États-Unis et le Japon" peut-on lire sur les lettres. “PlayStation signe des accords destinés à empêcher les jeux japonais à succès d'accéder à la Xbox de Microsoft (...) ce qui peut violer les lois antitrust du Japon” poursuit la lettre.
Bien sûr, les deals d’exclusivités ne sont pas nouveaux dans le monde du jeu vidéo et Microsoft en signe également. Ce qui est pointé du doigt ici repose sur des pratiques plus insidieuses que le groupe japonais aurait utilisé, telles que des exclusivités temporaires dédiées au Japon (Destiny, Batman Arkhan Knight), des versions localisées en japonais dédiées aux machines de Sony (Monster Hunter World), voire carrément des accords d’exclusions afin de s’assurer qu’un jeu ne sorte ni sur Xbox, ni dans le Game Pass.
PlayStation dans le viseur
De son côté, Microsoft applaudit. "Les tactiques anticoncurrentielles de Sony méritent d'être discutées et nous sommes favorables à une enquête plus approfondie afin de garantir des conditions de concurrence équitables dans l'industrie du jeu vidéo" a déclaré David Cuddy, porte-parole de Microsoft, à Axios. Son souhait a été entendu : Katherine Tai a promis de se pencher sur la question.
Cette affaire survient à un moment où les relations entre Microsoft et Sony sont tendues. Cela fait maintenant un an que nous assistons à un véritable bras de fer entre les deux sociétés au sujet du projet d’acquisition d’Activision. Le groupe japonais demande l’annulation du deal aux autorités, tandis que le géant américain estime que c’était justement pour qu’il y ait plus de concurrence que cette fusion doit être autorisée.
Cet affrontement a occasionné des situations cocasses, comme ce moment où Jim Ryan a accusé Phil Spencer de laver le linge sale en public, ou quand Bobby Kotick a fait la morale au Premier ministre du Royaume-Uni. Récemment, Activision a affiché son exaspération, alors que Sony s’est dit harcelé par les demandes de documents provenant des équipes de Spencer. Malgré ces tensions entre les deux concurrents, le Japon a approuvé le rachat d’Activision Blizzard par Microsoft à la fin du mois de mars.