Et si Cendrillon trompait le prince charmant ? Et si Dracula trouvait l’amour ? Et si le vil baron trouvait un moyen d’accéder au trône ? Toutes ces histoires dignes des plus grands retournements de situation de Game of Thrones, et bien plus encore, c’est dans Storyteller que ça se passe !
Écris l'histoire comme un casse-tête
Avant de vous expliquer le concept de Storyteller, il est important de remonter un peu en arrière. Quand je faisais mes études, j’ai eu une période où je faisais en sorte de lier la plupart de mes devoirs aux jeux vidéo, même si le lien n’était pas toujours évident à trouver. Un cours sur les mémoires de l’esclavage ? Pourquoi ne pas parler du DLC d’Assassin's Creed IV : Black Flag, Le Prix de la Liberté (et d’un obscur jeu éducatif dans lequel on pouvait jouer à Tetris avec des corps d’esclaves comme blocs, oui ça a existé). Un papier à écrire sur une œuvre d’art hybride ? Cherchons un jeu qui joue avec les mots et la poésie. Et c’est ainsi que je suis tombée, il y a quelques années en arrière, sur le travail de Daniel Benmergui, un développeur indépendant argentin au style un peu particulier. Après un passage chez Gameloft, le bougre a en effet décidé de se concentrer sur des créations indépendantes atypiques et presque expérimentales, toutes disponibles gratuitement sur son site Ludomancy. Si pour mon devoir je m’étais penchée plus en détails sur Today I Die, un poème interactif et métaphorique sur la dépression, un autre projet avait attiré mon attention : un certain Storyteller.
Et oui, le petit jeu indépendant édité aujourd’hui par Annapurna ne date pas d’hier. Les premiers prototypes tout en pixels remontent à 2008. À l’époque, Storyteller nous proposait une petite bande-dessinée dont il était possible de modifier les cases et les relations entre les personnages, afin de changer la conclusion. Qu’est-ce qui a changé avec le jeu sorti la semaine passée sur PC et Nintendo Switch ? Premièrement, cela saute aux yeux, la direction artistique a pris un autre tournant pour nous proposer des dessins mignons à souhait, le tout porté par des animations rigolotes. Deuxièmement, le concept a été étoffé. “Commencez avec un titre, un cadre et des personnages et agencez les récits pour qu’ils correspondent aux titres proposés” nous dit la page Steam. C’est plutôt assez clair comme idée, non ? En gros, c’est un mélange entre de la narration et du casse-tête. Pour corser le tout, vous pouvez ajouter quelques contraintes supplémentaires qui prennent la forme de variantes sur quelques tableaux. Et niveau thème abordé, ça tourne globalement autour d’histoires d’amour, de vengeances, de trahisons et de coups montés pour monter sur le trône. Étonnement, Storyteller a presque des airs de Game of Thrones dans sa logique, le tout parsemé de références à Roméo et Juliette, Hamlet et d’autres classiques. Bien sûr, on a joué au jeu et il est tant de vous partager un ressenti un peu plus personnel.
Simple, basique mais diablement efficace
On ne va pas se mentir, Storyteller n’est pas un jeu qui vous tiendra en haleine pendant des heures en se renouvelant encore et encore. Il ne s’agit clairement pas d’un jeu indépendant avec des moyens colossaux et une durée de vie impressionnante. À vrai dire, il vous faudra moins de deux heures pour venir à bout de la cinquantaine de tableaux que propose Storyteller. On est donc sur un petit jeu, et cela ne sera pas au goût de tout le monde. Qui plus est, il n’y a pas des milliards de mécaniques. Certes, on rencontre de nouveaux personnages et de nouveaux décors au fur et à mesure, permettant ainsi de renouveler les interactions possibles, mais elles ne sont pas vraiment nombreuses. Les possibilités sont donc loin d’être infinies. Ajoutez à cela une interface qui aurait mérité d’être plus travaillée pour une navigation plus rapide et une difficulté peu présente et vous comprenez pourquoi le jeu reçoit des critiques assez mitigées. Sur Metacritic, il récolte un sobre 72 sur 100 et sur Steam, les avis sont “plutôt positifs”.
Mais si on sait pour quoi on signe, Storyteller propose une parenthèse enchantée bienvenue, une petite douceur au goût original. C’est simple, mais ça fonctionne. On a envie d’enchaîner les différents tableaux les uns après les autres, on ne se lasse pas. Storyteller se déguste avec grand plaisir. Les nouveautés sont certes peu nombreuses mais étalées tout au long du jeu de façon assez bien rythmée. On se prend au jeu, on se creuse parfois les méninges, on rit à quelques blagues bien pensées… En somme, c’est un vrai bon moment à passer. Et si le jeu n’est pas prévu pour jouer avec des amis, rien ne vous empêche de le savourer à plusieurs. Promis, ça lui donne une saveur encore plus appréciable. Petit conseil : n’hésitez pas à lancer le jeu lors de la pause-déjeuner au boulot. Storyteller est en effet un bon moyen de rassembler quelques collègues autour de monde afin d’essayer de résoudre les tableaux les plus corsés, le tout dans la joie, la bonne humeur et quelques innocentes insultes (oui c’est du vécu). On a rarement vu une séance de teambuilding coûter si peu cher ! Tout comme on a rarement vu un petit jeu jouer aussi bien avec les histoires.
Pour rappel, Storyteller est disponible sur PC et Nintendo Switch depuis le 23 mars dernier.