L'exclusivité potentielle de Call of Duty est au centre de la guerre que mène Microsoft contre Sony et les principaux régulateurs. Les équipes de Xbox souhaitent prouver leur bonne volonté en multipliant les accords avec des services qui donneront accès au titre d’Activision en cas de rachat validé.
Une pierre, deux Cloud
Dans la bataille qui oppose pour le moment Microsoft aux régulateurs des principaux marchés (Etats-Unis, Royaume-Uni, Europe), nous retrouvons une crainte largement exprimée par Sony, celle d’une éventuelle exclusivité de Call of Duty pour l’écosystème Xbox. La FTC, la CMA et la Commission européenne ont, de leur côté, pointé du doigt l'hégémonie de la firme de Redmond sur tout ce qui touche au Cloud Gaming par rapport à ses concurrents, domination qui pourrait se renforcer en cas de fusion validée. Brad Smith (président de Microsoft) et Phil Spencer (patron du gaming chez Microsoft) ont entendu ces appréhensions et lancent depuis un petit mois une opération d’envergure visant à rassurer les instances antitrust sur les deux points majeurs précédemment cités.
Le 23 février dernier, à Bruxelles, le mastodonte américain annonçait avoir trouvé un accord avec Nintendo afin d’assurer la venue de Call of Duty pendant au moins 10 ans sur les consoles du papa de Mario, en cas de réussite de la fusion. Il avait également révélé l’arrivée des jeux Xbox PC (Xbox Game Studios et Bethesda) sur GeForce Now pour une durée d’au moins 10 ans. Autrefois opposé à ce deal, Nvidia est devenu un partenaire. Mais Microsoft ne s’arrête pas là.
Nous venons d’apprendre que la société américaine a signé deux nouveaux accords avec Boosteroid et Ubitus, deux géants du Cloud Gaming. L’un s’enorgueillit d’être devenu le plus grand fournisseur indépendant de Cloud Gaming au monde avec ses 4 millions d'utilisateurs tandis que l’autre est le groupe qui s’est spécialisé dans le Cloud Gaming sur Switch. Ces “principaux fournisseurs de jeux sur le Cloud” ont signé “un partenariat de 10 ans pour accueillir les jeux Xbox PC ainsi que les titres d'Activision Blizzard après la finalisation de l'acquisition” déclare Phil Spencer sur son compte Twitter. Il ajoute : “notre engagement est d'offrir plus de choix à un plus grand nombre de joueurs”. À Bruxelles, Brad Smith annonçait vouloir apporter Call of Duty à 150 millions de périphériques supplémentaires si le deal est approuvé.
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Et le rachat d’Activision, il en est où ?
Pour le moment, le projet d’acquisition d'Activision par Microsoft est toujours analysé par les trois principaux régulateurs. La FTC (États-Unis) a lancé une procédure visant à bloquer la fusion, tandis que la CMA (Royaume-Uni) comme la Commission européenne continuent de scruter le dossier. Dans ses conclusions provisoires publiées en février dernier, l'autorité britannique de la concurrence et des marchés estimait que le rapprochement entre les deux géants “pourrait entraîner une hausse des prix, une réduction du choix et une diminution de l'innovation” pour les joueurs britanniques. L’agence préconisait également une “cession partielle d’Activision Blizzard” comme solution potentielle. Une proposition balayée d’un revers de main par Brad Smith. La CMA et la Commission européenne publieront leur rapport final dans le courant du mois d’avril (avec une date limite fixée au 25 avril pour la Commission européenne et au 26 avril pour la CMA).
D’après les récentes déclarations de Brad Smith, il n’y aurait plus aucune communication entre Microsoft et Sony. La firme de Redmond a également prévenu qu’elle contestera toute décision réglementaire (allant contre le rachat) devant les tribunaux.