Comment la France a subi de plein fouet le choc Hokuto no Ken

Bien avant que le public français ne succombe massivement à l’attrait des mangas, c’est par le biais du petit écran que les téléspectateurs ont découvert toute la richesse de l’animation japonaise. Marquée par sa diversité, son aspect feuilletonnant et son ton parfois très dur, l’animation venue du Japon ne s’adressait pas nécessairement aux enfants. Mais cela, les chaînes françaises des années 80 l’ignoraient, achetant des séries à tours de bras sans forcément s’intéresser de près à leur visionnage. C’est ainsi que l’adaptation animée du manga Hokuto no Ken (dessiné par Tetsuo Hara et scénarisé par Buronson) s’est retrouvée catapultée à une heure de grande écoute sur TF1 dans le Club Dorothée, émission destinée aux enfants de tous âges, y compris les plus jeunes.

©Buronson & Tetsuo Hara/COAMIX 1983

La violence omniprésente et caractéristique des épisodes de la série Ken le Survivant devient donc bien vite insupportable aux yeux des parents, alors même que les jeunes téléspectateurs se prennent de passion pour l’anime ! Il faut dire que le manga pré-publié dans le magazine Weekly Shônen Jump, tout comme son adaptation pour la télévision par le studio Toei, ne se limite pas à des scènes de barbarie gratuites sans fondement. Le scénario de Hokuto no Ken est certes cru et sans pitié pour les êtres les plus fragiles, mais il est à repositionner dans un contexte narratif post-apocalyptique qui, malgré sa brutalité, tente surtout de dénoncer la violence et la volonté de domination par la force. Celle-ci ne doit être utilisée que dans le but de défendre les plus faibles, ce que fait précisément Kenshirô, envers et contre tous. Au-delà des affrontements barbares qui ont provoqué l’indignation des parents et la censure de la série, le manga et l'anime renferment donc aussi une histoire poignante et tragique qui mérite d’être considérée dans sa globalité.

©2023 Imagineer Co., Ltd. ©Buronson & Tetsuo Hara/COAMIX 1983 Approved No.EB-21

Pourtant, la violence surréaliste de Ken le Survivant confronte rapidement la chaîne française à un dilemme cornélien : déprogrammer définitivement la série ou bien opter pour un compromis. C’est ce dernier qui a heureusement été trouvé en autorisant les comédiens de doublage à improviser ou surjouer certaines de leurs répliques afin de dédramatiser l’atmosphère du dessin animé. D’abord timides, ces dérives se multiplient au fil des épisodes dans lesquels il n’est pas rare d’entendre des jeux de mots tels que le « Hokuto-de-cuisine » ou le « Nanto-de-fourrure » qui éloignent de plus en plus les téléspectateurs du propos initial de la série. Si la démarche apparaît inconcevable aujourd’hui vis-à-vis des ayants droits japonais et du respect de l’œuvre originale, elle a pourtant permis à Ken le Survivant d’être diffusé ainsi pendant près de deux ans. Devenu culte dans notre pays, au même titre que Dragon Ball ou Saint Seiya, l’anime n’avait hélas pas pu dévoiler son dénouement aux fans qui se sont ensuite tournés vers le manga pour découvrir la véritable identité de cette franchise dont les épisodes ne seront accessibles que beaucoup plus tardivement en VOST non censurée.

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L’homme aux 7 cicatrices

Bien que fortement influencé par le cinéma post-apocalyptique (Mad Max, les films de Bruce Lee, etc) ou diverses œuvres de science-fiction, Hokuto no Ken trouve ses propres marques dans un contexte de fin du monde qui n’a pas vraiment d’équivalent dans l’histoire du manga. Alors que la Terre a été ravagée par une dramatique explosion nucléaire et que la vie a quasiment disparu de la surface de la planète, c’est la loi du plus fort qui a repris ses droits. Regroupés dans de petites communautés, les survivants sont régulièrement pris pour cible par des groupes de pillards qui terrorisent les populations pour s’approprier l’eau et la nourriture.

Dans ce chaos où il ne semble y avoir plus personne pour défendre les valeurs morales, un homme se dresse pour mettre fin aux exactions commises par ces brigands qui tuent comme ils respirent. Symbole d’espérance reconnaissable aux sept cicatrice qui dessinent la constellation de la Grande Ourse sur son torse, Kenshirô est le dernier héritier du Hokuto Shinken, un art martial qui détruit le corps de l’ennemi de l’intérieur par simples pressions sur ses points vitaux. En quelques secondes, le corps et la tête de l’adversaire se déforment et implosent, tandis que Kenshirô déclame sa sentence immuable : « tu ne le sais pas encore mais tu es déjà mort ».

Et donc, le rapport avec Fitness Boxing ?

Il nous fallait remettre tout cela dans son contexte pour bien comprendre à quel point la sortie du jeu Fitness Boxing : Fist of the North Star fait figure d’OVNI dans le paysage vidéoludique. Lancée dès les débuts de la Switch, la série Fitness Boxing est développée par le studio japonais Imagineer. Dans un cadre parfaitement réaliste, elle se propose d’assurer notre entraînement sportif par le biais d’activités physiques plus ou moins intensives, mettant à contribution les Joy-Con de la console. Le joueur frappe en direction de l’écran suivant le rythme indiqué pour enchaîner les coups (directs, jabs, crochets, etc) sur des musiques entraînantes, avec un objectif de régularité s’il veut constater le fruit de ses performances sur le long terme. Le jeu indique les dépenses caloriques et permet de personnaliser son entraînement en fonction des objectifs de chacun. Bref, une franchise très familiale qu’on ne s’attendait pas du tout à voir fusionner avec l’univers apocalyptique de Ken le Survivant !

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En septembre dernier, pourtant, l’annonce tombe via un trailer totalement improbable. On y voit la coach de la série Fitness Boxing se faire sortir de l’écran par Kenshirô qui prend sa place dans une version rebaptisée Fitness Boxing : Fist of the North Star. Le crossover est bien réel mais il faut garder à l’esprit qu’il s’agit davantage d’un jeu de fitness aux couleurs du manga que d’une adaptation de Hokuto no Ken à la sauce « coaching sportif ». En clair, le fond du jeu reste identique à celui des autres volets de la série et, même si les personnages, les décors et les musiques renvoient bien à la célèbre franchise, n’espérez pas livrer de vrais duels contre les représentants du Nanto ou revivre l’histoire du manga.

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Kenshirô devient votre nouveau coach sportif

Peut-être les développeurs du studio Imagineer ont-ils constaté que les joueurs manquaient de sérieux face aux exercices de la série Fitness Boxing ? Mais avec l’héritier de la Grande Ourse en nouveau coach bodybuildé, plus question d’épargner ses efforts ! Qui sait, peut-être qu’à l’inverse des humains ordinaires qui n’utilisent que 30 % de leurs capacités potentielles, on pourra se servir des 70 % restants à force d’entraînement ? L’introduction de Fitness Boxing : Fist of the North Star nous promet en tout cas de « retrouver l’amour grâce à l’exercice », preuve s’il en était besoin que l’art de la boxe revisité par l’instructeur Kenshirô sera bien plus qu’un simple programme sportif.

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Une fois passée la déception ne de pas pouvoir accéder aux voix japonaises, on se rabat sur le doublage français pour constater que le titre offre toujours la possibilité de personnaliser ses entraînements pour atteindre différents objectifs sur la durée. Les étirements peuvent venir compléter chaque séance, la durée de ces dernières étant paramétrable, tout comme l’intensité des exercices et les mouvements qui y interviennent.

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En dehors de Kenshirô, plusieurs instructeurs tirés du manga sont à débloquer avec les points Fitness accumulés en transpirant devant son écran (Mamiya, Rei, Souther, Raoh…). Même chose pour les tenues. On relève aussi la possibilité intéressante de jouer à deux dans les modes Séance du jour et Entraînement libre.

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Mais le point le plus attractif réside évidemment dans le mode Combat qui nous oppose à de vrais adversaires… même si cela ne change finalement pas grand-chose au gameplay. Les mouvements effectués à l’aide des Joy-Con permettent d’enchaîner en rythme des gestes de boxe on ne peut plus classiques (directs, crochets, jabs, uppercuts…) en changeant de position lorsque nécessaire. À vous de tenir jusqu'à la fin de la séquence en éliminant le nombre d'adversaires indiqué à l'écran.

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Prêt à défier Shin, Jagi ou Raoh ?

Pour affronter des rivaux dignes de ce nom, comme Shin, Jagi ou Raoh, il faudra donc attendre un peu, ou plutôt vaincre suffisamment d’adversaires en mode Combat pour accéder aux fameux combats de boss. En tant que successeur du Poing divin de la Grande Ourse, vous disposez tout de même de quelques attaques spéciales un peu moins réalistes… mais nettement moins violentes que dans la série animée.

Pas question en effet de voir les ennemis imploser tandis que leur crâne se déforme et se disloque de l’intérieur ! Ici, les adversaires tombent à la renverse sans plus de fioritures, ce qui ne manquera pas de décevoir les puristes. Même « l’onde de choc finale de la grande ourse » (décrite ci-dessous) reste à peine suggérée pour clore une série de combats en plaçant ses deux doigts sur les tempes de l’infortunée victime. Le clin d'oeil reste malgré tout sympathique.

« J’appuie mes pouces sur chacune de tes tempes et quand j’aurais libéré les centres nerveux de la pression tu auras 7 secondes à vivre. Ça te laisse 7 secondes pour te repentir de tous tes péchés » - Kenshirô dans la série animée Hokuto no Ken

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Face aux rivaux tels que Shin ou Raoh, il reste tout de même possible de voir Kenshirô déclencher ses techniques les plus puissantes moyennant un véritable déluge de coups. Le joueur doit alors réellement envoyer autant de frappes qu’il le peut dans le temps imparti pour vaincre son ennemi en beauté. Rien cependant qui ne suffise à réinventer le concept de Fitness Boxing puisque, même lorsqu’il s’agit de parer, ce sont les mêmes types d’enchaînements qu’il nous est demandé d’exécuter. Sympathique par son approche décalée et le choix surréaliste du crossover avec la licence Hokuto no Ken, ce jeu s’adresse finalement surtout à ceux qui cherchent une motivation amusante pour reprendre l’entraînement par le biais de leur console. Fitness Boxing : Fist of the North Star est disponible depuis le 2 mars sur Nintendo Switch en version française dématérialisée.

©2023 Imagineer Co., Ltd. ©Buronson & Tetsuo Hara/COAMIX 1983 Approved No.EB-212 Nintendo Switch est une marque de Nintendo.