Dans l’ensemble du catalogue Nintendo, s’il y a bel et bien un jeu qui représente au mieux l’aspect familial de la firme japonaise, ce n’est ni plus ni moins que Mario Kart. Licence de jeux vidéo au succès phénoménal, les folles courses de Mario et sa bande n’ont toutefois pas toujours été un modèle de positivité. Par le passé, certains jeux n’ont pas toujours été tendres face à la défaite, allant jusqu’à traumatiser certains enfants.
Sommaire
- Huit ans plus tard, Mario Kart 8 carbure toujours autant
- Encourager Mario et sa bande… plutôt que de les rabaisser
- Les joueurs n’oublieront jamais ces fins de Mario Kart !
- Mario Kart 64 et la défaite de Toad, une expérience très perturbante
Huit ans plus tard, Mario Kart 8 carbure toujours autant
En l’espace de trente ans, la licence Mario Kart s’est démocratisée à une vitesse aussi ahurissante que celle des véhicules utilisés par le plombier moustachu et toute sa bande. Opus après opus, les jeux Mario Kart s’arrachent et la mascotte à la salopette bleue peut clairement remercier la Nintendo Switch. Sauvé des limbes du catalogue de la Wii U, Mario Kart 8, agrémenté de la mention « Deluxe » sur la console hybride, est devenu un carton planétaire. Et encore, le terme « carton planétaire » sonne tout bonnement comme un euphémisme. Chaque année, il s’en vend des palettes entières. On ne parle pas du petit modèle, mais d’un format extra-large où l’on peut en stocker des millions. Rien que sur l’année fiscale 22-23, entre avril et décembre inclus, il s’en est écoulé 6,66 millions ce qui lui permet d’intégrer aisément le top 5 des meilleurs ventes — alors qu’il est initialement sorti… le 29 mai 2014 ! — et le chiffre tout rond de 52 millions d’unités vendues. Ça, c’est l’effet Mario Kart !
Ce « boom » incessant ne s’essouffle pas, et il y a toujours des périodes de l’année où cette réussite insolente est plus que palpable. Par exemple, lors des fêtes de fin d’année. Huit ans plus tard, Mario Kart 8 Deluxe reste toujours une valeur sûre au pied du sapin. Il faut dire que Nintendo est plus que rusé lorsqu’il s’agit de l’une de ses plus grosses poules aux œufs d’or. En attendant de savoir ce qui sortira du garage pour le neuvième opus « principal », Nintendo alimente toujours le succès de MK8 Deluxe grâce à une vague de DLC qui signe le retour de circuits mythiques — mais aussi de personnages comme avec la vague 4 — et nous occupera encore jusqu’à la fin d’année 2023. Plus de trente ans après sa rencontre avec le public, c’est toujours l’amour fou entre les deux, quand bien même le jeu est réputé pour avoir briser plus d’une amitié lors de soirées canapé.
Encourager Mario et sa bande… plutôt que de les rabaisser
L’une des forces de Mario Kart est de proposer une expérience familiale où chacun peut parvenir à tirer son épingle du jeu à tel ou tel moment. Celles et ceux qui y ont joué le savent : le titre de Nintendo peut être cruel à tel point qu’il peut vous faire fortement serrer les dents et le poing pour garder une contenance appropriée (en ligne ou devant ses proches) et ne pas céder au rage quit. Toutefois, l’important c’est de participer comme le disait ce cher Pierre de Coubertin. De plus en plus, Nintendo et Mario Kart épousent cette philosophie et encouragent la persévérance.
Lorsqu'apparaît le tableau final et récapitulatif d’une coupe sur Mario Kart 8 et que vous n’avez pas la chance d’être sur le podium, vous avez toujours Lakitu pour vous applaudir, vous féliciter et vous gratifier d’un réconfortant « Bien essayé ! / Dommage ! ». Ce n’est pas grand chose, mais vous voilà reparti pour faire crisser les pneus et décrocher la pôle position. Toutefois, plus on remonte le temps et plus on a le sentiment que Nintendo prenait un malin plaisir à enfoncer le couteau dans la plaie.
Mario Kart 7, l’opus précédent sorti sur 3DS, se servait déjà de Lakitu mais l’attitude corporelle n’était pas la même à cette période. Arborant un sourire quelque peu narquois, celui-ci faisait non du doigt à tout joueur n’atteignant pas le trio de tête, tout en lui adressant un « C’est dommage ». Effectivement, pour le soutien, on repassera ! Vous l’aurez compris, Nintendo et Mario Kart ne savaient pas trop sur quel pied danser au moment d’asséner une petite tape dans le lot des joueurs qui voyaient s’échapper le podium. Avec l’épisode Mario Kart Wii, c’est une impression douce-amère que l’on expérimente à la fin d’une compétition dont on repart bredouille.
Certes, les développeurs ont un petit mot gentil en nous disant « Tu auras plus de chance la prochaine fois », mais voir notre personnage qui surplombe le circuit, à l’arrêt et moteur tournant, nous donne le sentiment qu’on le prive de l’asphalte et, surtout, de tout amusement avec ses amis. Pour tout vous dire, ce n’est pas le pire : au mitan des années 2000, on n’était qu’à un pas de l’humiliation… allègrement franchi quelques années plus tôt.
Les joueurs n’oublieront jamais ces fins de Mario Kart !
Passons rapidement sur les épisodes Mario Kart DS et Mario Kart Double Dash !!, respectivement sortis en 2005 et 2003 sur Nintendo DS et Nintendo Gamecube. On avait beau suer sang et eau dans l’espoir de crâner fièrement sur l’une des places médaillées, Nintendo se montrait du genre blessant en tentant de nous motiver à l’aide d’un « Maintenant, essaie de gagner un trophée ! », comme si nous n’avions pas cet objectif en tête dès le top départ. Oui, Mario Kart a pu paraître maladroit avec le joueur durant son histoire, voire même rabaissant lors de ses premiers épisodes ! Notamment avec Super Mario Kart, sur SNES, et Mario Kart Super Circuit, sur GBA.
S’il était un modèle de divertissement sur la Super Nintendo, Super Mario Kart n’est pas un modèle de réconfort. Bien au contraire ! Si vous aviez le malheur de ne pas occuper la première, la deuxième ou même la troisième place, Nintendo savait vous rappeler à quel point vous n’étiez pas à la hauteur. Pour celles et ceux qui s’en souviennent, la remise de prix final consistait à placer les vainqueurs sur le podium tandis que votre personnage, qui n’avait pas quitté son kart, était comme cloué au pilori sur le bas-côté, dos à la scène et à quelques centimètres des grands gagnants. Enfin, contrairement à Mario Kart Super Circuit, on vous ridiculisait et on vous invitait à réessayer, mais on ne s’essuyait pas les pieds sur votre piètre performance.
Effectivement, sur la version « Advance » de la console portable de Nintendo, on ne faisait pas dans la dentelle et on vous faisait bien comprendre que vous n’étiez pas à la hauteur et que vous veniez de vous faire écraser… Jusqu’à ce que cela arrive, littéralement. Dans l’épisode GBA, la remise de prix finale est une véritable célébration : les trois médaillés sont dans leur karting et suivent la piste pour rejoindre la fête où retentissent les hourras du public. Une fois en place, vous leur faites face jusqu’à ce qu’une ombre menaçante plane sur vous. Le danger en question ? Tout simplement le podium qui vient aplatir votre personnage et son kart afin que vous intégriez correctement que vos adversaires sont au-dessus de vous. Vous étiez déjà à terre que le jeu vous frappe à nouveau là où ça fait mal : pour beaucoup, la pilule est toujours dure à avaler, mais ce n’est rien en comparaison du traumatisme de Mario Kart 64 et sa fameuse séquence !
Mario Kart 64 et la défaite de Toad, une expérience très perturbante
« Ce truc m’a traumatisé étant enfant », « J’étais effrayé par le changement de musique », « Ça m’aurait totalement détruit de l’intérieur si j’avais vu ça plus jeune », « Je me souviens à quel point j’avais l’habitude d’être complètement terrifié par cette fin à l’âge de 7 ans », … Voilà ce que l’on peut lire sur la toile, par exemple. Et non, il ne s’agit pas de commentaires sur un énième jeu d’horreur mais bien de remarques sur l’étrange scène de fin de Mario Kart 64 lorsque vous finissiez, par exemple, à la quatrième ou à la cinquième place du classement final.
Pendant que les trois vainqueurs se dirigent vers les portes du château tout en vous passant devant, votre personnage observe la scène de très loin avant de s’éloigner. Tandis qu’il disparaît derrière une colline, il est poursuit par une énorme bombe jaune qui finit par vous atteindre et exploser, envoyant valser votre personnage qui libère un cri, un bruit de douleur qui en a marqué plus d’un.
Celle qui fait le plus froid dans le dos concerne Toad car, contrairement à Mario et ses onomatopées désopilants, son cri se rapproche bizarrement de celui d’un humain, et plus particulièrement d’un enfant en pleine souffrance. À cela, on peut rajouter l’ambiance sonore dont les fluctuations et changements rendent le tout très bizarre et l’on obtient un cocktail bien glauque qui laisse des marques indélébiles dans l’esprit des joueurs. À cette époque, il valait donc mieux éviter de se retrouver dans cette situation où l’on regrettait énormément de ne pas être confortablement installé sur le podium.
D’ailleurs, il est intéressant de souligner que ce passage a très certainement inspiré le scénario d’une creepypasta (c'est-à-dire une histoire imaginaire effrayante diffusée sur Internet sous des formes diverses et variées) vraiment dérangeante où deux frères mettent la main sur une cartouche hantée du jeu N64 dans laquelle les personnages vivent des situations abominables. Dans la retranscription écrite, baptisée « Mario 64 Driven », on y retrouve une sorte de clin d’œil à cette séquence où Toad se retrouve non loin de l’entrée du château de Peach et semble observer trois de ses concurrents avant de se retourner face à l’écran, affichant un faciès ensanglanté et méconnaissable.
L’évolution des fins de Mario Kart fait partie des preuves du changement de l’image de Nintendo au cours des années. Le petit artisan du jeu vidéo n’est plus, c’est désormais une entreprise incontournable du secteur qui tient à son image familiale et qui tend à véhiculer des messages positifs via ses productions. Que les jeunes joueurs se rassurent, Mario Kart 9 devrait poursuivre dans cette voie et ils n’auront plus à vivre ce que certains ont enduré sur les premières versions.