Si l’idée de voir un chevalier d’or en civil partager des frites au fast food avec l’une des spectres d’Hadès vous hérisse, alors cette nouvelle extrapolation autour de la galaxie Saint Seiya n’est pas faite pour vous. Mais si cela a suffi à attiser votre curiosité, ne manquez pas le lancement de cette nouvelle série !
Sommaire
- Un nouveau spin-off Saint Seiya dispo en français
- Saint Seiya cède aux sirènes du genre « isekai »
- Le point de départ insolent de Saint Seiya : Dark Wing
- Des Chevaliers aux préoccupations d’ados
- L’esprit du Saint Seiya originel ?
- Deux ambiances distinctes mais compatibles ?
Un nouveau spin-off Saint Seiya dispo en français
Souvent critiqué à cause de sa propension à valider quantité de spin-off parfois très éloignés du mythe d’origine, Masami Kurumada, l’auteur du manga Saint Seiya, nous présente le dernier en date, enfin disponible en version française. Lancé aux éditions Kurokawa (à qui l’on doit déjà la publication en VF des spin-off Saint Seiya : The Lost Canvas et Saint Seiya : Saintia Shô), le manga Saint Seiya : Dark Wing est prépublié depuis un peu plus de deux ans au Japon dans le magazine Champion RED de la maison Akita Shôten. Il est scénarisé par Kenji Saitô (Trinity Seven) et dessiné par Shinshû Ueda, d’après l’œuvre originale de Masami Kurumada. À ce jour, seuls trois volumes reliés sont sortis sur l’archipel. En France, c’est le premier tome du manga Saint Seiya : Dark Wing que l’éditeur Kurokawa nous invite à découvrir ce mois-ci, surtout si l’on est friand d’expériences de type « isekai ».
Saint Seiya cède aux sirènes du genre « isekai »
Formule magique permettant de créer un pont imaginaire entre une réalité proche de la nôtre et n’importe quel univers de fantasy, le genre « isekai » a donné lieu à tellement de séries diverses, notamment au travers du manga ou de l’animation, que vous y avez forcément été confronté. Si l’on veut prendre un exemple proche de nous, on peut citer le cas de Final Fantasy : Lost Stranger (Mana Books), un manga qui fait basculer un employé de Square Enix dans un univers alternatif peuplé de Mogs et de Chocobos. Tout y est prétexte à multiplier les références immédiatement décelables par les inconditionnels de la franchise, et il en va exactement de même pour ce nouveau spin-off de Saint Seiya. Si les protagonistes et antagonistes y revêtent tous des identités inédites, c’est bien en tant que Chevaliers ou Spectres que ces individus lambda se voient brutalement réincarnés, à l’issue de circonstances mouvementées que nous préférons vous laisser le soin de découvrir par vous-même.
Le point de départ insolent de Saint Seiya : Dark Wing
L’objectif premier du manga Saint Seiya : Dark Wing est de rendre crédible un point de départ qui risque grandement de froisser les fans. Il y est question, en effet, d’un lycéen ordinaire réincarné dans la peau de l’un des principaux Spectres d’Hadès : la Wyverne, l’un des trois Juges des Enfers ! Le synopsis ne s’arrête pas là et affiche clairement sa volonté d’outrepasser le plus possible les limites acceptables aux yeux des puristes. Le frère jumeau du héros s’y verra immédiatement promu Chevalier d’Or des Gémeaux tandis que son amie d’enfance héritera de la mission divine d’Athéna. Autant dire que le manga Saint Seiya : Dark Wing assume son désir de s’aventurer loin dans l’extrapolation du mythe, redéfinissant pour la énième fois les forces en présence afin de décrire une nouvelle guerre sainte entre les Spectres des Enfers et les Chevaliers du Sanctuaire. À une différence près, et elle est de taille : le manga s’efforce de garder constamment un pied dans le réel en mettant l’accent sur les préoccupations insouciantes de ces lycéens. Des adolescents qu’il faut donc accepter de voir se glisser dans les surplis/armures hautement sacrés des Spectres/Chevaliers que l’on ne s’attendait pas à redécouvrir sous cet angle-là…
Des Chevaliers aux préoccupations d’ados
Si la tentative d’imaginer un lien entre une réalité on ne peut plus banale et le monde parallèle des Chevaliers d’Athéna apparaît pour le moins audacieuse sur le papier, elle se révèle parfois assez maladroite dans l’exécution d’un tel exercice. Saint Seiya : Dark Wing fait en effet le choix de nous présenter longuement ses protagonistes pour permettre facilement aux jeunes lecteurs japonais de s'identifier à eux. Tous ces lycéens sont ainsi obnubilés par leurs activités de club, s’enfilant des burgers au McDo les yeux rivés sur leur smartphone, et la légèreté de leurs préoccupations tranche avec le sérieux habituel de Saint Seiya. Le fait qu’ils aient tous une spécialité qui se reflète dans leurs talents respectifs et leur caractère (tir a l’arc, karaté, boxe mais aussi piano, danse, chant…) fait que l’on tombe inévitablement dans certains archétypes. Quant aux intrigues amoureuses dignes d’un shôjo, pas sûr qu’elles trouvent écho dans le cœur de cible des fans de la franchise. Malgré tout, le titre se sert de toutes ces influences pour se démarquer des autres spin-off, avec sans doute la volonté de conquérir un autre public que le seul cercle des initiés.
L’esprit du Saint Seiya originel ?
À l’inverse, une fois leurs armures enfilées, les confrontations entre Spectres et Chevaliers empruntent tous les codes de la série avec une efficacité telle qu’on aimerait la voir s’exprimer davantage. Le character design est ainsi étonnamment soigné, le dessinateur Shinshû Ueda ayant, semble-t-il, bénéficié d’un coup de main de Shiori Teshirogi (l’autrice du manga Saint Seiya : the Lost Canvas) pour finaliser le design de certains Surplis des Spectres d’Hadès, comme l’indiquent les remerciements en fin de volume. Sur le plan visuel, le résultat est en tout cas plutôt convaincant. On a même droit à des scènes évoquant certains moments clés du Saint Seiya original, comme la fuite d’Aiolos et l’intervention de Shura, mais dans un espace-temps complètement différent. Il faudra néanmoins aller au-delà de ce premier volume pour avoir à quel point ce genre de références est convoqué de manière pertinente dans l’intrigue de Saint Seiya : Dark Wing.
Deux ambiances distinctes mais compatibles ?
Les pages de Saint Seiya : Dark Wing jonglent ainsi sans arrêt entre deux ambiances très différentes et pas nécessairement compatibles, donnant un peu le sentiment de voir le mythe Saint Seiya servir de prétexte à une histoire vaguement auréolée de folklore zodiacal. Les artifices pour justifier un tel imbroglio d’espaces-temps entremêlés sont forcément tirés par les cheveux, mais l’essentiel n’est pas là. L’objectif reste de retenir l’attention d’un public adolescent en convoquant le maximum de références possibles a l’univers de Saint Seiya, pas de chercher un soupçon de cohérence qui permettrait de faire avaler la pilule aux puristes. La lecture de ce manga est donc à prendre comme un divertissement marginal dans la constellation de spin-off parus autour du mythe Saint Seiya. Mais c’est peut-être aussi ce que recherche une partie des fans, sans forcément oser se l’avouer.