Binance contraint par les régulateurs américains

Alors que l’industrie des cryptomonnaies a été frappée par plusieurs dramas en 2022, la tendance semble se prolonger en ce début d’année. Le gendarme financier américain (la Securities and Exchange Commission, SEC) s’est récemment attaqué à un autre géant de la crypto : Binance.

Pour rappel, Binance est considérée comme la première plateforme d’achat et de revente de cryptomonnaies au monde. Celle-ci enregistre les plus grands volumes d’échanges et détient un capital faramineux en diverses cryptomonnaies.

Alors que la plateforme a subi des dommages collatéraux à la suite de l’effondrement de FTX en novembre dernier, elle doit maintenant faire face au régulateur américain. Concrètement, la SEC a émis des incertitudes concernant le stablecoin de la plateforme : le BUSD

À titre indicatif, un stablecoin (traduit par cryptomonnaie stable) est une crypto qui est adossée à une monnaie fiduciaire comme l'euro, le dollar et d’autres. Ces cryptos sont devenues de véritables outils qui ont notamment permis de remplacer le BTC dans les pairs - afin que les investisseurs y voient plus clair pour se procurer diverses cryptos (par exemple : ETH/BUSD). Les stablecoins ont également offert la possibilité aux investisseurs de se préserver de la volatilité du marché crypto sans pour autant en sortir.

Il existe plusieurs stablecoins dans l’industrie, dont le BUSD, le stablecoin de Binance. L’émission de ce jeton sur le marché n’est pas gérée par Binance, mais pas une société tierce : Paxos.

La mort du BUSD

Concrètement, la SEC estime que ce BUSD de Binance enfreint la législation des États-Unis puisque la cryptomonnaie n’est pas enregistrée comme un titre financier. Ainsi, lundi dernier, le département des services financiers de New York a sommé l’entreprise Paxos d’arrêter d’émettre le stablecoin BUSD en raison de doutes sur ses réserves et de sa relation avec Binance.

De ce fait, Paxos a annoncé ne plus émettre de BUSD dès le 21 février. Toutefois, le BUSD restera sera toujours disponible et remboursable aux clients jusqu'en février 2024.

Pour le PDG de Binance, Changpeng Zhao, cette interdiction entraînera inexorablement « la mort » du BUSD puisque les utilisateurs se tourneront vers d’autres stablecoins.

« Par conséquent, la capitalisation boursière du BUSD ne fera que diminuer avec le temps », explique Changpeng Zhao sur Twitter.

Cette décision inattendue aura non seulement des répercussions sur Binance, mais sur l’intégralité de l’industrie des cryptomonnaies. Concrètement, le BUSD profitait à de nombreux services sur la plateforme, dont le paiement par carte, des services de stacking (épargnes crypto), etc. Outre ces services essentiels, il constitue une grande partie du capitale de Binance (environ 21 milliards). Ainsi, cette annonce est un coup de massue pour le géant de la crypto.

Au-delà même de la plateforme, ce stablecoin a largement été adopté par la communauté, l’élevant au rang de la 6ème plus grosse crypto en termes de valorisation.

Des conséquences immédiates

Les séquelles de l’effondrement du stablecoin algorithmique USD de Terra Luna d’avril 2022 sont encore dans les pensées des investisseurs, ainsi le marché a réagi dans la foulée à cette annonce.

En seulement 1 jour, Nansen a indiqué des retraits massif subi par Binance. Au total 2.7 milliards de BUSD ont quitté la plateforme. Cependant, il importe de noter cependant, que Binance est une fois de plus parvenue à gérer la situation en assurant tous les retraits des utilisateurs. En outre, le cours du BUSD n’a pas dévissé puisqu’il reste adossé aux prix du dollar.

Néanmoins, l’affaire ne fait que commencé puisque Paxos compte faire valoir ses droits face aux allégations de la SEC devant les tribunaux américains. Ce coup de théâtre n’est pas sans rappeler divers épisodes impliquant un conflit entre le SEC et des entreprises cryptos. En effet, depuis plusieurs années, le gendarme financier multiplient les initiatives de régulations auprès des entreprises du secteur.