Ça y est, j’ai moi aussi emprunté le portail vers Athia, le monde imaginé par Square Enix | Luminous Productions… Après 10h en compagnie de Frey, je ne comprends pas l'acharnement sur Forspoken.
Cet article est un billet d’opinion, il est par nature subjectif. L'avis de l'auteur est personnel et n'est pas représentatif de celui du reste de la rédaction de JV. Merci d'avance, bonne lecture !
Avec un Metacritic à 65/100 pour la version PS5 de Forspoken, ça doit pas être la joie chez l’éditeur Square Enix et PlayStation. On connaît l’importance de cet indice - censé cristalliser “l’avis général” - dans l’industrie, aussi bien du côté du public que des développeurs ! Pour un jeu de cette ampleur, c’est sans doute ce qui pouvait arriver de pire. Désormais, surtout avec la sortie d’Hogwarts Legacy qui est en train de tout casser, Forspoken gardera à jamais cette image d’expérience prétendument “moyenne” qui ne mérite pas forcément qu’on s’y intéresse. Vous savez quoi, je pense tout l’inverse.
Un reproche en particulier
D’abord, Forspoken, kézako ? Pour le faire court, c’est un action-RPG en monde ouvert où la magie occupe une place centrale ! Grâce à celle-ci, l’héroïne - Frey - peut combattre tout ce qui lui barre la route et faire appel au “parkour magique” pour se déplacer très rapidement. À la manière d’Alice aux pays des merveilles, la jeune femme est plongée sans prévenir dans l’univers d’Athia où les “Tantas” sèment la terreur. Pour tenter de retourner chez elle (c’est New York), elle devra toutes les affronter.
Pour simplifier les choses, Frospoken reposent donc sur deux grands piliers : le gameplay magique (combat, exploration) et la narration… Sur Metacritic, c’est surtout ce second point qui est reproché. IGN US, qui a opté pour 60/100, parle d’une “histoire clichée” et Comickbook.com (50/100) décrit Frey comme un “personnage principal irritant”. Il n’a d'ailleurs pas fallu attendre la sortie du jeu pour qu’elle fasse l’objet de critiques. L’été 2022, une publicité de Forspoken a largement été parodiée sur les réseaux sociaux. Dans celle-ci, l’héroïne fait le point sur son arrivée à Athia. Voici la transcription.
D’accord, faisons le point. Je suis quelque part qui n’est pas la Terre, Je vois des foutus dragons, Et oh ouais, je parle à un brassard. Ouais d'accord, c’est mon truc maintenant. Je fais de la magie, je tue de grosses bestioles, je vais peut-être même voler après - Pub pour Forspoken (été 2022)
Jugé décevant dès le départ ?
L’un dans l’autre, avec de multiples reports, des previews pas forcément rassurantes, une démo qui ne montre pas le projet sous son meilleur jour, c’est comme si tout le monde s’était mis d’accord en amont : “non Forspoken ne sera pas un bon jeu, point”. Vous vous en doutez, ce n’est pas mon avis.
Pour en revenir au scénario et à Frey, oui, c’est une formule que l’on connaît bien (dans les mangas, on appelle ça un “isekai”). Oui, les dialogues jouent sur le décalage entre la culture new-yorkaise et les coutumes d’Athia ; oui, l’héroïne lâche des phrases un peu “grossières”… Mais, de mon côté, j’ai jamais douté de l’authenticité du personnage. Dès l’intro - d’accord, elle est râtée - Frey est présentée comme quelqu’un d’impulsif qui n’a clairement rien à perdre. Ses réactions font sens et le travail sur le doublage (Ella Balinska en VO) est plutôt solide | juste. Même si l’ensemble peut paraître “cringe”, force est de constater que ça tient debout, et qu’il y a même des scènes réussies (celle du dragon).
Monde ouvert 100% magique
Malgré des écueils évidents (souvent en termes de mise en scène), l’histoire et Frey sont pour moi d’agréables surprises ! Finalement, c’est la cerise sur le gâteau d’une expérience qui propose avant tout de s’éclater | d’expérimenter avec la magie. Je pense que c’est vraiment deux choses centrales.
Dans Forspoken, la notion de challenge est très relative. Les ennemis sont souvent lents ; l’esquive avec le parkour magique est automatique ; vous pouvez - dans une certaine mesure - balancer des sorts à volonté ; et puis, si vous êtes en galère, il est toujours possible de s’enfuir loin à tout instant. Ici, ce qui prime, c’est le spectacle. Vous n’allez pas prendre de plaisir en spammant le même sort, mais en sautant dans les airs ; balançant une explosion ; changeant de technique afin d'enchaîner.
Puis, au-delà du “show magique”, chaque rencontre dans l’open world est une occasion d’améliorer doucement mais sûrement vos capacités - surtout par l’intermédiaire de “défis” qui vous amèneront à utiliser un sort plutôt qu’un autre dans l’espoir de devenir le plus puissant possible… En ce qui me concerne, j’ai mis le doigt dans l’engrenage et veux voir jusqu’où Frey peut aller ! Après 10h, chaque session s’est révélée comme un plaisir sincère, entre sensation grisante du parkour magique et les assauts explosifs à base d'incantations, le tout avec quelques moments de narration sympathiques. Vous l’aurez compris : si vous en avez l’occasion - franchement - laissez une chance à ce Forspoken.