Le rachat d'Activision Blizzard King par Microsoft ne se déroule pas aussi tranquillement qu'auraient pu l'espérer les deux entreprises. Le montant, près de 70 milliards de dollars, ainsi que les conséquences d'un tel rachat, a conduit les régulateurs à approfondir leurs enquêtes et le principal concurrent fait des pieds et des mains pour bloquer le processus.
Un rachat semé d'embûches
Voilà près d'un an que Microsoft a annoncé son intention de racheter Activision Blizzard King, l'éditeur de Call of Duty, World of Warcraft, Diablo, Tony Hawk's Pro Skater ou encore Overwatch et Candy Crush. Les deux entreprises sont d'accord sur le montant de 68,7 milliards de dollars, une somme record, mais il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir. Dans la quasi-totalité des pays du monde, il existe des régulateurs, chargés de protéger les consommateurs contre d'éventuels monopoles, ou des conglomérats usant de leur position pour affaiblir la concurrence ou lui mettre des bâtons dans les roues.
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Or, Microsoft et Activision Blizzard King ont besoin de l'accord de ces régulateurs pour que le rachat soit effectif. En Europe, c'est la Commission Européenne qui se charge de cela, tandis qu'aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, c'est la FTC et la CMA qui doivent trancher pour ne citer qu'eux. Et si le rachat a été validé dans plusieurs pays dont le Brésil, les trois régulateurs cités plus haut prennent leur temps. L'Union Européenne et le Royaume-Uni ont lancé des enquêtes approfondies, et la CMA a même repoussé de 8 semaines l'annonce de sa décision.
Aux Etats-Unis, la FTC a même décidé d'emmener l'affaire devant le tribunal administratif. Pour couronner le tout, le principal concurrent de Microsoft dans le jeu vidéo, Sony, fait tout pour que cette acquisition n'ait pas lieu. L'entreprise estime notamment que le poids de Call of Duty est bien trop important pour que le contrôle de la licence soit confié à un constructeur et que le regroupement des deux entreprises serait nuisible pour l'existence d'une saine concurrence. Des arguments entendus par les régulateurs qui, dans les rapports annonçant des enquêtes approfondies, ajoutent dans la balance le système d'exploitation Windows et l'immense puissance de frappe qu'aurait Microsoft.
Google et NVIDIA s'immiscent dans l'affaire
Mais Sony ne serait pas le seul à exprimer des inquiétudes, et ce malgré les promesses et les accords proposés ou signés par Microsoft pour montrer patte blanche. D'après un article de Bloomberg publié le 12 janvier dernier, Google (Android et feu Stadia) et Nvidia seraient prêts à rejoindre Sony dans le camp des opposants au rachat, ou au moins des inquiets vis-à-vis de celui-ci.
Les deux entreprises, concurrentes de Microsoft, auraient fourni des informations à la FTC, appuyant le fait que le rachat donnerait naissance à un avantage déloyal sur le marché du Cloud Gaming. Nvidia, qui propose le service par abonnement GeForce Now, aurait rappelé la nécessité d'un accès égal et ouvert aux jeux. NVIDIA, contrairement à Google, chercherait plutôt à obtenir des garanties et à être rassuré que s'opposer frontalement au rachat. C'est donc en tant que concurrent au Game Pass que NVIDIA réagit.
Pour Google, on pourrait penser que la position serait osée au regard de l'échec de Stadia, qui va fermer ses portes. Mais il faut prendre un peu de recul : Google possède Android, l'un des systèmes d'exploitation mobile les plus répandus, et le jeu vidéo sur mobile est loin devant les autres à l'échelle mondiale. Les inquiétudes du géant américain seraient donc à mettre en lien avec le Play Store. Reste à savoir si ces deux entreprises ont réellement transmis leurs inquiétudes à la FTC, et si la teneur exacte de celles-ci seront diffusées dans un avenir proche.