Une histoire plus classique que Three Houses ?

Comme tous les épisodes de la saga, Fire Emblem Engage raconte une histoire inédite qui se déroule dans un univers qui lui est propre. Toute l’action se déroule sur le continent d’Elyos, une région composée de quatre royaumes qui entourent la terre sainte de Lythos, terre des Dragons Divins. Mille ans avant les événements du jeu, le continent a été ravagé par une guerre menée contre le Dragon Déchu, une entité évidemment maléfique. Pour en venir à bout, les différents royaumes ont fait appel aux pouvoirs des anneaux d’Emblème qui contiennent l’esprit des héros d’autres mondes, c’est-à-dire d’autres Fire Emblem. Au cours de la lutte finale, notre avatar, le Dragon Divin, vient à bout de son adversaire, mais entre dans un profond sommeil des suites de ses blessures mortelles. Un millénaire plus tard, notre héros se réveille finalement car le Dragon Déchu semble être sur le point de revenir, comme en témoigne l’apparition de monstres appelés aberrations. Pour vaincre à nouveau cette menace, notre quête consistera à aller chercher les anneaux d’Emblèmes répartis entre les différents pays afin d’avoir la puissance nécessaire pour battre l’entité maléfique.

Comparé au précédent jeu, Fire Emblem Engage propose donc une histoire bien plus classique, avec d’un côté le camp du bien et un antagoniste démoniaque bien défini. On est bien loin du conflit déchirant de Three Houses qui nous pousse à affronter ceux qui étaient auparavant nos élèves et camarades de l’Abbaye. En plus de ce récit manichéen, on note aussi que le joueur a beaucoup moins de choix que l’épisode précédent, ce qui rend donc l’expérience plus dirigiste que ce qu’on a connu par le passé. Malgré le fait qu’elle soit finalement cousue de fils blancs, l’histoire reste agréable à suivre grâce à son casting de personnages sympathiques qui profitent de designs hauts en couleur.

En allant d’un royaume à l’autre, on découvre différentes cultures et des héros au caractère bien trempé avec qui il est agréable d'interagir à Somniel, le quartier général du titre. Et puis, on retrouve aussi du fan-service avec des visages bien connus issus des précédents jeux qui occupent un rôle discret, mais qui fera tout de même plaisir aux fans. Au-delà de ça, on a droit à des cinématiques bien mises en scène avec des chorégraphies soignées pour les scènes les plus importantes de l’histoire, comme souvent dans Fire Emblem. Par contre, pour ce qui est des conversations plus lambdas, on note que la mise en scène est beaucoup plus simple, voire basique, avec de simples champ-contrechamps par exemple.

Des combats souples et spectaculaires

Pour ce qui est du coeur de l’expérience, Fire Emblem Engage reste un jeu de rôle tactique dans lequel on enchaîne les combats au tour par tour dans lesquels le placement des unités est central. De ce point de vue là, les niveaux d’Engage ressemblent beaucoup à ceux de Three Houses puisque l’on retrouve toutes les mêmes options de confort qui rendent les affrontements plus fluides. On pense notamment à la possibilité de revenir en arrière si on s’est trompé d’action, la façon de se déplacer sur la map ou encore le fait de passer facilement d’une arme à l’autre par exemple. Parmi les nouveautés, on note que l’interface a été refaite pour être à la fois plus lisible, mais aussi afficher toutes les informations nécessaires dans le bas de l’écran pour ne pas gêner.

Mais le gros point fort des combats de ce Fire Emblem Engage, c’est surtout les animations qui ont fait l’objet d’un soin tout particulier de la part des développeurs. Dès qu’un duel entre deux unités se déclenche, on assiste à un affrontement impressionnant où les coups s’enchaînent avec naturel et une grande fluidité, ce qui donne l’impression d’avoir à faire à une vraie chorégraphie. Si ça a l’air d’être un élément de détail, vu le nombre de duels auxquels on associe au cours de l’aventure, on est bien heureux que les combats soient si agréables à regarder. L’autre grande nouveauté de Fire Emblem Engage, c’est évidemment la mécanique de fusion d’emblème qui permet de fusionner avec l’esprit du héros présent dans la bague. Sous cette forme fusionnée, une unité gagne accès à de nouvelles compétences qui diffèrent évidemment du héros présent dans l’anneau. Parmi ces nouvelles techniques, on retrouve par exemple la possibilité d’attaquer un adversaire à l’autre bout de la map, booster ses alliés, invoquer des doubles, créer des blocs de glace ou enchaîner les coups tout simplement.

Si au départ on avait peur que cette mécanique se contente de rendre n’importe quelle unité bêtement surpuissante, quitte à briser l’équilibre du jeu, ce n’est pas le cas dans les faits. Les Fusions d’Emblème servent en réalité à accéder à diverses compétences qui révèlent tout leur potentiel en fonction des situations, pour sortir le joueur d’une mauvaise passe. Ainsi, que les joueurs hardcores de Fire Emblem se rassurent, cette mécanique n’est pas broken car elle ne rend pas n’importe quelle unité surpuissante d’un claquement de doigts. En plus, la transformation ne dure que trois tours et il faut que la jauge adéquate se recharge avant de pouvoir la réactiver, ce qui empêche d’en abuser constamment. Et puis, pour ce qui est de la difficulté, on peut comme d’habitude choisir entre plusieurs modes, avec la possibilité d’activer ou non la perte définitive d’une unité si elle meurt sur le champ de bataille.

Somniel, un hub incontournable

Mais Fire Emblem Engage, ce n’est pas que des combats puisqu’on passe également une grande partie du temps à Somniel, une île flottante qui sert de base d’opérations à nos héros. C’est là qu’on achète de l’équipement, des objets de soins et que l’on s’occupe de ses unités pour les préparer à la prochaine mission. Pour cela, on peut les entraîner, leur faire changer de classes, mais surtout discuter et passer du temps avec eux afin d’être plus proches et qu’ils soient plus efficaces sur le champ de bataille. Bien sûr, vos combattants peuvent aussi se rapprocher entre eux, ce qui leur confère également des bonus de statistiques lorsqu’ils se retrouvent côte à côte sur le terrain. Mais comparé à Three Houses, on note que cet aspect de gestions des relations sociales est tout de même moins présent, tout en étant suffisant développé pour ceux qui l’apprécient, histoire que tout le monde soit content. Malheureusement, préparer ses unités avant la prochaine n’est pas toujours une partie de plaisir à cause de menus laborieux où il est parfois compliqué de s’y repérer. À ce niveau-là, on aimerait que les choses soient un peu plus fluide et que l’interface gagne en lisibilité de manière générale.

Mais au-delà de ça, la grande nouveauté de ce Fire Emblem Engage, ce sont les anneaux d’emblème qui permettent d’améliorer ses unités en dehors des combats. Pour ceux qui en sont équipé, ils peuvent apprendre des techniques qui leur confèrent des bonus passifs contre des points récupérés en cours des combats. Mais s’il n’y a que douze anneaux d’emblème, il est possible d’en créer d’autres pour le reste de vos unités grâce à un système d’invocation aléatoire qui ne garantit pas ce qu’on peut obtenir. Bon, il s’agit clairement d’une mécanique que l’on retrouve dans les gachas, ces jeux mobiles gratuits qui proposent des portails sur lesquels invoquer, mais dont on est jamais sûr de ce que l’on va récupérer.

Dans Engage, on récupère ainsi des anneaux qui représentent l’esprit de héros mineurs de Fire Emblem et qui, une fois équipé, permettent de bénéficier de léger bonus passif au niveau des statistiques. C’est donc finalement un aspect assez anecdotique qui n’a peu d’incidence sur l’expérience de jeu et dont on aurait pu tout simplement se passer vu qu’on a à faire un jeu payant à plein pot. Pourtant, ce n’est pas la première fois que l’on retrouve des mécaniques de gacha dans un jeu Nintendo puisque c’était déjà le cas avec Xenoblade Chronicles 2 sorti en 2017. Et comme dans Fire Emblem Engage, ces systèmes ne reposent que sur des ressources in-game et ne constituent pas des achats supplémentaires, ce qui rend leur présence d’autant plus étrange.

Un beau jeu Nintendo Switch ?

Pour terminer ce tour d’horizon de Fire Emblem Engage, attardons-nous sur la question des graphismes qui nous ont surpris à plus d’un tour. C’est simple, pour de la Nintendo Switch, le rendu est visuellement vraiment propre, sans trop de défauts techniques visibles comme de l’aliasing par exemple. Les modèles 3D des personnages ressortent détaillés et colorés, ce qui, combiné aux animations, offre un rendu vraiment agréable à l’oeil. Et comme on l’a dit auparavant, les cinématiques mises en scène pour les moments importants permettent de mettre ces personnages d’autant plus en avant.

Mais à côté de ça, on note lors des conversations et des combats que les décors et environnements sont assez pauvres, avec finalement peu détails, ce qui tranche avec les personnages sur lesquels l’accent est mis. Et de toute façon, ce n’est pas étonnant qu’un jeu comme Fire Emblem Engage profite d’un rendu plus agréable à l’oeil que des jeux comme Xenoblade Chronicles 3 ou Bayonetta 3. Par sa nature de jeu de rôle tactique, l’expérience est à moins grande échelle et présente des environnements plus restreints, ce qui explique la qualité de ses graphismes.

Conclusion

Avec Fire Emblem Engage, la Nintendo Switch s'offre une première exclusivité de qualité en ce début de 2023. Si les combats sont toujours aussi fluides comme dans Three Houses, ils profitent désormais d’animations plus spectaculaires que jamais et gagnent en profondeur grâce à la Fusion d’Emblème. En plus de la qualité du design de ses sympathiques personnages, le titre brille également par son rendu graphique réussi pour de la Nintendo Switch, même si quelques lacunes persistent. Finalement, c'est plus par ses menus pas toujours pratiques, sa mise en scène statique et son histoire classique et plus dirigiste que Three Houses que l'expérience pêche un peu.