Bien avant que Microsoft décide de racheter Activision pour la modique somme de 68,7 milliards de dollars, en 2008, les sociétés Activision et Blizzard ont fusionné entre elles. Ce regroupement – qui a donné naissance à Diablo III – a été pour le meilleur, mais finalement, surtout pour le pire… C'est en tout cas ce que déclare Jay Wilson, la tête pensante de Diablo III.
Quand Call of Duty et Diablo III s'associent, cela ne fait pas bon ménage
Il y a près de 15 ans maintenant, soit en 2008, qu'Activision et Blizzard s'associent pour ne former plus qu'une seule et même marque, la bien-nommée Activision-Blizzard. Si cette association sur le papier a permis de partager des ressources d'un projet à un autre – Vicarious Visions, les créateurs de Tony Hawk's Pro Skater 1+2 ont notamment travaillé sur Diablo IV et Diablo II : Resurrected –, cette décision a également impacté le moral des employés et pressé les licences à succès. C'est ce que déclare Jay Wilson, créateur de Diablo III, lors d'une table ronde organisée au Portland Retro Gaming Expo qui s'est déroulée il y a quelques jours seulement.
Lors de cette table ronde, l'homme derrière Diablo III, pour représenter la fusion Activision-Blizzard, a notamment fait allusion à la fable de la grenouille ; celle qui est plongée dans de l'eau froide qui, peu à peu, est amenée à ébullition.
L'effet d'Activision sur Blizzard a été comme cette grenouille plongée dans une marmite d'eau bouillante. Au début, cela n'avait l'air de rien. Puis plus tard, au fur et à mesure que les modèles économiques progressaient, c'est devenu de plus en plus impactant. Les jeux les plus récents – ceux qui gagnaient de l'argent – subissaient une pression énorme. Jay Wilson, créateur de Diablo III
Aujourd'hui, Jay Wilson ne fait plus partie de l'industrie du jeu vidéo pour s'adonner complètement à l'écriture de livres. Il a en effet démissionné d'Activision-Blizzard en 2016, mais ce n'est pas pour cette raison qu'il accepte aujourd'hui les pratiques réalisées par la société Activision qui est ici désignée comme principal acteur de cette nouvelle mentalité. Il donne d'ailleurs comme exemple le MOBA Heroes of the Storm, qui a eu la note de 15 sur 20 dans nos colonnes et qui est sorti sur PC et Mac en 2015, comme l'une des victimes de l'entreprise. Pour Jay Wilson, les réunions ne servaient pas à parler du jeu, mais simplement à faire un point sur le résultat financier qu'il génère.
Ils (les employé(e)s derrière Heroes of the Storm) étaient juste écrasés dans les réunions où Activision parlait toujours du résultat net pour savoir comment en tirer toujours plus. Jay Wilson
Diablo Immortal dans la turbulence
Jay Wilson rappelle qu'il a eu de la chance, puisque le développement de Diablo III n'a pas trop été impacté par cette nouvelle organisation grâce au statut Premium de son équipe, toutefois, la licence Diablo a tout de même subi quelques remous. Cette fois-ci, il prend pour exemple le free-to-play Diablo Immortal.
On a beaucoup parlé de Diablo Immortal avant mon départ. Activision parlait d'Immortal, mais le développement n'avait pas vraiment commencé (…). La société voulait vraiment un Diablo free-to-play, mais pas moi. Jay Wilson
La tête pensante de Diablo III a avoué par la suite qu'il n'est pas le seul employé d'Activision-Blizzard de s'être éloignée de la boîte ces dernières années.
(Activision) a eu un effet important sur tous ces modèles économiques et, à mon avis, beaucoup de personnes haut placées qui sont parties l'ont fait parce qu'elles étaient frustrées par tout cela. Jay Wilson
S'il ajoute que tout n'est pas mauvais avec cette nouvelle situation, Jay Wilson précise toutefois que cette mentalité a été à l'encontre de la préoccupation première de Blizzard : celle de ne pas décevoir les joueurs et d'être toujours les "chapeaux blancs" de l'industrie, autrement dit, des développeurs qui n'ont rien à se reprocher.
Si nous faisons payer quelque chose à nos joueurs, nous sommes bien évidemment une entreprise, nous avons toujours voulu leur faire payer ce que nous pensions être raisonnable. Jay Wilson