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News jeu Google Stadia : De révolution à échec cuisant, récit du Netflix du jeu vidéo !
Profil de Alexis Mariel Zema aka « Indee » ,  Jeuxvideo.com
D’abord passionné par la voix (la légende dit qu’il gazouille à ses heures) puis par l’écrit, Alexis est fan de jeux vidéo depuis toujours ! Donnez lui n’importe quoi : PlayStation, Nintendo, jeux indépendants, il mange et aime de tout, tant qu’il ne s’agit pas de stratégie 4X ou de sport

C’est simple - en 2019 - tout le monde ou presque voyait Stadia comme le futur “logique” du jeu vidéo. Après tout, les services de streaming commençaient à émerger tout doucement puis bon, c’est Google qui arrive, on ne rigole plus ! Aujourd'hui, il est surtout temps de déchanter. L’année prochaine, Stadia va fermer. Retour sur un projet qui était censé tout changer dans l'industrie.

Google Stadia : De révolution à échec cuisant, récit du Netflix du jeu vidéo !
47 631 vues

Eh oui, Stadia, c’est fini. À la surprise générale - plus ou moins - l’entreprise Google a annoncé, ce jeudi 29 septembre, l’arrêt de sa plateforme | service de streaming lancé fin 2019. “Bien que l'approche de Stadia (...) a été construite sur une base technologique solide, elle n'a pas gagné la popularité auprès des utilisateurs que nous attendions” explique Phil Harrison, vice-président et directeur général du projet qui éteindra ses serveurs le 18 janvier 2023. Le géant de la tech prévoit au passage le remboursement du hardware, jeux, DLC Stadia achetés sur sa boutique.

"(Malgré la fin de Stadia, ndlr) nous restons profondément investis dans le jeu vidéo. Nous continuerons d'investir dans de nouveaux outils, technologies et plates-formes” - Phil Harrison vice-président et directeur général de Stadia (Google)

C’est plus ou moins une surprise. Sur la toile, beaucoup jugent le sort réservé à Stadia comme du “Google tout craché”. L’entreprise de Mountain View est connue pour abandonner des projets en cours de route, que ce soit dans le domaine du divertissement, de l’intelligence artificielle ou de la réalité virtuelle. Il existe même un “site cimetière” où reposent toutes les innovations “tuées” par Google. Désormais, Stadia en fait partie. Même s’il est facile de parler d’échec couru d'avance, la plateforme streaming est en réalité arrivée avec de sérieux arguments. Une révolution ?

Google Stadia : De révolution à échec cuisant, récit du Netflix du jeu vidéo !Google Stadia : De révolution à échec cuisant, récit du Netflix du jeu vidéo !Google Stadia : De révolution à échec cuisant, récit du Netflix du jeu vidéo !

“Netflix du jeu vidéo”

Fin des années 2010, on sait bien que Google planche sur son “Project Stream”. Le géant de la tech n’est alors pas étranger au milieu du jeu vidéo, avec des jeux tiers qui cartonnent sur son Play Store et une IA conçue pour battre des joueurs de Starcraft. C’est ainsi que, sur la scène de la GDC 2019, l’entreprise dévoile Stadia. “Notre ambition (avec ce projet, ndlr) est simple : créer un endroit pour toutes les manières de jouer” explique Phil Harrison, en plein direct. “Il se concentre sur les joueurs, inspiré par les développeurs, amplifié par les créateurs YouTube”.

Quelques mois plus tard, la technologie sera présentée plus avant. Concrètement, Stadia est à la fois une plateforme de vente et une machine de jeu dématérialisée qui se découpe en deux offres. La première, ‘Pro’, permet de jouer jusqu’en 4K | 60 images par seconde et d’avoir accès à des jeux offerts, le tout pour 10€ par mois. La seconde, ‘Base’, est gratuite, mais ne dépasse pas le 1080p | 60 fps. Dans ce dernier cas, il faut acheter ses titres individuellement comme sur Steam, par exemple. Après oui, dans tous les cas, il faut une bonne connexion internet. La force de la proposition tient dans sa nature multi-support (PC, tablette, mobile, TV via Chromecast).

“Les investisseurs craignent que leur domination actuelle de l'univers du jeu vidéo (par Sony, Microsoft et Nintendo, ndlr) ne soit bousculée par Google qui (...) promet de révolutionner la façon de jouer” - L’Agence France Presse, après l’annonce de Stadia (2019)

Le fait est que ça marche bien, très bien même. Malgré l’absence de pas mal de fonctionnalités présentées à la GDC - certaines n’arriveront jamais - et un catalogue de lancement un peu maigre (22 jeux dont Assassin's Creed Odyssey, Red Dead Redemption II), “il faut reconnaître que la technologie mise en place par Google a un gros potentiel” avons-nous écrit lors de notre test. “Difficile de ne pas être séduit par la facilité d’utilisation de l’ensemble (...) et par l’absence de latence ressentie en jeu. Même un petit ADSL permet d’avoir une expérience satisfaisante alors que la fibre sera tout à fait à l’aise en Full HD et 4K”. Pas trop mal pour un échec couru d'avance.

Google Stadia : De révolution à échec cuisant, récit du Netflix du jeu vidéo !

Savoir mener sa barque

Finalement, Stadia ne trouvera jamais vraiment son public. Mais la raison ici n'est pas la technologie. Google le sait bien et prévoit d’ailleurs, après la fermeture du service, d’insuffler ce savoir-faire dans d’autres entités (YouTube, Google Play, projets en réalité augmentée) et de mettre les performances Stadia à disposition de partenaires de l’industrie. Non, ce qui a mené Stadia à sa chute, c’est la fime de Mountain View elle-même. D’abord parce qu’elle n’a pas su se constituer un catalogue de jeux suffisamment solide - surtout en ce qui concerne les exclusivités - même en ayant des vétérans du JV de son côté (Phil Harrison, Jade Raymond). Et parce qu’il y a eu de gros écarts.

Grâce aux enquêtes conjointes de Bloomberg, Wired et Video Games Chronicle, publiées début d’année dernière, nous savons que Google a dépensé des “dizaines de millions de dollars” pour s’offrir des noms comme Assassin's Creed Odyssey et Red Dead Redemption sur son catalogue. Google a beau être une société qui a été valorisée à 2.000 milliards de dollars par Wall Street, en 2021, la facture semble salée pour un service qui ne va pas atteindre ses objectifs.

Par-dessus tout, c’est la gestion des studios de jeux vidéo en interne qui semble faire défaut ! Lors de la présentation de la plateforme en 2019, Google avait annoncé d’emblée Stadia Games and Entertainment, équipe de développement propriétaire - aussi éditeur - pilotée par Jade Raymond. L’ambition est alors clairement affichée. La responsable explique vouloir “réinventer la nouvelle génération de jeux” en exploitant toute la technologie Google. La firme ouvre un premier bureau à Montréal, puis un deuxième en Californie. Elle rachète entre temps Typhoon Studios, derrière le sympathique Journey to the Savage Planet. Mais début 2021, “plot twist” : le géant de la tech annonce la fermeture pure et simple de sa division jeu vidéo interne. Phil Harrison s’en explique :

“Créer des jeux de premier ordre à partir de zéro prend des années et des investissements importants, et le coût augmente de façon exponentielle. Compte tenu de notre volonté de tirer parti de la technologie prouvée de Stadia et d’approfondir nos partenariats, nous avons décidé de ne pas investir davantage sur l’apport de contenu exclusif” - Phil Harrison vice-président et directeur général de Stadia (Google)

Un manque d’anticipation

Le plus triste avec cette fermeture - en marge des 150 employés concernés - c’est l’arrêt de jeux en production depuis longtemps. Pas de suite ambitieuse pour Journey to the Savage Planet ni d’avenir pour les partenariats avec Harmonix (Rock Band, Guitar Hero) et Supermassive Games (Until Dawn, The Dark Pictures). Au global, après un premier pas tardif pour se créer des exclusivités, Google fait ici deux gros pas en arrière. “Je pense que Google s'est rendu compte que le contenu est effrayant, risqué, coûteux et nécessite beaucoup de confiance (...) ce n'était tout simplement pas leur cœur de métier” note ainsi Alex Hutchinson, co-fondateur de Typhoon Studios, dans les colonnes de Game Developer. Depuis, l’homme a réuni une nouvelle équipe.

Google Stadia : De révolution à échec cuisant, récit du Netflix du jeu vidéo !Google Stadia : De révolution à échec cuisant, récit du Netflix du jeu vidéo !Google Stadia : De révolution à échec cuisant, récit du Netflix du jeu vidéo !

Suite à cette étape charnière, Stadia se mue en une plateforme exclusivement consacrée aux jeux d’éditeurs et développeurs externes. Pour les attirer, dans une sorte de dernier recours, Google tente de réduire sa commission sur Stadia par deux, laissant 85% des bénéfices aux créateurs lors d’un achat. Une “promotion” qui devait s’arrêter fin 2023. Comme vous le savez, c’est la fin même de la plateforme qui fait aujourd’hui les gros titres. Quelques mois en arrière, l’entreprise s’amusait des rumeurs de fermeture sur Stadia. Un sourire, sans doute, de façade.

Stadia
Commentaires
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neozerabbit neozerabbit
MP
Niveau 6
le 17 oct. 2022 à 00:42

Stadia n'est ou n'était pas la conception que je me fait des jeux vidéo donc difficile de dire ce qui ressortira de cet échec. L'avenir nous le dira. La solution est peut être plus dans un entre deux. Mon fils joue à Flight Simulator via le Cloud XBox, son PC étant n'étant pas assez puissant. C'est pas mal pour ce type jeux. D'un autre côté, je reste attaché au support physique pour mes jeux, principalement à caractère narratif. Si c'était pour du multi par abonnement là ça peut avoir du sens.

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