Jusqu’en 2022, Nintendo était considéré comme le seul véritable spécialiste de la console portable. C’est tout à fait vrai et ça le reste encore, tous les Sony de la Terre ne pouvant rien y faire. Mais il y a quelques mois, un nouveau challenger a débarqué avec un produit lourd, encombrant, doté d’une faible autonomie… et pourtant génial. Oui, Valve, c’est à toi que je m’adresse : avec le Steam Deck, tu es parvenu à me proposer la console portable idéale.
Avant de dérouler des arguments que je sais être imparables, bien que totalement subjectifs, laissez-moi vous dresser mon portrait de joueur. Depuis le début des années 90, je suis fermement attaché au PC, ayant grandi avec des Pentium, des 3dfx, des Doom et des Baldur’s Gate dans mon salon ou dans ma chambre. Pour autant, j’ai toujours eu un gros faible pour les consoles portables. Elles m’ont toujours semblé être le complément idéal de mon micro-ordinateur, offrant des expériences différentes, à emmener partout. J’ai passé des milliers d’heures à jouer sur Nintendo DS/3DS, sur GBA, sur Game Boy et bien entendu sur Switch. Sur ce point, je le reconnais volontiers : Nintendo est imbattable.
Mais je n’avais jamais eu, jusqu’à présent, une machine nomade qui parvienne à faire le lien entre le monde PC et le monde console. Pourtant, la Switch y est presque parvenue, d’une certaine façon. Si on joue sur PC, on s’intéresse forcément, au moins un peu, aux jeux indépendants et ça tombe bien : la Switch est LA console idéale pour ça. C’est sur Switch que j’ai découvert - et adoré - Hollow Knight, c’est sur Switch que j’ai englouti 100 heures dans Dead Cells. J’en étais arrivé à un point où, lorsqu’un nouveau jeu indé qui m'intéressait arrivait sur PC, je préférais attendre son portage sur la portable de Nintendo, quitte à patienter un moment… Mais tout ça, c'est fini depuis que j’ai désormais un Steam Deck.
Le Steam Deck est la console à tout faire
On en arrive au cœur du sujet : la console portable de Valve et son incroyable polyvalence. Je ne vais pas m’étendre, ici, sur les qualités et les défauts techniques de la machine : pour ça, je vous invite à lire le test complet publié en février dernier. Sachez seulement que le suivi de Valve est exemplaire et que plein de choses se bonifient à coup de mise à jour. Le bruit de la ventilation, par exemple, se fait beaucoup plus discret depuis un récent patch salvateur et vous n’avez plus l’impression qu’un Boeing décolle dans votre salon lorsque vous lancez un AAA.
Non, ici, on va parler usages et, surtout, de l’usage que j’ai du Steam Deck. À première vue, et c’est comme ça que Valve le présente, le Steam Deck est fait pour jouer aux derniers hits PC dans de bonnes conditions. Et la promesse est globalement tenue : oui, c’est génial de voir tourner aussi bien Final Fantasy VII Remake , de continuer sa partie d’Elden Ring dans le métro ou de retrouver Lady Dimitrescu de Resident Evil Village sur un écran de 7 pouces. C’est génial et en même ce n’est pas vraiment pour cette raison que j’aime autant le Steam Deck. Ces jeux-là, je préfère les faire sur mon confortable écran 34 pouces ultrawide (même si Elden Ring reste bloqué en 16:9… mais c’est une autre histoire), afin d’en prendre plein la vue.
Pour moi, l'intérêt du Steam Deck tient en 4 mots : Backlog, jeux indés et émulations. On va donc dérouler point par point.
La console portable des boomers ?
Rappelons ici ce qu’on appelle le backlog sur PC : ce sont tous ces jeux que vous accumulez lors de divers soldes et que vous n’avez jamais eu le temps de lancer, ou si peu. Et bien pour moi, le Steam Deck est l’excuse parfaite pour découvrir ou redécouvrir ces titres qui datent un peu, mais pas trop : j’ai ainsi récemment fait pour de bon The Stanley Parable (dans sa version ultra deluxe), j’ai relancé Skyrim, Deus Ex Human Revolution et Fallout New Vegas, avec la bonne surprise de découvrir une impeccable compatibilité, quand bien même le label « parfait pour le Steam Deck » n’était pas apposé. Des titres vieux de 3 ou 4 ans sont ainsi pour la plupart parfaitement jouables, dans des versions autrement plus abouties que ses laborieux portages Switch (coucou The Witcher 3 et Doom Eternal)… et je n’ai pas à les racheter. Tout au long des explorations de mon backlog Steam, j’ai été très agréablement surpris par le nombre de jeux compatibles, même de manière non officielle.
Concernant les jeux indés, pas besoin de vous faire un dessin, j’en ai déjà parlé un peu plus haut lorsque j’évoquais la Switch. Mais pour prendre un exemple plus personnel, dans cette catégorie, j’adore les metroidvania et les rogue-lite, mais ce sont des genres qui, selon moi, s’adaptent beaucoup mieux à une console portable. Vous ne serez donc pas surpris par le fait que j’ai été récemment enchanté par Rogue Legacy 2 ou Souldiers et que je n’ai pas à les prendre sur Switch (sachant que le premier n’y est tout simplement pas disponible).
Enfin, pour l’émulation, j’ai conscience que l’on arrive ici dans une zone « grise » et ne comptez pas sur moi pour vous donner des adresses et des tutos. Mais sachez qu’il y a une communauté ultra-active, qui crée des « front end » particulièrement efficaces, à la façon de Recalbox sur PC (pour ne citer que l’exemple le plus connu). Des solutions clé en main qui s’intègrent parfaitement à Steam OS et qui permettent au Steam Deck de devenir la console portable ultime pour rejouer à des jeux 8 bits, 16 bits, 32 bits et même 64 bits. Voir Silent Hill 2 côtoyer Wind Waker et Streets of Rage 2, sur la même interface, ça fait quelque chose, croyez-moi.
Une "V1" perfectible, mais terriblement attachante
J’ai conscience que mon profil de joueur est un peu particulier : j’aime rejouer à d’anciens titres, j’aime picorer dans mon catalogue, je suis un vieux nostalgique… Mais j’aime croire que je ne suis pas le seul. C’est pour cela que le Steam Deck est, à l’heure actuelle, ma machine de jeu principale. Les possibilités sont tellement vastes, l’appareil est d’une polyvalence incroyable et ça ne peut que s’améliorer avec le temps. Dès que Valve permettra d’installer facilement Windows 11 en « dual boot » et que l’on pourra installer le Gamepass, Battlenet et l’Epic Game Store, les possibilités - déjà immenses - seront décuplées.
Pour autant, est-ce que je conseille d’acheter un Steam Deck dès maintenant sachant que, de toute façon, vous avez plusieurs mois d’attente pour le récupérer ? Difficile de répondre catégoriquement à cette question. Comme tout produit de première génération, ce Steam Deck là est largement perfectible : encombrant, doté d’un écran moyen, d’une autonomie limitée… Nul doute que la V2 sera bien meilleure. Mais pour le moment, cette V2 n’existe tout simplement pas, même si des rumeurs commencent à courir. Tout ce que je sais, c’est que, à l’heure actuelle, le Steam Deck me procure une immense satisfaction.