Le paiement sans contact via smartphone devient la norme et l’Union Européenne n’apprécie guère qu’Apple restreigne son utilisation par la concurrence sur les iPhone. Première salve de semonce pour l’UE, avant qu’elle n’agisse pour de bon.
Pourquoi l’UE en veut à Apple ?
Pour effectuer un paiement dans un magasin, on peut utiliser du cash ou une carte bancaire. La deuxième option peut se faire sans contact jusqu’à 50€, la carte devant être insérée dans le lecteur et le code rempli pour être validée.
Néanmoins il est également possible de payer via son smartphone, et cela est bien plus pratique. Plus besoin de sortir son portefeuille, et plus de limite de paiement car une méthode d'authentification est requise pour pouvoir payer (FaceID ou TouchID sur iPhone par exemple).
Pour que les informations bancaires soient transmises du smartphone au récepteur, on utilise la norme NFC (Near-Field Communication). Elle est présente dans tous les téléphones mobiles depuis plusieurs années.
Mais ! Apple autorise uniquement sa propre technologie, Apple Pay, à utiliser le NFC dans les iPhone. Apple Pay se configure dans l’application Wallet, préinstallée sur les iPhone où l’utilisateur peut enregistrer ses cartes bancaires, cartes de fidélité, billets de transport…
Or, il existe bien d’autres portefeuilles comme Google Pay ou Samsung Pay, qui ne peuvent donc pas bénéficier du NFC et se retrouvent absents de l’App Store, ne pouvant pas se mesurer à Apple Pay.
L’Union Européenne prévient Apple
Margrethe Vestager, vice-présidente de la Commission européenne, l’a confirmé sur Twitter :
Today we have send @Apple a statement of objections. We are concerned that @Apple may have illegally distorted competition in the market for mobile wallets on @Apple devices. Now @Apple can answer our concerns.
— Margrethe Vestager (@vestager) May 2, 2022
Aujourd’hui, nous avons envoyé à Apple une déclaration d’objections. Nous sommes inquiets qu’Apple ait illégalement décomposé le marché concurrent des portefeuilles mobiles sur les appareils Apple. À présent, Apple peut répondre à nos inquiétudes.
Petite précision : il s’agit bien d’une déclaration d’objection, signifiant que l’investigation n’est pas terminée et que ce n’est qu’un message de l’UE à l’encontre d’Apple pour les informer de leurs doutes concernant leur respect de la loi contre la concurrence déloyale.
On attend donc la réponse de Tim Cook, qui tournera probablement autour de la protection des données et de la simplicité d’utilisation.
Deux opinions divergent :
- Ceux qui pensent qu’Apple devrait ouvrir le NFC aux tiers, et leur permettre de proposer leur propre portefeuille. C’est une question de concurrence déloyale.
- Ceux qui pensent qu’Apple devrait être libre de proposer une expérience simple, grâce à une application préinstallée et un fonctionnement centralisé auxquels les banques ont confiance.
Ce n’est pas la première plainte de l’UE envers Apple. L’année dernière, elle avait relevé la position dominante de la firme de Cupertino vis-à-vis des plateformes de streaming musicales, qui sont forcées d’appliquer le système de paiement de l’App Store, qui prend 30% sur toutes les transactions.