Dans une ère où la taille des portefeuilles semble déterminer l’avenir au-delà même de la créativité, tous les regards sont tournés vers Sony et Microsoft qui se livrent un bras de fer coûteux et sans merci. Une guerre de contenus qui se prolongera par de futurs rachats encore mystérieux.
Le jeu du rachat et de la souris
Ces dernières années auront mis l’accent sur une drôle de politique d’élargissement dans l’industrie vidéoludique. Si absorber une entité adverse n’est pas nouveau dans le Dixième Art, la méthode a récemment pris une tournure autrement plus imposante avec l’investissement démesuré de Microsoft en la matière, prêt à lâcher de sommes considérables pour amortir une génération de Xbox One quelque peu douloureuse, et s’assurer un avenir serein.
Face à une telle adversité et une tirelire tout bonnement impossible à imiter, difficile pour Sony de rivaliser. L’exercice vaut tout de même le coup d’être tenté face la pression sidérante de son rival historique : malgré sa position de leader et une expertise sans pareille dans la création de jeux, la firme japonaise a des raisons (légitimes) de craindre l’oppression.
Si bien qu’elle réagit, dès maintenant. En épluchant un document financier publié en mai 2021, on peut s’apercevoir (ou se rappeler) que Sony s’est autorisé un budget d’environ 15,2 milliards d’euros, à investir dans l’acquisition d’entreprises et d’actions d’entreprises jusqu’en mars 2024. Dans le récent rapport économique du géant nippon, publié pas plus tard que le 2 février dernier, nous apprenons qu’environ 6,4 milliards d’euros de ce budget a déjà été dépensé… dont le rachat de Bungie pour la modique bagatelle de 3,14 milliards d’euros.
PayStation
Dans les faits, il reste donc à Sony (pas uniquement PlayStation, précisons-le) 8,8 milliards d’euros du budget initial à placer judicieusement les deux prochaines années. Presque neuf milliards de pièces, c’est une jolie quantité d'argent - néanmoins aucunement comparable avec les économies de Microsoft qui ne joue pas dans la même cour - mais qui laisse entrapercevoir de folles possibilités d’avenir.
Certains misent évidemment sur l’acquisition de “simples” studios de développement tandis que d’autres imaginent le constructeur passer à la vitesse supérieure, en mettant la main directement sur de véritables éditeurs. Pour beaucoup, assimiler Electronic Arts serait la meilleure façon de rétorquer au rachat d’Activision-Blizzard par Microsoft ; toutefois, force est de constater que le deal semble compromis puisque d’un côté, EA représente la folle somme de 33 milliards d’euros en simple capitalisation boursière et, de l’autre, l’éditeur s’est récemment exprimé sur sa volonté de racheter.. mais pas d’être racheté.
Si l’on s’en tient alors à la simple valeur en bourse des grands éditeurs du secteur tout en restant dans les capacités de Sony (et encore, un rachat peut se conclure par une énorme majoration, comme Activision-Blizzard qui s’est vendu 45% au-dessus de son prix en bourse), quelques possibilités sortent du lot : SEGA (3,1 milliards d’euros), Capcom (4,2 milliards d’euros), Square-Enix (4,9 milliards d’euros), Konami (5,2 milliards d’euros) ou, pourquoi pas, Ubisoft (7 milliards d’euros). S’imaginer en possession de franchises comme Sonic, Resident Evil, Final Fantasy, Silent Hill ou bien Assassin's Creed, voilà une idée qui pourrait attiser la curisosité des pontes de Sony.
Encore une fois, il s’agit aussi de prendre du recul en rappelant que ces quasi-neuf milliards d’investissement prévus ne concernent pas que le jeu vidéo : la compagnie nippone étant également présent dans le cinéma (et devant faire face à Disney, quand elle ne doit pas collaborer avec), la musique ou les nouvelles technologies, d’autres deals sont envisagés dans ces secteurs précis. Comme l’on dit : qui vivra paiera verra.