En 1993, des employés de Nintendo of America, agacés par les conditions trop restrictives du constructeur nippon, s’associent à des pontes du studio Manley & Associates pour fonder Lobotomy Software. L’entité, qui deviendra l’une des plus respectées sur la console de SEGA, la Saturn, va notamment se faire connaître avec un FPS (un doom-like comme on disait auparavant) se déroulant dans l’Égypte antique : Exhumed. Intitulé Powerslave aux États-Unis (rien à voir avec l’album d’Iron Maiden), ce dernier est sur le point de faire son comeback sur PlayStation 4, Xbox One, Switch et PC !
Avant de connaître la réussite avec Exhumed puis les adaptations console de Quake et Duke Nukem 3D, Lobotomy Software a marché dans la boue et c’est peu le dire. À leurs débuts, Brian McNeely, Dane Emerson, Scott Perras et Paul Lange s’installent dans l’appartement de ce dernier pour travailler. Ils amènent quelques ordinateurs et se mettent à bosser sur une démo, Joe Louis Boxing, calquée sur le célèbre Punch-Out!! de Nintendo. Malheureusement, le jeu ne trouve pas d’éditeur et la petite équipe doit se contenter de petits contrats « alimentaires » pour faire survivre le studio. Ils travaillent ainsi en collaboration avec Microsoft en réalisant des titres multimédia et même un jeu de flipper appelé Pigball. Au bout de deux ans d’efforts, et après avoir réussi à déménager dans des locaux à Redmond (près de Seattle et du siège de Microsoft), le studio embauche dix personnes et se met à plancher sur un projet à même de répondre aux ambitions des anciens employés de Nintendo et Manley & Associates.
LE PROJET FONDATEUR
C’est sous le nom Ruins que le futur Exhumed/Powerslave voit le jour. Il s’agit d’un FPS destiné au PC et se déroulant dans une Égypte antique teintée de mystères et de phénomènes paranormaux avec des créatures issues de la mythologie. Le joueur y incarne un individu qui pénètre dans des tombes, pyramides et autres temples pour mener à bien sa quête. Le pitch, très différent de ce qui existe à l’époque, intrigue certains éditeurs qui voient en cette jeune équipe un vrai potentiel. Un contrat est signé avec Playmates pour les États-Unis et BMG Interactive pour l’Europe, mais les développeurs doivent désormais se pencher sur les consoles PlayStation et Saturn. Et c’est justement en s’intéressant à cette dernière que Lobotomy Software s’aperçoit qu’il y a un manque flagrant de FPS dans son catalogue.
Véritable petit génie de la programmation, Ezra Dreisbach se rend compte que la plupart des jeux en couloirs de la Saturn sont basés sur le moteur 3D du titre Robotica. Loin d’être un exemple sur le plan technique, le jeu apparaît comme un boulet que se traînent certains productions Saturn et l’Américain est bien décidé à changer les choses. Il estime que les développeurs tiers qui travaillent sur Saturn ne font pas les efforts nécessaires pour tirer le meilleur de la console. S’il conçoit que l’architecture de la machine et sa philosophie sont une usine à gaz très complexe, il se dit qu’il y a quelque chose à faire de cet appareil. Et c’est peu dire qu’ils vont accomplir un prodige.
Nous avons regardé beaucoup de documentaires égyptiens sur le grand écran de notre salle de pause, puis étudié plusieurs livres sur le sujet. Pour atteindre une réelle authenticité, de nombreuses réunions ont eu lieu, mais il arrivait aussi souvent que l'on travaille chez nous, afin de nous imprégner de l'ambiance égyptienne. En ce qui concerne le gameplay, c'est venu naturellement grâce à l'expérience de chacun des membres de l'équipe.
SURPASSER LES LIMITES
Lobotomy Software parvient, à l’aide d’outils-maison, à donner vie à un jeu doté d’une ambiance très immersive. Techniquement impressionnant par rapport à certains jeux de la Saturn, il devient la preuve que la console de SEGA peut réaliser des effets de lumière dignes de la PlayStation… à condition de faire des efforts. Renommé Exhumed / PowerSlave, le FPS inspirera un certain Loaded et deviendra un classique de la génération 32-bits. Pour répondre à l’architecture de la PlayStation (car il est aussi disponible sur la machine de Sony), les niveaux ont été remaniés et certaines concessions ont été faites car l’animation souffrait de ralentissements. Sur le papier, la Saturn est moins puissante que la PlayStation, mais elle peut être modelée (en détourant le processeur sonore par exemple) pour obtenir de meilleures performances sur certains types de jeux. C’est ce qui s’est passé avec Exhumed.
Et si l’on vous parle de tout ça aujourd’hui, c’est parce qu’Exhumed / Powerslave (ou encore Seireki 1999 : Pharaoh no Fukkatsu) s’apprête à revenir sur toutes les machines du moment. Dès le 10 février prochain, tous les fans de l’œuvre originale et les curieux pourront acquérir le remaster PowerSlave Exhumed (notez le jeu de mots) sur PlayStation 4/5, Xbox One/Series, Switch et PC (plate-formes Steam et GOG). Reposant sur le moteur KEX Engine, ce portage combinera les versions Saturn et PlayStation et ajoutera bon nombre de fonctionnalités visuelles pour apporter fluidité, rendu HD et effets spéciaux modernisés. En clair, ça s’annonce prometteur et on regardera ça de près !