Avec plus de 13 millions d'exemplaires écoulés dans le monde, dont 10 millions sur PlayStation, Final Fantasy VII est l'un des titres iconiques de la première console de Sony, l'épisode le plus vendu de la saga de Square Enix (Final Fantasy XIV étant le jeu le plus rentable de la licence), mais aussi tout simplement l'un des jeux les plus cultes qu'il soit. Alors que le titre est sorti il y a pile vingt-cinq ans, soit le 31 janvier 1997 au Japon, retour sur les origines de ce monument, ainsi que sur sa postérité qui est toujours d'actualité aujourd'hui.

Un développement faramineux

En toute logique, c'est après la sortie de Final Fantasy VI en 1994 que débute dans la foulée la production de Final Fantasy VII. Au départ, Hironobu Sakaguchi, le "papa" de la franchise qui occupe alors le rôle de producteur, voulait une histoire policière avec un détective au sang chaud du nom de Détective Joe qui partirait à la recherche des criminels qui ont fait exploser une partie de Midgar. Si ces prémices ne furent pas conservées dans le jeu original, on retrouve l'idée de bombes à Midgar puisque l'objectif d'Avalanche est de faire sauter les réacteurs Mako. Une autre idée serait venue de Tetsuya Takahashi (qui avait déjà travaillé sur les graphismes des Final Fantasy sur SNES et qui partira ensuite travailler sur les Xenosaga et Xenoblade ) et de Kaori Tanaka, mais la proposition n'aurait pas été retenue car jugée trop sombre et trop compliquée par Squaresoft. Le projet sera tout de même conservé puisqu'il deviendra plus tard Xenogears. D'ailleurs, on peut voir un clin d'oeil dans FFVII puisque Cloud prononce le titre du jeu lorsqu'il est affaibli suite aux révélations de Sephiroth.

Malheureusement, la production de FFVII est mise en pause pendant quelque temps afin que les équipes de Squaresoft puissent se focaliser sur un autre titre majeur, l'un des joyaux du RPG sur Super NES : Chrono Trigger. Une fois le jeu sorti en 1995, les développeurs peuvent enfin se consacrer entièrement à la mise en chantier du nouvel épisode de Final Fantasy. Si au départ la Super NES était envisagée pour accueillir le jeu, les choses vont changer avec la présentation de la démo technique Final Fantasy VI: The Interactive CG Game lors du SIGGRAPH de 1995, l'une des plus grandes conventions américaines dédiées aux images de synthèse. On y voyait pour la première fois des modèles 3D de personnages de Final Fantasy VI (Terra, Locke et Shadow) combattre différents types d'ennemis avec des angles de caméra dynamiques pendant 5 minutes.

Suite à la diffusion de cette démo, de nombreux joueurs ont cru qu'il s'agissait des images du prochain Final Fantasy prévu sur Nintendo 64 puisque jusque-là, tous les épisodes étaient sortis sur console Nintendo. Cependant, pour les équipes de développement, il était évident que seul le format CD-ROM serait capable d'offrir un tel rendu sur consoles de salon. Or, puisque la Nintendo 64 utilise le support cartouches, Squaresoft prit la décision de développer Final Fantasy VII sur la PlayStation de Sony, à la fois pour des questions de stockages comme le fait d'étaler le contenu du jeu sur plusieurs CD-ROM qui coûtent moins chers à produire mais aussi des contraintes technologiques. Une décision qui mit fin à l'exclusivité des jeux Final Fantasy sur consoles Nintendo qui aura finalement duré moins d'une décennie, entre la sortie du premier Final Fantasy sur Famicom en 1987 et celle de Final Fantasy VII en 1997 sur PS1.

Pour offrir un rendu similaire à cette démo technique, Squaresoft octroie les moyens à la hauteur de son ambition. Avec approximativement 120 artistes et programmeurs, ainsi qu'un budget de production de 45 millions de dollars, Final Fantasy VII est à l'époque le jeu le plus cher de l'histoire avec la plus grande équipe de développement jamais réunie pour un jeu vidéo. Des chiffres d'autant plus impressionnants lorsqu'on prend en compte le budget marketing du jeu estimé à 100 millions de dollars. Il fallait au moins ça a l'époque pour pouvoir utiliser des logiciels tels que PowerAnimator et Softimage|3D qui permettent de proposer des graphismes en 3D.

Finalement, c'est le 31 janvier 1997 que le titre sort PlayStation au Japon, puis le 7 septembre aux Etats-Unis et le 2 octobre dans le reste du monde, ce qui fait de Final Fantasy VII le premier épisode de la franchise à sortir en Europe. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que Squaresoft aura vu son investissement remboursé. Au-delà d'un succès critique, le titre rencontre un succès commercial avec 2 millions d'exemplaires vendus 3 jours au Japon, tandis que le titre se vendra au total à plus de 10 millions d'exemplaires sur PlayStation, ce qui en fait le deuxième jeu le plus vendu de la console derrière Gran Turismo.

Quelques croquis préparatoires de Final Fantasy VII

Un titre culte dans tous ses aspects

Pour comprendre le succès retentissant de Final Fantasy VII, il est important de se remettre dans le contexte de l'époque. Si FFVII a été une telle claque pour de nombreux joueurs, c'est tout d'abord par ses cinématiques en images synthèses (ou FMV, Full Motion Video) qui étaient alors plus qu'impressionnantes, en particulier son introduction qui posait les choses d'entrée de jeu. Mais loin de ne mettre des étoiles dans les yeux que durant les cinématiques, les combats étaient l'autre aspect visuellement marquant du titre. Contrairement aux phases d'exploration qui utilisent des décors précalculés, les affrontements présentaient des modèles 3D plus détaillés, mais surtout des angles de caméra qui dynamisent l'action. C'est particulièrement le cas lors des invocations bluffantes par la qualité de leurs animations.

Au-delà de son aspect visuel, c'est bien l'expérience de jeu en elle-même qui reste mémorable, à commencer par son histoire remplie de rebondissements. Entre son introduction, la découverte de Midgar, le destin d'Aerith, les révélations sur le passé de Cloud ou encore l'affrontement final contre Sephiroth, Final Fantasy VII est un jeu rempli de moments cultes que nous ne détaillerons pas pour ne pas gâcher la découverte de ce qui ont découvert le titre grâce au remake. Pour ne rien dévoiler, on pourrait presque dire que le moment le plus iconique du titre est au jeu vidéo ce que le "Je suis ton père" de Star Wars est au cinéma, à savoir une incroyable révélation devenue si culte que tout le monde la connaît, même ceux qui ne connaissent pas l'oeuvre d'origine. Si ces instants sont aussi marquants, c'est aussi grâce aux morceaux de Nobuo Uematsu, compositeur historique de la série, qui signent ici une bande-son grandiose. Que ce soit les thèmes des personnages, la musique d'introduction, Bombing Mission, ou encore One-Winged Angel, qui est le premier morceau de la série à comporter des voix, il y a du choix.

Mais si ce scénario est aussi efficace, c'est aussi grâce à l'univers mis en place qui s'éloigne de la fantaisie et du steampunk de Final Fantasy VI pour nous présenter un monde contemporain beaucoup plus proche du nôtre avec comme toile de fond l'écologie. On retrouve même des thématiques proches du cyberpunk avec la Shinra dans le rôle de la mégacorporation qui contrôle le monde. L'histoire est d'autant plus agréable à suivre qu'elle met en scène des personnages particulièrement marquants. Cela s'explique d'abord par leurs designs plus que réussis qui révélera le character designer Tetsuya Nomura qui ne cessera à partir de là de prendre plus en plus d'importance au sein de Squaresoft, puis Square Enix. Entre les cheveux blonds et piquants de Cloud et son épée géante, la Buster Sword, la grande élégance de Sephiroth et son immense katana, Masamune, ou encore l'apparence de vampire de Vincent Valentine, on peut dire que Final Fantasy VII profite de personnages aux designs iconiques. Mais au-delà de leur apparence, ces personnages profitent d'un aspect psychologique poussé qui permet de comprendre aussi bien leurs motivations que leurs peurs, ainsi que les liens qui les unissent.

Enfin, impossible de parler de Final Fantasy VII sans évoquer le système de matérias qui offre une grande profondeur aux affrontements du jeu. Sortes de petites perles que l'on peut placer dans des équipements, les matérias permettent à vos personnages d'utiliser aussi bien la magie que de faire appel à des invocations ou encore utiliser de nouvelles compétences. Grâce à elles, il est possible de donner les capacités que l'on souhaite à ses compagnons et créer son équipe idéale. Bien évidemment, certains personnages sont plus spécialisés dans une fonction particulière, comme Aerith qui est meilleure pour soigner ses coéquipiers. L'autre élément majeur des combats de FFVII, ce sont bien sûr les Limit Breaks, sorte d'évolution des Desperation Attacks de Final Fantasy VI. Dans les faits, il s'agit d'attaque puissante et visuellement impressionnante que l'on peut déclencher une fois la jauge de Limit pleine, jauge qui se remplit en subissant des attaques. La plupart des personnages jouables disposent de quatre Limit Breaks aux effets différents, mais qui bénéficient toujours d'animations impressionnantes.

Un univers étendu : Compilation of Final Fantasy VII

Face à ce succès colossal, Squaresoft a bien évidemment entamé dans la foulée la production d'un nouveau jeu de la série principale avec Final Fantasy VIII. L'occasion de rappeler pour ceux qui ne sont pas familiers avec la franchise que Final Fantasy est une série d'anthologie, c'est-à-dire que chaque épisode numéroté se déroule dans son propre univers distinct des autres. Ainsi, Final Fantasy VIII n'est donc pas la suite de Final Fantasy VII. Pourtant, le titre a bien connu des jeux qui se déroulent dans le même univers, avant ou après les événements du jeu original, et qui sont tous regroupés au sein d'une nouvelle sous-franchise appelée Compilation of Final Fantasy VII.

Officiellement, cette compilation comporte quatre oeuvres principales, dont trois jeux et un film. La première est un jeu mobile lancé en 2004 du nom de Before Crisis -Final Fantasy VII- et qui se déroule six ans avant les événements du jeu original. On y suit les aventures d'un groupe de Turks, des agents qui travaillent pour le compte de la Shinra, dans leur lutte contre le groupe terroriste AVALANCHE, alors bien différente de l'organisation menée par Barett. Malheureusement, le titre n'est jamais sorti en dehors du Japon à cause des limitations techniques des portables de l'époque. L'année suivante fut marquée par la sortie de Final Fantasy VII : Advent Children, un film en images de synthèse qui se déroule deux ans après FFVII. On y retrouve Cloud et sa bande dans un film d'action qui se termine en apothéose par un combat contre Sephiroth.

En 2006, on a ensuite droit à un nouveau jeu se déroulant un an après les événements de Advent Children : Dirge of Cerberus : Final Fantasy VII sur PS2. Un projet assez unique puisqu'il s'agit du seul TPS dans la franchise Final Fantasy, si on excepte le gameplay de Prompto dans Final Fantasy XV. Le joueur y incarne Vincent Valentine qui doit faire face à un groupe de SOLDAT appelé Deepground qui serait lié à son passé. Enfin, le dernier jeu de la compilation et sûrement le plus ambitieux n'est autre que Crisis Core : Final Fantasy VII sorti sur PSP en 2007 pour les 10 ans de FFVII. On y suit les aventures de Zack Fair, personnage mystérieux mais important de l'intrigue du jeu original par les liens qu'il entretient avec Cloud. Ce préquel de FFVII prend la forme d'un Action-RPG efficace qui fait du titre l'une des meilleures exclusivités de la console portable de Sony.

Enfin, terminons ce petit tour d'horizon de la Compilation of Final Fantasy VII par citer d'autres produits dérivés moins importants comme les jeux mobiles Final Fantasy VII : Snowboarding et Final Fantasy VII G-Bike qui reprennent des mini-jeux que l'on retrouvait dans le jeu original. On peut aussi évoquer l'OAV Last Order -Final Fantasy VII-, un anime non-canon de 25 minutes qui représentent l'incident de Nibelheim. Enfin, terminons par parler de On the Way to a Smile, un recueil de nouvelles écrit par Kazushige Nojima, scénariste du jeu original, qui se déroulent entre FFVII et Advent Children et qui s'intéressent à des visages bien connus de cet univers.

Un rêve devenu réalité : Final Fantasy VII Remake

En parallèle de la sortie des différentes oeuvres de la Compilation of Final Fantasy VII, Final Fantasy VII est aussi revenu sur le devant de la scène médiatique d'une façon quelque peu inattendue au milieu des années 2000. Le 16 mai 2005, Sony présente pour la première fois à l'E3 sa nouvelle console, la PS3. Parmi les différentes vidéos présentées, il y en a une qui va particulièrement les esprits. Pour présenter les capacités de cette nouvelle machine, Square Enix propose un trailer qui reproduit l'introduction de FFVII dans des graphismes HD. Mais alors qu'il ne s'agissait que d'une démo technique, cette dernière fit germer dans l'esprit des fans qu'un remake de Final Fantasy VII était de l'ordre du possible.

Dès lors, la question d'un remake de FFVII devenait une question récurrente chez les fans, une question qui devenait de plus en plus pressante. Mais à mesure que les années passent et que la PS3 cédait sa place à la PS4, l'espoir se faisait de plus en plus faible. C'était sans compter l'E3 2015 et la conférence d'anthologie Sony par son avalanche d'annonces. Après Horizon : Zero Dawn, The Last Guardian et Shenmue III, la grande surprise fut l'officiliation de Final Fantasy VII Remake sur PS4, presque dix ans après la présentation de cette démo technique. Un projet qui dès son annonce soulève de nombreuses questions, notamment en ce qui concerne son contenu. En effet, le FFVII original proposait un monde immense sur PS1 qu'il serait difficile de reproduire vingt ans plus tard à cause du temps de développement et des coûts de production qui ont augmenté à mesure que les graphismes devenaient de plus en plus réalistes.

Finalement, Square Enix prit une décision radicale : Final Fantasy VII Remake sera découpé en plusieurs parties pour couvrir toute l'histoire du jeu original. Ainsi, le titre sort le 10 avril 2020 sur PS4 (en plein de confinement) et c'est un nouveau succès puisque l'éditeur annonce en août que plus de 5 millions d'exemplaires ont été vendus rien qu'en numérique. Dans cette réinterprétation de FFVII qui couvre toute l'aventure à Midgar, soit une partie du CD1, on retrouve un gameplay modernisé, qui reprend des éléments de Final Fantasy XIII et Final Fantasy XV, tout en reprenant des éléments du matériau de base comme le système de matéria. Côté histoire, le titre reprend les événements du jeu original dans les grandes lignes tout en introduisant de nouveaux éléments. Mais l'aspect le plus bluffant du jeu reste ses graphismes qui donnent un nouveau souffle à ces environnements bien connus, ainsi qu'à ces personnages toujours plus réalistes. Plus récemment, le titre est ressorti sur PS5 et sur PC, dans une édition appelée Intergrade qui ajoute le DLC INTERmission dans lequel on suit les aventures de Yuffie, la ninja du groupe.

Quel avenir pour Final Fantasy VII ?

Pour la série principale Final Fantasy, les sorties s'enchainent au fil des années avec la sortie récente de Final Fantasy XIV : Endwalker, dernière extension en date du deuxième MMORPG de la franchise, tandis qu'on attend toujours des nouvelles du prochain jeu numéroté, Final Fantasy XVI. Mais à côté, des jeux qui s'inscrivent dans l'univers de Final Fantasy VII continuent régulièrement de sortir. Dernièrement, on a eu droit en novembre 2021 à Final Fantasy VII : The First Soldier, un battle royale sur mobile, qui, derrière cette rencontre des genres qui peut paraître étrange de prime bord, propose une expérience agréable.

Mais ce n'est pas tout, car Final Fantasy VII fera de nouveau parler de lui en 2022 avec Final Fantasy VII : Ever Crisis. Derrière ce titre se cache en réalité un nouveau jeu mobile plus proche de l'essence de la série que First Soldier puisqu'il s'agira d'un RPG free-to-play divisé en plusieurs chapitres qui a pour ambition de couvrir les événements de tous les titres de la Compilation of Final Fantasy VII. Un travail de taille donc dont on sait encore peu de choses, si ce n'est que les différents chapitres du jeu seront jouables gratuitement, mais que les loot boxes permettront de débloquer des armes et des tenues. Par exemple, Tetsuya Nomura a annoncé que l'histoire originale de Final Fantasy VII se fera en 10 chapitres. Enfin, les combats semblent prendre la forme de combats au tour par tour dans des graphismes qui rappellent ceux de Final Fantasy VII : Remake.

Vingt-cinq ans après sa sortie, Final Fantasy VII est un titre qui fascine toujours autant. En plus d'avoir été une claque visuelle à sa sortie, son univers, son histoire et ses personnages conservent une place précieuse dans le coeur de nombreux fans. Désormais, il ne reste plus qu'à attendre de nouvelles informations concernant la seconde partie du remake pour découvrir quelle forme prendront ces nouvelles aventures de Cloud et ses amis.

Acheter Final Fantasy VII Remake sur Amazon