Une paix fragile

A la fin de Matrix Revolutions, Neo élimine l’agent Smith. Par son sacrifice, l'Élu obtient des machines un accord de paix avec les humains avec pour mot d’ordre le libre arbitre. Tout humain désireux de quitter la simulation informatique est libéré sans condition. Matrix Resurrections se déroule plusieurs décennies après cet événement, et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette vision idyllique de la paix ne fut qu’un doux rêve éveillé.

La pénurie d’énergie qui découle de cette paix provoque une guerre civile entre les machines. De ce conflit émerge une nouvelle faction… les Synthients dont la conscience peut se matérialiser dans le monde réel sous la forme de voxels. Ces machines, qui se sont libérées du joug de la Matrice, vivent en harmonie avec les humains et collaborent avec eux afin de préserver la vie sous toutes ses formes, aussi bien organiques que mécaniques.

Cette union donne naissance à la cité de Io dirigée par la générale Niobe où cohabitent humains et machines. Quid de la ville de Zion, dernier bastion 100% humain ? Autrefois guidé par le légendaire Morpheus devenu Grand Maître de la cité souterraine, ce reliquat d’une vision de l’avenir tournée vers la guerre n’est plus qu'un lointain souvenir tombé dans l'oubli.

La nouvelle Matrice

Pour compenser cette perte d’énergie, les concepteurs de la Matrice changent les règles du jeu. Les programmes jugés déviants ou obsolètes sont purgés. La Matrice est intégralement repensée pour contrecarrer cette notion de libre arbitre promise aux humains. L’Analyste interprété par Neil Patrick Harris prend les commandes, et conçoit une Matrice bien plus pernicieuse.

Cette dernière joue avec les conditions de paix. Là où le contrôle et la perfection mathématique régnaient en maître, exception faite de l'Élu, les sentiments sont désormais les piliers de cette nouvelle simulation informatique. L’absence de la couleur verte autrefois omniprésente dans la Matrice est révélatrice d’un changement de cadre. Le contrôle absolu symbolisé par un filtre verdâtre laisse place à la peur et au désir, des sentiments évoqués par les tonalités bleues et jaunes. Les humains sont alors enchaînés à leur propre volonté.

En manipulant les consciences, la Matrice tourne à plein régime, et même mieux que celle bâtie par l’Architecte. La production énergétique explose tandis que 99% des êtres humains restent branchés, addicts qu’ils sont à leurs propres sentiments. Toutefois, cette nouvelle itération repose sur deux êtres supposés morts, deux piliers, mûs par la peur et le désir, mais surtout liés à jamais… Neo et Trinity.

Neo est en vie

Neo a été ressuscité par les machines, et ce n'est pas qu’un simple programme informatique, une conscience faite de 0 et 1, voire même un Synthient. C’est un être fait de chair et de sang branché à la Matrice. Thomas Anderson subit littéralement sa vie et peine à distinguer la fiction de la réalité entre deux séances de psychanalystes suite à une tentative de suicide. Les pilules bleues couplées à une dépendance aux sentiments le maintiennent dans un état de stase conscient.

Dans le cas de Neo, seule Trinity a le pouvoir de le contenir, de distiller suffisamment de sa présence pour conserver un contrôle total sur celui qui fut autrefois The One. Vous l’aurez compris. Trinity est également en vie, ressuscitée au même titre que neo par l’Analyste. Néanmoins, le duo ne peut être véritablement réuni sous peine de détruire la Matrice. L’Analyste a essayé par le passé… en vain. Le seul moyen de préserver le statu quo est de maintenir Neo et Trinity à une distance raisonnable l’un de l’autre. Ni trop près, ni trop loin. L’Analyste va échouer. De cet échec va émerger deux élus… Neo et Trinity.

Matrix - le jeu vidéo

L’Analyste va jusqu’à pervertir l’Histoire et la transformer en pur divertissement. Neo est devenu concepteur de jeux vidéo dans cette nouvelle simulation, et l’épopée de l'Élu une trilogie vidéoludique. Matrix sorti en 1999 dans la diégèse de la Matrice est un carton absolu qui a engendré deux suites. Face à la récente perte de repaires de Thomas Anderson, Warner Bros. commande, toujours dans cet univers virtuel, une suite à la première trilogie.

Matrix, la saga cinématographique, se tranforme ici en un simple produit, et la vie de Neo en un divertissement grand public. Chacun y va de son commentaire sur ce qui définit Matrix pour au final faire rentrer le mythe de l'Élu dans des cases prédéfinies. Matrix Resurrections s’interroge sur sa propre existence, sur sa raison d’être, et intègre cette réflexion au scénario en tissant un lien entre Neo et ses concepteurs, entre la simulation, sa réalité et notre réalité.

Morpheus-101

Neo - Trinity - Morpheus, telle est la sainte trinité de la saga Matrix. Le prophète est de retour dans une version qui risque de vous surprendre. Le vrai Morpheus est mort de sa belle mort il y a plusieurs années. Morpheus version Resurrections est en réalité un conscience artificielle créée par Thomas Anderson, un combo anti-programmation fusionnant habilement des lignes de code de l’agent Smith et du Morpheus d’antan.

Morpheus est à l’origine un programme enfermé dans une simulation appelée Modal - un simulateur-programmateur - et plus précisément le Modal-101 en référence au numéro d’appartement de Neo dans Matrix. Une fois libéré de sa prison virtuelle, celui qui fut et sera le guide de l'Élu prend contact avec ce dernier, et lui offre le même non-choix… celui de la pilule rouge.

Matrix Resurrections sort au cinéma en France le 22 décembre 2021.

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